𝒜𝓁𝓁𝑜𝓌 𝓂𝑒 | taekook

𝐸𝒾𝑔𝒽𝓉

Séoul, 17 novembre, 18h02.

La bibliothèque est presque vide, les chaises de désemplissent avec les heures qui défilent. Le bruit environnement se calme petit à petit, les bruits de pas se fanent et les chuchotements cessent. Mon esprit peut enfin cesser de faire des allers retours entre ces pauvres pages que j'essaie désespérément de lire et les conversations inintéressantes que mes oreilles captent contre mon gré.

Le sujet de mes révisions du jour, c'est la biochimie. Ce n'est pas mon module favori et en réalité, ça ne m'intéresse même absolument pas. C'est abstrait et dénué de tout sens, les chiffres et les lettres se mélangent dans une danse ridicule. Pourtant, c'est simple, la compréhension ne demande pas un niveau exceptionnel. J'ai l'habitude de ça, je ne fais pas dans la médiocrité. Les choses simples, ça m'ennuie.

La techno résonne toujours dans mes oreilles, j'ai reçu une notification m'avertissant du volume trop élevé du son, à l'instant, je l'ignore, et les basses continuent de faire trembler mes tympans. Mon pied droit bouge en rythme contre la table en fer, à une fréquence de disons, 120bpm ? Quelle étrange mélodie pour se concentrer, ou plutôt, pour se couper du monde. Mes boucles brunes retombent sur mon front, je secoue la tête de temps en temps pour essayer de dégager mon champ de vision. J'attrape une mèche qui me gêne et tire dessus, je devrais songer à les couper, mes cheveux.

Le temps passe relativement vite, bien que je ne m'amuse pas forcément. La doyenne rode dans la bibliothèque pour faire sortir ceux qui ne sont pas là pour travailler, je sens son regard impitoyable sur mon dos tout autant que son odeur de renfermé. Elle ne me dérange jamais, cependant.

Je lâche soudainement un soupire que je ne pensais même pas contenir, mes membres se raidissent et je m'adosse à la chaise lorsque tout mon corps s'étire, ma bouche s'ouvre à nouveau pour laisse s'y glisser un bâillement, signe évident de ma fatigue autant physique que psychologique. Je laisse échapper le temps d'un court instant d'étirement, toute la tension retenue prisonnière dans mon corps plus faible qu'à l'accoutumé.

J'ai ralenti sur la drogue, depuis quelques jours. Depuis ma première séance avec Taehyung, en fait. Mes nuits sont agitées, je dors mal, et peu, je fais énormément de cauchemars. La journée, mes jambes tremblent et parfois mon cerveau semble se bloquer et empêcher toute information de rentrer, ça inquiète Jimin, lorsque je ne lui réponds plus pendant quelques instants alors qu'il me raconte ses ébats de la veille avec son nouvel ami. Ce soir, je la ressens vraiment, cette fatigue. Mon corps est mis à rude épreuve, et mon moral aussi. J'ai envie d'aller fouiller au fond de mon sac retrouver une de ces foutue pilules pour me mettre en off le temps d'une soirée, putain oui ce que j'en ai envie.Mais j'ai pour habitude d'éviter de prendre quoi que ce soit lorsqu'il s'agit de travailler en groupe. Que ma consommation affecte ma réussite, c'est une chose, mais hors de question de gâcher le travail de quelqu'un d'autre. Taehyung à l'air acharné, nous nous sommes revus quelques fois, dans son atelier. Depuis, nous ne sommes toujours pas rentrés dans le vif du sujet, il ne m'a toujours pas demandé d'ôter plus que mes chaussures, et n'a pas une seule fois poser son pinceau sur sa toile. Il se contente de me demander de poser et de lui présenter plusieurs angles, et ce durant de nombreuses heures. Étrangement, j'ai hâte de passer à la vitesse supérieure. Je voudrais qu'il me prenne au sérieux, qu'il comprenne que j'ai du potentiel ou tout du moins, les capacités et la motivation d'être son modèle.

Je découvre une façade totalement différente de lui. À l'extérieur, comme lors de cette première rencontre chez Jimin, Taehyung est relativement solaire, bien que calme. Il impose directement sa présence dans une pièce et englobe chaque personne sur laquelle il pose son regard dans une bulle de chaleur oppressante et pourtant addictive. Tout du moins, c'est ce que je ressens lorsqu'il me regarde, moi. J'angoisse lorsque j'ai son regard inquisiteur sur moi, pourtant, je ne veux pas qu'il le détourne.