Chapitre 6

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Chapitre 6 :

Zéfirin :

Ma mère m'attendait juste dans l'entrée.

-  Mais qu'est-ce que tu faisais dehors, s'écria-t-elle quand elle me vit enfin arriver.

- J'étais juste allé courir près de la plage, lui répondis-je.

- Tu as fait un malaise ce matin,  et tu ne trouves rien de mieux à faire que du sport ! Tu es complètement malade, tu veux mourir ou quoi  ?

Je ne répondis rien, je n’avais pas la force de m’expliquer, et je ne me comprenais plus vraiment… Je partis dans ma chambre. Je pris une douche,  me mis en pyjama et allai me coucher. Cette nuit-là,  je ne dormis pas non plus.

Quelques jours avaient passés.  J'allais reprendre l'école,  j'avais instauré une sorte de routine.  Je ne dormais presque pas,  depuis quasiment une semaine.  Le jour où je devais reprendre l'école arriva,  mon uniforme était prêt,  repassé et bien lavé.  Je l'enfilai.  J'étais anxieux. Ça ne me changeait pas vraiment des derniers jours, mais cette fois-ci ce n'était pas à cause des cauchemars, mais bien à cause du lycée.
Ma mère avait pris sa journée pour pouvoir m'y emmener.

Arrivé devant le lycée, j'hésitais quelques minutes avant de sortir de la voiture. Ma mère m'encouragea du regard et me laissa partir, je m'engouffrai dans les couloirs du grand bâtiment en pierre et me dirigeai vers mon casier.
J'avais la désagréable impression que tout le monde me regardait et arrêtait de parler sur mon passage. Je récupérai mes manuels pour la journée, et filai rapidement dans ma salle de cours. J'étais complètement à plat, vidé, crevé, tout ce que vous voulez. J'étais exténué. Moi qui était habituellement déjà un élève relativement discret en cours, c'était pire, je ne disais plus rien, je ne levais pas la main, je ne faisais strictement rien. Tout le monde l'avait remarqué, les professeurs, mes camarades… Tous.
Certains avaient osé venir me parler, me dire qu'ils me soutenaient. Malgré tout, il y avait un malaise entre eux et moi.

Le midi, je pris un petit peu de pâtes avec de la viande. J'avais tout mangé, lentement, mais j'avais mangé, et l'habituelle envie de vomir n'était pas venue, j'étais heureux. C'était mon premier vrai repas depuis des jours.

La sonnerie sonna, j'allai en cours de dessin ; enfin une chose avec laquelle j'arrive à m'exprimer vraiment sans devoir me transformer pour être dans le cadre. Dans la salle, des chevalets étaient en rang, un tabouret se trouvait juste à côté de chacun des chevalets en bois.

Je m'assis à ma place. Je sortis de mon sac mes crayons de papier, mes estampes et tout mon matériel. Je me levai pour aller chercher une feuille A3, je préférais dessiner en grand. Quelqu'un me bouscula dans l'attroupement formé devant la réserve. Un coup de coude dans l'estomac, je faillis régurgiter. J'attrapai ma feuille et retournai à ma place en me tenant le ventre.

La sensation de mal être était arrivée, elle s'était installée dans ma gorge pour former une boule désagréable à sa base.
Notre professeur nous disait que c'était un de ces cours où l'on doit simplement laisser parler notre cœur sans réfléchir. J'attrapai un de mes crayons et m'installai, avec ma grande feuille dans la main, sur une table. Je m'assis sur la chaise, me saisit de mon casque bluetooth, mis ma playlist spéciale "se vider la tête" et me mis à dessiner, sans réfléchir.

L'avantage de ces cours, où on ne doit pas réfléchir, c'est qu'on a le droit de faire ce que l'on veut, s'étaler par terre, prendre un chewing gum, prendre son téléphone, écouter de la musique. Tout ça dans le respect des autres, du moment que ça nous permettait de nous vider la tête.

Mes traits étaient éparpillés sur la feuille, parfois ils dépassaient de la surface et allaient sur la table où je m’étais installé, parfois ils se croisaient, parfois ils formaient des contours.

Trois Ames, Une Destinée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant