Trois Ames, Une Destinée

Chapitre 5

Chapitre 5 :

Zéphirin :

Ma mère pouvait se montrer très irritante parfois, et cette fois-là, bien plus que toutes les autres ! Pourquoi ? Parce qu’il y avait une fille bien sûr !
On arriva dans la cour bétonnée de notre maison, suivis de près par le pick-up vert de mon paternel. Nous sortîmes en même temps de nos voitures et pendant que mes parents allaient ouvrir la maison, j'allais récupérer mes bagages dans le coffre de la vieille voiture de ma mère et je les rejoignis dans le salon qui faisait aussi office d'entrée.
Je montais directement dans ma chambre pour défaire le gros sac que j'avais dans les mains. J'entendais ma mère et mon père discuter comme un couple "normal", je levai intérieurement les yeux aux ciel et fermai la porte de ma chambre comme pour m'enfermer dans un autre monde, un autre chez-moi que j'avais imaginé inconsciemment de toute pièce. Je posais le gros sac sur mon lit et avant de faire quoi que ce soit, j'attrapai mon casque Bluetooth et mon téléphone pour mettre de la musique. Je lançai ma playlist "Neverland", la première musique qui se lança me paraissait tellement appropriée à la situation que je me demandai si ce n'était pas fait exprès.

Je commençais à vider mon sac et à ranger mes affaires correctement, et comme un automate je me mis machinalement à ranger le reste de ma chambre au rythme de la musique qui défilait dans mon casque. Je me vidais la tête ainsi, c'était presque plus efficace que les discussions avec Ary. Une fois que j'avais tout rangé, je m'allongeai sur mon lit, et regardai mon plafond.
Mon père ouvrit la porte de ma chambre et me fit signe d'enlever mon casque, ce que je fis.

- Hum… Tu-tu viens manger,  me demanda-t-il.

- J'arrive, répondis-je plus froidement que je ne le voulais. Euh, je… Je pose mon casque… essayai-je de me rattraper.

- D'acc.

Je posais mon téléphone et mon casque sur mon lit et je descendis les escaliers en courant.  Je m'assis devant mon assiette et me servis du riz et du poulet, ma mère me regardait interloquée.

- Zef, me demanda-t-elle les yeux écarquillés.

- Mmmh ?

- Euh, tu… Tu te sens bien ?

- Hein ?

Je ne savais pas de quoi elle parlait, j'avalais ce que j'avais dans la bouche avant de reprendre.

- De quoi tu parles ?

- Eh bien… Tu n'as pas remarqué que tu saignais du nez ? Louis, tu n'as pas vu non plus ?

- Non il ne saignait pas y'a deux minutes, je t'assure, dit mon paternel en suppliant quasiment ma mère de le croire.

- Ah… Désolé, je vais dans la salle de bain, je finirais plus tard, bafouillais-je.

- Vas-y mon chou.

Je sortis de table précipitamment et me dirigeai à l'étage pour m'enfermer dans la salle de bain. Je me mis en face du miroir, en me voyant je dûs m'appuyer les deux mains de chaque côté du lavabo pour ne pas tomber : je ne me reconnaissais pas.
Mon teint était habituellement pâle avec le nez et les joues rosées, mais là, j'étais aussi blanc qu'un mort. Mes lèvres étaient bleues, sous mes yeux rouges, d'énormes cernes violettes. Au milieu de mon visage maladif, la seule chose qui détonnait était les deux traînées rouge écarlates qui coulaient de mon nez.
Je l'essuyai avec des cotons, j'avais beau passer les compresses sous mon nez, rien n'y faisait, il continuait de saigner. Tout à coup j'eus une sensation désagréable dans le cou, à droite puis à gauche : mes oreilles commençaient aussi à saigner.
J'avais peur.
Je sentais des picotements dans les yeux, de petits vaisseaux sanguins commençaient à exploser, je paniquais. Je sentais les larmes monter.
Un goût métallique et sucré envahit ma bouche, aussi du sang.
J'essayais d'essuyer mon nez, mes oreilles, ma bouche, mais ça continuait ! Je pleurais maintenant, je pleurais des larmes chaudes, du sang. Ça coulait de partout, je n'arrivais pas à arrêter les saignements. Ma peau commença à me brûler dans tout le corps, j'avais tellement mal !