LA SOMBRA [EN COURS]

1 - Prémices

"On a tous nos combats, mais le plus difficile est de choisir le bon."

CHARLIE

New York, 2 juin

— T'ES FOLLE OU QUOI ?!! T'as failli me tuer !!

J'explose de rire en voyant la mine horrifiée de Knox, ses yeux grands ouverts et ses sourcils arqués. Son regard descend vers la pointe de mon couteau qui frôle son cou, juste sous son menton.

— Éloigne cette lame de moi de suite.

Ses yeux sombres me jettent des éclairs, mais je ne perds pas mon sourire. Je range l'arme dans mon holster, enroulé autour de ma cuisse.

— T'es pas drôle.

— Et toi, tu es folle.

Il s'éloigne de moi et poursuit sa route dans le couloir en râlant. Mais avant qu'il ne disparaisse dans le tournant, je l'interpelle.

— Eh, Knox, attrape ! C'est ta virilité ! Tu l'as perdu en criant comme une fillette !

Sans même se retourner, il me lance un doigt d'honneur.

— Va te faire voir !

Et il me laisse seule dans cette allée blanche du carrelage au plafond. Mes épaules s'affaissent. Si seulement on avait le même humour, on s'entendrait peut-être mieux.

Knox est gentil, et c'est l'un des seuls mecs ici à avoir le même âge que moi. Mais on n'a jamais vraiment pu être proche. Je crois même que mon comportement l'effraie, même s'il le niera jusqu'à sa mort.

Je manque de lever les yeux au ciel. Quand je l'ai croisé dans ce couloir, je voulais simplement m'amuser en le surprenant. Je n'allais pas le planter, quand même. Je ne suis pas si timbrée.

Je poursuis mon chemin jusqu'à l'escalier menant au bureau du patron. Quand j'y entre, Mal est assis derrière son bureau, et Knox est déjà dans la pièce, accompagné de deux autres types du gang.

Cette organisation criminelle, les Blood Red Roses, créée il y a des décennies, est passée entre les mains de Mal il y a des années. Il est très proche de mon père. Je le considère même comme mon oncle, alors ici, c'est comme si j'étais chez moi.

Mon territoire.

Mon domaine.

Excepté que tout le monde me voit comme la gamine qui a atterri ici par chance, et qui ne s'est pas faite tuée dès le premier jour parce que son papa la protège. Pas vraiment classe, ce titre qui me colle à la peau. Mais je n'y peux rien. Et j'aurais beau tenter de faire mes preuves chaque jour, rien ne fera changer d'avis les hommes de ce gang, qui ne voient qu'une jeune femme pas au bon endroit. Comme s'ils savaient mieux que moi où je devrais être.