MY SOULMATE (Terminée)

Chapitre 24:

LAURIE BAYLE

   Monsieur Adam explique que, par la suite, lorsqu'il faisait une crise ce qui arrivait souvent, il ne pouvait s'empêcher de se faire du mal.

   Quand la crise prenait fin, Matthieu reprenait conscience des gestes qu'il avait posés, de la douleur qu'il s'était infligée, et de cette peur sourde qui le poussait à prévenir les autres.

   Heureusement, sa lucidité finissait toujours par l'amener à demander de l'aide.

   Mais cette fois, c'était différent.

   La douleur était trop intense, trop profonde pour être atténuée par la mutilation.

   Les ambulanciers emmènent Matthieu, suivis par son père.

   J'aurais aimé les accompagner, mais j'ai peur. Peur de le suivre, de le voir m'interdire de venir, parce qu'il ne veut pas que je découvre cette facette de lui qu'il déteste.

   — Laissons-lui un peu de temps pour souffler, d'accord ?

   Brad me prend dans ses bras. Puis, sans un mot de plus, il part chercher des serviettes et des produits pour nettoyer.

   Il se met à frotter le parquet, là où le sang de mon copain avait coulé.

   Je reste là, immobile, à le regarder faire. Mon corps refuse de bouger.

   Suis-je la pire copine du monde ?

   Je ne sais pas comment l'aider. Quand j'ai perdu mes parents, j'ai fui. J'ai tout fui.

   Mais cette fois, je ne peux pas. Je n'ai pas le droit de me défiler.

   Comment l'aider ? Cette sensation d'impuissance me déchire.

   Matthieu...

   — Arrête de te prendre la tête, tu veux ? soupire Brad, en se redressant après avoir fini de nettoyer.

   — Tu sais bien que je ne peux pas... j'essaie d'essuyer mes larmes, en vain.

   — Justement, force-toi. Matthieu est fort. Il a juste besoin d'un peu de temps, dit-il en posant une main douce sur mes cheveux.

   Je déteste me sentir comme ça. Perdue. Inutile.

    Je veux l'aider... Mais est-ce que j'en suis seulement capable ?

   Lui, il était là. Il m'a soutenue quand j'étais mal à cause d'Alex.

   Il était là pour moi. Pour Brad aussi, malgré toute la rancœur de mon frère envers lui.

   Et nous, est-ce qu'on a été là pour lui ?

   Est-ce qu'il sait qu'il peut compter sur nous ?

   Est-ce qu'il se fait du mal parce qu'il se sent seul, parce que personne ne reste simplement devant lui à attendre qu'il trouve le courage de parler ?

   Pourquoi ?

   Pourquoi souffre-t-il seul ?

   Je me déteste de ne pas avoir vu que s'il semblait tenir le coup, c'était uniquement parce qu'il avait recommencé à se faire du mal...

   — Arrête de pleurer, idiote, murmure Brad en me serrant contre lui alors que je reste silencieuse. Je suis sûr que tu penses être une mauvaise personne, mais ce n'est pas le cas.

   — Comment tu peux l'affirmer ? À chaque fois que ça va mal, je fuis ou je ferme les yeux... je serre les poings, frustrée.

   — Je peux l'affirmer parce que même si on s'est éloignés, on reste jumeaux, Laurie. On est liés. Oui, t'as des défauts, comme moi, mais c'est ça qui te rend humaine. Personne n'est parfait. Alors arrête de t'en vouloir pour quelque chose que tu ne pouvais pas empêcher.