Souveraines : Héritières du destin

Chapitre 3 : Le Poids de la Couronne

Les premiers rayons de soleil traversaient les épais rideaux ornés de dorures de la chambre royale, tirant Serena de son sommeil. Les draps étaient froids, un rappel cruel de la solitude qui l'attendait chaque matin. Serena se redressa doucement, les cheveux dorés en désordre. Elle glissa ses doigts dans sa chevelure pour en démêler les nœuds, sentant la tension s'atténuer légèrement. Posant un pied nu sur le sol de marbre glacé, elle se ravisa aussitôt, retirant vivement son pied en grimaçant.

Sautillant pour éviter le froid mordant du sol, elle se dirigea vers la fenêtre. Sa longue robe de nuit blanche effleurait sa peau comme un souffle d'hiver. Elle frotta ses bras, tentant d'apporter un peu de chaleur à son corps engourdi, puis ouvrit délicatement les rideaux. Un paysage magnifique s'étendait devant elle : des collines verdoyantes, des forêts denses et des montagnes majestueuses. Tout cela lui appartenait désormais. Cette pensée, à la fois exaltante et terrifiante, lui fit battre le cœur plus fort. Ses yeux bleus, brillants dans la lumière du matin, captèrent chaque détail de cette vue apaisante. Elle ferma les yeux et inspira profondément.

Soudain, un coup discret retentit à la porte, la ramenant brutalement à la réalité. Elle se retourna rapidement, son cœur battant la chamade. Sa femme de chambre se tenait là, accompagnée de plusieurs domestiques.

"Ma Reine, il est temps de faire votre toilette."

"Oui," répondit Serena, presque déçue que ce moment de tranquillité soit interrompu si vite. Un poids d'angoisse s'installa dans sa poitrine. Après une toilette minutieuse et un habillage fastueux, elle prit place sur son trône. Les longues plaintes des paysans affamés, écrasés par les impôts et les infrastructures délabrées, résonnaient dans la salle. Les nobles, quant à eux, réclamaient encore plus de taxes pour satisfaire leurs caprices.

"C'est donc ça, être reine," pensa Serena avec amertume.

À ce moment précis, un homme aux cheveux longs et noirs, aux yeux perçants, entra dans la pièce. Il était d'une beauté saisissante et étrangement familier. Le héraut annonça :

"Voici Calen Raventhorn, chef de la garde royale."

Calen, un ami proche de la reine, s'agenouilla avec respect avant de parler :

"Ma Reine... Je viens vous annoncer une terrible nouvelle. Le Royaume de Rashmir a appris la mort de notre défunt roi et votre couronnement. Ils pensent qu'avec une femme au pouvoir, le Royaume de Lyseria est déstabilisé. Ils vont donc tenter une attaque dans les jours qui viennent."

Un conseiller se précipita pour ajouter :

"Ma Reine, notre armée est affaiblie. Lorsque notre roi est tombé malade, l'ancien conseiller a vidé les caisses du royaume, laissant notre peuple et nos terres dans une grande difficulté. Nous avons commencé à redresser les pertes, mais nos chevaliers sont affaiblis et manquent encore de nourriture. Que pouvons-nous faire ?"

Un autre conseiller proposa :

"Je pense, ma Reine, qu'une alliance serait la meilleure solution. Vous devez épouser un roi puissant afin d'intimider le Royaume de Rashmir."

Serena, abasourdie par cette suggestion, sentit une vague de peur monter en elle. L'idée d'épouser un inconnu lui était insupportable. Elle proposa alors :

"Et pourquoi ne pas déclarer la paix au Royaume de Rashmir ?"

Les conseillers éclatèrent de stupeur et la regardèrent avec des yeux écarquillés. Elle entendit des murmures :

"Je savais qu'une femme au pouvoir n'était pas la meilleure solution. Aslan ferait un meilleur roi."

Un conseiller, la voix teintée de condescendance, répondit :

"Ma Reine, déclarer la paix avec Rashmir est noble, mais irréaliste. Ils verront cela comme un signe de faiblesse et une occasion de nous écraser encore plus."

Le cœur de Serena se serra. Elle comprenait la gravité de la situation, mais l'idée de la guerre la terrifiait. Elle se sentait piégée entre son désir de protéger son peuple et la réalité brutale des attentes de ses conseillers. Elle savait qu'elle devait prouver qu'elle était capable de gouverner avec sagesse et courage, malgré les défis écrasants qui se dressaient devant elle.