Chapitre XI

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De loin, déjà, le palais d'Onchao paraissait immense.

De près, il écrasait de sa stature impressionnante tout misérable être vivant se dressant devant ses portes. 

Comme Capucine l'avait déjà remarqué, il s'agissait d'un seul et même cristal, taillé en octogone. Si l'adolescente n'était en général pas adepte de ce genre de constructions, elle ne pouvait qu'avouer que, sur un saphir de plusieurs mètres de haut, cela rendait admirablement bien... 

D'autant que chaque façade, polie avec soin, reflétait les recoins des ponts de cristal translucide qui reliaient le palais d'Onchao à la basse-ville.

Capucine ouvrit la bouche sur un cri muet. Comme il était extraordinaire de se rendre compte que chaque seconde passée à Myrsa lui révélait des surprises encore plus grandes !

— La première fois que je suis arrivée à Onchao, je trouvais ce palais splendide, aussi, se souvint Maëlle avec une pointe de nostalgie qui transperçait sa voix. 

— Tu n'habitais pas déjà Onchao ? s'étonna Capucine.

— Eh non... j'ai vécu dans un petit village, Elsea, jusqu'à mes vingt ans. Après quoi, l'étendue de mes pouvoirs est arrivée jusqu'aux oreilles de nos souverains. J'ai donc été appelée à la cour. 

Capucine eut une moue admirative. Elle s'apprêtait d'ailleurs à poser une autre question, lorsqu'elles arrivèrent au pas des portes de cristal.

Lesquelles s'ouvrirent sur leur chemin dans un grincement. 

— Ce n'est pas un peu laxiste, en matière de sécurité ? s'interrogea Capucine lorsqu'elles passèrent les lourds battants.

Elle n'avait en effet pas aperçu de gardes...

— Détrompe-toi, la rassura Maëlle. Tout ce château est entouré des meilleurs sortilèges. Dont l'un, intégré à l'entrée : la Garde Cristalline. Elle analyse les battements de nos cœurs, les fondements de nos esprits. Et en aucun cas, elle ne laisse passer quelqu'un animé de mauvaises intentions. Les portes restent hermétiquement fermées.

— Et si quelqu'un parvenait à forcer l'entrée ? 

Le visage resté tendu de son amie s'anima d'un sourire, et ses yeux se mirent d'un coup à pétiller.

— C'est quelque chose que je n'ai jamais vu, mais on raconte que, si quelqu'un de malintentionné parvenait à franchir la Garde Cristalline, le palais se transformerait de lui-même en un immense labyrinthe, avec pour seules issues, les cachots. Ils se déplaceraient, en quelque sorte, afin d'accueillir le visiteur... Les raisons d'un mauvais individu sont un dédale, Capucine, un labyrinthe de souffrances, de pensées négatives, de noirceur, dans lequel il s'est perdu, et dans lequel il veut que d'autres se perdent. Alors, à l'image des intentions, le château se transforme...

— C'est impressionnant, tant d'ingéniosité ! s'extasia Capucine 

— Il s'agit surtout d'un sortilège très ancien. Mais, plus important encore, Capucine : si, ainsi que j'ai pu le remarquer, votre monde est basé sur la logique, le nôtre est fondé sur les sentiments.

L'adolescente hocha la tête, mais resta silencieuse. Selon elle, un monde se devait d'être fondé sur ces deux éléments. Sans les sentiments, la logique n'était rien d'autre qu'un vide implacable et cruel, mais sans elle, les sentiments étaient renversés. Tout monde avait besoin d'un équilibre, et, à présent, elle ne s'étonnait plus des bouleversements qui agitaient leurs deux univers.  

— Je sais ce que tu penses, soupira Maëlle. Et je suis d'accord avec toi.

— Tu lis dans mes pensées ou quoi ? s'étouffa Capucine.

Violette et CapucineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant