Capucine se réveilla en cours de physique.
"Qu'est-ce que..."
Son professeur de physique, un homme aux yeux aussi noirs que ses cheveux, approchait à grands pas furieux.
Eskiel Picacu était un homme de haute stature, assez jeune, une trentaine d'années. Il possédait des cheveux noirs, coupés court et ébouriffés, des yeux noirs, et un visage séduisant.
Oui, Eskiel Picacu aurait pu être beau. Il aurait pu être ce genre d'acteur qui fait fondre les adolescentes, qui les feraient s'entre-déchirer pour un simple autographe. Tout, de son prénom aux consonances étrangères, jusqu'à son physique avantageux, le désignait comme un homme attrayant.
Si seulement il n'y avait pas eu...
Ces traits rudes et mesquins.
Ce caractère moqueur et odieux.
Ces yeux noirs profonds et froids, comme une cave.
Il était beau. Mais cruel.
Il n'y avait rien qui allait. De son rire froid, à son rictus méprisant, en passant par la brutalité de ses paroles.
De plus, et Capucine le voyait bien, sa professeure de mathématiques le détestait. Elle le devinait dans les regards noirs que s'échangeaient les deux collègues lorsqu'ils se croisaient dans les couloirs. Et comme Capucine faisait entièrement confiance à sa professeure, son estime pour Eskiel Picacu baissait encore.
Non, décidément, Capucine n'aimait rien en lui. Mais il lui était impossible de laisser paraître quoi que ce soit.
Son professeur s'arrêta devant sa table, fronçant ses sourcils noirs, ses yeux glacés lançant des éclairs.
– Mademoiselle Sayabi ! tonna-t-il, je veux bien admettre que les réactifs du gaz carbonique soient moins intéressants que vos rêves, mais auriez-vous au moins la décence de rester éveillée ?
– Pardon, monsieur, murmura Capucine, les joues brûlantes et l'esprit au loin.
Le professeur partit dans un discours selon lequel les jeunes élèves ne respectaient plus rien ni personne...
L'esprit de Capucine divagua sur sa conversation avec Maëlle Lizaï. La voix sévère du professeur et les rires étouffés des élèves se réduisirent à un faible murmure."Ce n'est pas possible. C'était donc un rêve ? Un simple rêve ? Madame Lizaï, sa révélation sur Violette, mes pouvoirs, ce "il" si mystérieux, et puis, cette explosion, où elle a disparu ? Tout cela ne serait qu'un rêve ?"
Capucine sourit imperceptiblement.
"Eh bien tant mieux. Je ne pouvais pas y croire. C'est vrai, que j'aimerais que Violette soit encore en vie, mais de là à penser que je suis impliquée dans toute une histoire digne d'un roman fantastique ?"
– Deux heures de colle pour vous, Capucine !
La bulle de silence explosa.
Capucine fixa son professeur, complètement abasourdie.
– Comment ?
– Vous dormez en classe, et vous ne m'écoutez pas quand je vous parle ! Deux heures de colle pour vous, j'ai dit !
– Mais monsieur ! C'est complètement injuste ! C'est pas de ma faute si je suis fatiguée en ce moment ! J'ai pas fait exprès, de pas vous écouter !
– Votre carnet.
– Mais monsieur...
– Votre carnet, où vous passez à quatre heures de colle.
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Violette et Capucine
FantasiLors d'un simple cours de mathématiques, Capucine, adolescente assagie par la mort de sa sœur aînée, apprend une vérité sur celle-ci, qui pourrait bien chambouler sa vie. Lorsque les évènements se précipitent, et qu'un professeur tente de la livrer...