Chapitre 9 : New-York

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NEERA

- Rends-le moi, ou je te jette par la fenêtre !

Cela va faire trois heures que je suis chez mes parents, et il faut avouer que mon jeune frère et ma jeune sœur sont déjà bien motivés pour me faire sentir comme à la maison. Je passe à côté de la chambre, sans leur prêter attention, et descends pour me rendre dans la cuisine. J'y trouve ma mère, affairée à préparer le dîner. Mon père rentre tard le soir, à cause de son boulot, donc je suis là pour prêter mains fortes.

- Comment se passe ta vie sinon ? Tu es bien loin de nous...

Je souris, sachant pertinemment qu'elle vit mal la distance que j'ai volontairement mis. Non pas que je n'aime pas ma famille, mais à l'époque, j'en avais grandement besoin.

- Super, ma dolce vita est parfaite.

Elle hausse les sourcils, dubitative. J'évite de me vexer, ma mère est comme ça. Elle est très...protectrice. Je ne sais pas si c'est l'adjectif adéquat, mais elle n'a jamais trop apprécié certains de nos choix. Pour elle, je mérite le mieux, donc je me dois de prendre des décisions en optant pour ce qu'il se fait de mieux. Cela donne que je n'ai jamais réussi à me pardonner l'erreur. Quoique je fasse, cela doit au moins être couronné d'un succès, petit ou important. Cela m'importe peu, le temps que cela n'est pas une erreur de parcours. Je sais que je ne suis qu'humaine, que cela arrive...mais je comprends cela toute seule, dans mon coin. Je m'octroie l'erreur aujourd'hui, parce que doucement, je déconstruis certaines choses de mon éducation, pour me construire, en mieux, en une version de moi, qui me correspond plus que celle que j'ai été par le passé.

- Et, tu vois un garçon ?

Jaxen s'abat lourdement dans mon esprit, si fort que je déglutis. Je secoue négativement la tête, avant de sourire.

- Tu sais combien je ne suis pas...trop...ça ne m'intéresse pas en ce moment.

Elle me détaille, tout en soupirant. Je lui sers ce discours depuis quelques années maintenant. En réalité, je n'ai pas envie de lui parler des situations comme celles que j'ai vécu avec Pablo. Elle pourrait me dire que je ne réfléchis pas assez...comme si ça s'anticipait, ou je lisais dans la tête des gens.

- Prends ton temps mon ange...mais ne te ferme pas aux rencontres.

Je souris. Si seulement elle savait combien j'ai essayé. Je fais vraiment de mon mieux, dans le sens où j'aimerais quand même me poser ! Mais c'est les hommes qui ne sont pas à l'hauteur j'ai l'impression. Aucun ne me convient. Peut-être que ce sera pour plus tard, mais pour le moment, je me concentre sur ma carrière. C'est ce que j'ai de mieux à faire.

- Neera, tu n'as pas l'air dans ton assiette...tu es certaine que tout va bien ?

J'hésite. Mais je me lance, je crois que j'ai besoin de ma mère sur ce coup-là.

- Maman...est-ce que tu crois...qu'on peut avancer dans une relation, qui a cassé une fois ?

Elle fronce les sourcils, son visage se ferme, pour ne me laisser aucun loisir de savoir ce qu'elle pense. Putain, je déteste quand elle fait ça, j'ai toujours l'impression qu'elle me juge. Qu'elle va me dire quelque chose qui, pour elle, coule de source, alors que moi, cela va juste me chagriner.

- Pour moi, ce qui est cassé reste fragile. Donc parfois, c'est une perte de temps, à la moindre incartade, ça se brise en pire.

Ouais, c'est bien ce que je me disais...

Je baisse les yeux, résignée. Je crois que j'aurais aimé l'entendre me dire qu'il y avait de l'espoir...que cela ne tenait qu'à moi d'y faire attention, etc. Mais non. C'est sans espoir.

I LOVE YOU, I'M SORRYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant