Ich bin nich' ich [OS.TH.YAOI]

Partie deux

Le temps passe à une allure époustouflante. Georg a quitté Tom mais nous vivons toujours tous les trois. Ils sont restés en bon termes. Je crois qu'ils se sont séparés parce que Georg s'était rendu compte que ce n'était pas tellement de l'amour et que ça le gênait ou quelque chose dans le genre. Et moi, au fil du temps, je me suis rendu compte que Tom me faisait de l'effet. Il m'en fait toujours d'ailleurs. Je n'ai pourtant pas tenté d'approche. Je reste le plus naturel possible, je ne veux pas que ce petit cocon s'effrite si jamais il ne se passait rien.

«Georg rentre chez lui pour les vacances» m'annonce le dernier texto de Tom. Je le sais, il me l'a dit ce matin. Il va voir sa sœur et profiter un peu de sa famille. Nous avons deux semaines où nous serons rien que tous les deux. Tom est vacances et moi, j'ai posé une semaine pour être tranquille. J'aimerai qu'il se passe quelque chose.

Depuis la première fois où nous nous sommes rencontrés, Tom est venu me chercher de nombreuses fois à la sortie de boites. Je suis souvent en piteux état. Je me suis mis à tenter les pétards et les autres petites choses dans le genre mais je ne suis pas accro. J'en prends lors des soirées et j'ai tellement d'alcool dans le sang que je ne dois même pas faire la différence avec un joint en plus ou non. Il essaie vraiment de me sortir la tête de l'eau, il vient me chercher sans discuter, il me couche dans ma chambre, me nettoie le visage, me donne les cachets. Il ne fait pas la morale, même si je sais qu'il en a bien envie. Mais son regard contrarié me plait tellement ! Il me fait rire et il oublie alors ses remontrances.

Δ Δ Δ
Je fais un signe de la main à Georg. La voiture quitte le parking de la résidence. Nous attendons qu'il ne soit plus à portée de vue avant de monter les escaliers jusqu'à l'appartement. Tom semble contrarié par quelque chose. J'allais lui demander quand il met quelque chose sous le nez.

- C'est quoi ça ?
- Un paquet de cigarettes, réponds-je du tac au tac.
- Ah ouais ? T'en es sûr ? Putain Bill j'avais dit pas de ça chez moi !

Mais de quoi il parle ? J'ouvre alors l'emballage ... Effectivement ce ne sont pas des cigarettes.

- C'est pas à moi !
- Me la fais pas à moi hein ! Tu fous ta vie en l'air à chaque soirée et ça te suffit pas ? Faut que tu t'y mettes comme ça maintenant ?
- C'est pas à moi je te dis putain !

Je claque alors la porte de ma chambre et m'installe devant mon bureau. Je tremble, je suis énervé. Je ne fume pas ces joints ! Mais comment lui expliquer ?

C'est alors que des phrases, des mots me viennent naturellement. J'écris, je couche tout ça sur la première feuille que je trouve. Je lui gueule mon mal être, son incompréhension. Alors certes, tout ne retrace pas ce que je vis, tout simplement car il faut des rimes, il faut que ça sonne juste. Mais voilà. C'est tout ce que je suis Tom. Des mois que tu es entré dans ma vie. Déjà que tout n'était pas rose, tu m'as toujours vu comme le garçon insouciant, sans aucune morale et je m'en foutiste. Mais si tu savais ce que je suis réellement à l'intérieur ...

J'appose un titre à mon écrit. Ich Bin Nich' Ich. Puis, je me lève et attrape un paquet de cigarettes, des vrais cigarettes, et sors sur le balcon pour en fumer une. Il fait bon dehors. Après avoir terminé cette première feuille de papier, je quitte l'appartement sans aucun bruit. Tom est enfermé dans sa chambre.

Δ Δ ΔJe ne sais pas combien de temps je suis resté assis devant le lac, à jeter des cailloux et des bouts de bois. Toujours est-il que je fini par rentrer quand je commence à avoir froid.

Tom m'attend sur mon lit, une guitare à la main. Il ne me regarde mais joue un petit air. Je savais qu'il jouait de cet instrument. Je me laisse porter par le son, par les notes. Et je vois alors à côté de lui la feuille que j'ai laissé trainé. Mes mots, mon texte. Il l'a adapté. Je ne chante pas, ne parle pas. Une larme solitaire coule. A-t-il seulement compris que je parlais de lui.

Quand il termine, il laisse glisser ses doigts sur les cordes et pose la guitare sèche à côté de lui. Je n'ai pas relevé la tête. Mais, lui, de ses mains, il me force à lever le menton et à le regarder.

- Pourquoi ?

Il murmure cela. Pourquoi quoi ? Je n'ai rien à expliquer Tom. Tu me plais et je suis mal. Je n'ai jamais osé te l'avouer. T'en doutais-tu seulement ?

- Pourquoi ne pas me l'avoir dit ? Pourquoi ais-je été aussi con de te laisser sombrer ainsi ?

Il fait les questions et les réponses. Mais là, il m'attire vers lui et me garde contre son torse. Il joue avec mes cheveux. Pourrions-nous construire quelque chose ?

- Bill ... Je suis désolé. Je n'ai rien vu.

Il n'y avait rien à voir Tom. Même en me regardant dans le miroir je ne pouvais pas voir ce qui se tramait à l'intérieur. C'est moi qui suis désolé de n'avoir rien dit, de n'avoir pas su te parler.

Δ Δ ΔNous sommes restés ainsi longtemps. Puis les choses ont avancé naturellement. Tom me suivait en soirée pour m'aider à rester sobre, à ne plus toucher à tous ces produits illicites. J'ai eu du mal mais nous y sommes arrivés. Petit à petit, mes sentiments s'affirment même si j'ai l'impression que Tom apprend à m'aimer. Georg a finalement choisi de rester chez ses parents et de reprendre ses études là bas. Sa sœur est souffrante, atteinte d'une maladie dont les médecins ne savent rien. Il est normal qu'il reste à ses côtés. Quant à nous, nous ne lui avons rien dit de nous.

Petit à petit, il me devient indispensable d'être près de lui. Je ne peux plus être moi sans lui. J'écris et il m'accompagne à la guitare. Je suis toujours le garçon insouciant qu'il doit surveiller mais ça nous plait ainsi.

Tom accepte que je dorme avec lui. Il me serre dans ses bras et me garde comme un doudou. Moi, je garde son parfum dans les narines et je peux m'endormir paisiblement. Nous sommes tout simplement envahis l'un par l'autre. Je l'aime. Oui que oui, je l'aime.