Brutally – Suki Waterhouse
Philophobie. La peur de tomber amoureux. Ai-je vraiment besoin d'expliquer celui-ci ?
Je me retourne sur le dos, luttant pour m'endormir.
Le réveil digital indique trois heures du matin. Je suis rentrée hier soir vers les vingt heures, Caleb marchant silencieusement dans mon ombre, et je me suis enfermée dans ma chambre. La radio à fond, j'ai appliqué mon vernis volé sur mes ongles et j'ai dansé en attendant qu'il sèche.
Et me voilà à présent, tournant sans cesse en rond comme un poulet sur une broche.
Tu ne peux pas m'empêcher de te le donner, petit faon.
Quel enfoiré. Je suis persuadée qu'il a balancé ça dans le vent. Il croit développer des sentiments pour moi, mais ce ne sont que les frissons de la nouveauté qui l'aveuglent. Je sais de quoi je parle ; c'est à cause d'eux que je suis tombée à genoux entre les cuisses de Léo. Mais si Rob ne nous avait pas surpris, je me serais lassée, tout comme Caleb finira par se lasser de moi.
Et puis, qu'est-ce que je ferais de son amour quand, tout ce que je connais, c'est la brutalité ? Il pourrait me serrer dans ses bras, et je ne saurais que le mordre au cou en réponse. Il pourrait m'embrasser avec passion, et tout ce que je pourrais faire, c'est planter mes griffes dans sa chair pour lui apprendre que l'amour n'existe pas sans la douleur.
Pas dans mon monde.
Putain, qu'il aille se faire foutre lui et ses belles promesses. Elles me font sombrer dans un tourbillon d'émotions noires. Je me sens traquée par mes propres démons. Je n'ai qu'à penser à lui pour que ma respiration s'accélère, comme un animal pris au piège.
— Seigneur Dieu et tous ses putains d'apôtres, me lamenté-je en plaquant mes paumes contre mes paupières.
La gorge serrée d'angoisse, je m'extirpe de mes draps dans l'espoir de chasser la panique qui me prend aux tripes. Je me mets à faire les cent pas devant mon lit, le sol glacial me servant de point d'ancrage contre ma voûte plantaire. Malheureusement, cela ne suffit pas à chasser mes tourments.
Et s'il en avait vraiment quelque chose à foutre de moi ? Non, ça peut pas être vrai. Je ne suis qu'un instrument. Il l'a dit lui-même. Mais putain, notre proximité ne me laisse pas indifférente. Comment je peux développer des sentiments pour un type qui m'a si mal traitée ? Je suis une cause perdue. Je suis une tarée complètement déconnectée de la réalité. Qui pourrait aimer une meuf ravagée comme moi ?
Merde, je suffoque. Ne sachant que faire d'autre, je me rue dans la cuisine pour me servir un verre d'eau. Un calme plat règne dans l'appartement, uniquement interrompu par le grésillement de l'électroménager.
C'est absurde, irrationnel, ridicule de réagir ainsi. Mais j'ai besoin de réponse. J'ai besoin de comprendre les intentions de Caleb. J'ai besoin que lui comprenne que ce truc entre nous, quoi qu'il soit, doit cesser immédiatement. Nous sommes voués à l'échec.
Avec lui, je suis condamnée à souffrir.
Je ne me rappelle pas avoir saisi le couteau à pain sur le plan de travail, mais un clignement de paupières et il est là, le métal froid contre la paume de ma main droite. Quel que soit le plan de mon subconscient pour décourager Caleb, je suis de tout cœur avec lui. Et puis, j'aime bien son choix d'arme.
Il est foutrement poétique.
Un autre clignement de paupières, et je me retrouve à l'entrée de la chambre du chasseur. Une goutte de sueur perle dans ma nuque. Ma respiration saccadée rebondit contre les murs. Chaque bruit, aussi infime soit-il, semble amplifié dans le silence oppressant de la nuit.
![](https://img.wattpad.com/cover/366110722-288-k742503.jpg)
VOUS LISEZ
Ravagés [TERMINÉE]
Romance| 𝘿𝙖𝙧𝙠 𝙍𝙤𝙢𝙖𝙣𝙘𝙚 | Maddie n'a toujours souhaité qu'une chose: la liberté. Alors quand Rob l'enferme dans une maison au beau milieu de la campagne anglaise pour sa protection, elle en rêve plus que jamais, détestant se sentir comme un animal...