Comment l'expérience de la liberté fait perdre l'estime de soi.
Chaque jour…, un enfer.
Dans un palais on a tout ce dont on désire, certes. Mais à une exception près : la liberté. Laura était fille de roi. Elle avait des serviteurs qui se tuaient à la tâche pour satisfaire tous ses caprices, et pourvoir à tout ce dont elle avait besoin.
« apportez moi mon petit déjeuner au lit »
« tout de suite votre altesse »
« je veux un cuisinier spécial rien que pour moi »
« Tout de suite, votre altesse »
Etc.
Cela lui allait parfaitement lorsqu’elle était enfant. Mais à ses dix ans, la jeune fille adolescente, regardant du haut de la tour du palais de son père, vit la ville autour d’elle. Il y avait marchands et marchandes, ainsi que des ouvriers en tout genre. Et même si ce n’était point la première fois qu’elle les voyait, cette fois-là, elle se posa néanmoins une question qui ne l’avait auparavant jamais effleurée : « pourquoi ces gens ont l’air si joyeux ? » En effet, dans le cœur de la princesse Laura, il y avait depuis peu un vide, une insatisfaction, qu’accentuait ce qu’elle était en train d’observer. Et ne voulant plus ressentir cela, elle ferma la fenêtre de la tour, et retourna dans ses appartements, pour se livrer à sa routine.
En tant que princesse, elle devait royalement être éduquée. Les attractions du monde extérieur n’étaient point pour elle, et l’extérieur du palais lui-même semblait lui être interdit.
Elle Le remarqua sans peine ; se rendant de plus en plus compte que tous les gens du château, et même ses serviteurs, allaient et venaient hors de la forteresse. Mais elle, non. Elle semblait prisonnière de cette enceinte qui l’a vu naître. Elle ne sentait alors plus détenir le pouvoir ; elle se sentait objet des personnes autour d’elle.
« Après tout, je suis née dans ce royaume, et je suis formée dans le but de remplir un rôle prédéterminé. Pourtant, tous ces gens, eux, ils pensent et agissent selon leurs désirs, selon leur propre chef. » Et une fois cette réflexion faite, la princesse eut un pincement au cœur.
Et la princesse Laura, d’ordinaire si impliquée et sérieuse dans son apprentissage, devint étrangement dispersée.
« c’est l’âge, dit son père, cela lui passera. Ne cédez pas à ses caprices, et continuer les leçons ; ma fille doit être digne de moi ! »
Ces ordres furent appliqués.
Face à la résistance de son entourage, Laura retournait souvent à la fenêtre de la tour, d’où elle lorgnait la liberté qu’elle convoitait.
C’est alors qu’un jour elle en eut marre, et décida de sortir du palais. Il lui fallait un moyen de partir. Elle appliqua donc pendant des semaines, son intelligence, à analyser et à se renseigner sur les comportements et habitudes des gens de la cour, dans le but de trouver une brèche.
Ses seules chances étaient de sortir hors de ses heures de cours, et de nuit.
Un soir, après avoir usé de son autorité pour qu’on lui procura le matériel nécessaire, elle finit enfin par tisser deux cordes. Et de nuit, en attachant l’une à un pied de son lit, elle la laissa passer par la fenêtre de sa chambre, avant de s’en servir pour s’éclipser. C’était là une tentative risquée ; mais aussi sa seule chance de « s’évader ». Arrivée en bas, cela dit, elle n’avait aucun moyen de dissimuler la corde ayant servi à sa descente. Si elle était vue, se serait la fin de ses peut-être futurs escapades.
« ce n’est pas bien grave, je reviendrai bien vite, se rassura-t-elle. »
Et aussitôt dit, elle parti courageusement avec la deuxième corde qu’elle avait tissée et prise avec elle. Il y avait sur la muraille du château, des briques qui dépassaient. Ces briques avaient été disposées ainsi, pour des guetteurs. Laura avait l’intention d’en tirer profit. Prenant appui sur chacune d’elles, l’une après l’autre, elle parvint difficilement à atteindre le sommet de la forteresse. Et pour la première fois, en dix années de vie, elle ressentit directement sur sa peau, la brise avant qu’elle ne parvienne à la cour.
Mais, pas de temps à perdre. Elle fit vite de nouer sa corde sur une des briques, et descendit jusqu’en bas, de l’autre côté de la muraille.
Elle était enfin dehors.
Sa joie fut si grande qu’elle ne pu s’empêcher de pousser un cri de félicitations. Mais se rendant aussitôt compte de sa bêtise, elle posa ses deux mains l’une sur l’autre sur sa bouche, pour se faire taire. Et de peur d’être vu, elle longea rapidement mais silencieusement la muraille, en s’éloignant de la porte centrale, avant de se diriger vers la ville.
Naturellement, elle évitait la route principale, de peur de se faire prendre. Et après un certain temps de marche, elle arriva près d’une rivière. Elle s’y regarda un instant, mais y admira surtout la pleine lune. Mais malgré son affection pour le bel astre, elle ne perdit par le nord, et continua son chemin. Elle arriva à la ville.
Il était déjà plus du milieu de la nuit. La ville n’avait rien à voir avec le palais royal. Elle était clairement moins somptueuse. Mais pour la princesse, c’était le jardin de la liberté. Seulement, tout y était obscur, mis à part les rues. Il se faisait tard après tout. Laura se rendit compte que peut-être elle n’aura part au plaisir qu’elle recherchait. Mais alors qu’elle se promenait tout de même dans les rues, regardant les places des installations des commerçants, les portes et les infrastructures des maisons des habitants, elle entendit raisonner des trompettes venant du château.
Elle sursauta de frayeur. Et saisie de peur, telle une fugitive qui allait se faire incarcérer, elle comprit que les trop évidents indices qu’elle avait laissé derrière elle avaient été remarqué. Elle se mit alors à courir dans les rues, à chercher un endroit sombre où se terrer, attendant, frustrée et apeurée, qu’on la retrouve. Des larmes lui montaient même aux yeux, alors qu’elle se maudissait de n’être qu’une princesse. Les porte de la ville s’ouvraient elles aussi, les habitants curieux de la raison de tout ce remue-ménage. Et alors qu’elle ne s’y attendait pas, dans les ténèbres où elle se dissimulait, une porte s’ouvrit sans faire un seule bruit, et une main l’y engouffra.
Dans sa surprise, Laura s’en trouva désorientée. Et lorsque dans l’obscurité elle senti la main retenir sa bouche, elle s’imagina être dans de graves ennuis ; et se laissa aller à des larmes de regret et de supplication.
La porte se referma, et la main quitta sa bouche, après qu’une voix lui chuchota de garder le silence, et son calme.
Il y avait dans la pièce un autre personnage. Celui-ci ouvrit un cave, et y fit descendre l’enfant qui avait consenti à se taire.
Une fois dans la cave, le bruit d’un interrupteur se fit entendre, et la lumière jaillit du milieu de la pièce. Gênée par la lumière subite, Laura plissa des yeux afin de s’adapter progressivement à la nouvelle luminosité.
« oh oh… ! Mais n’est-ce pas la jeune Laura ? J’ai bien cru que j’avais affaire à un voleur !»
La princesse ne voyant pas encore son hôte mais ayant retrouvé son calme, dit : « et vous amèneriez un voleur chez vous, peut-être ? Ne me faites pas passer pour plus bête que je suis ! »
« Hé hé hé ! vous avez toujours autant de répondant ; ça fait plaisir ».
La princesse pu enfin voir, et fut surprise lorsqu’elle vit celui qui l’avait kidnappée ou sauvée ; selon les points de vue.
« Mr. Gérard ?! Mais, qu’est-ce que vous faites ici ? » Malgré sa question, Laura reprit avant que son interlocuteur ne puisse articuler quoique ce soit : « ah oui, je sais ! C’est vrai, vous aussi je vous voyais entrer et sortir du palais. C’est donc ici que vous travaillez, monsieur le fleuriste ? »
« Ah ah ah ! Oui, c’est bien ça. Mais vous par contre, vous ne vivez pas ici. Si ? »
« Non, effectivement. Mais, j’avais simplement envie de découvrir la ville. Du haut de mon château, je m’ennuie ; et j’ai l’impression d’être enfermée. »
« je vois, je vois. Cependant, il semblerait que votre escapade maladroite ait été remarquée. Que comptez vous faire maintenant ? »
Suite à ce rappel qui était tout à fait exact, la princesse pria le vieil homme de faire preuve de sollicitude.
« s’il vous plaît, ne me dénoncez pas. Je partirai juste après, je vous en prie ! »
« Si vous voulez mon avis, les soldats ne se contenteront pas de passer, ils passeront aussi la ville au peigne fin. Et s’ils vous trouvent chez un habitant, il pourrait bien être emprisonné, ou pire ».
La jeune fille était centrée sur elle-même et naïve. Les paroles du vieillard sonnaient creux pour elle.
« S’il vous plaît, gardez moi encore un peu, je vous promet une belle récompense » !
« Oh oh oh ! Je suis déjà vieux vous savez ? Mon bonheur se trouve dans mes fleurs. Le souffle de vie peut me quitter à tout moment. À quoi pourrait bien m’être utile l’argent que pourriez me donner ? Cela dit, j’ai peut-être une idée, dit-il en se levant de son siège à bascule. »
Il remonta, et revint avec un bocal d’encre et une brindille.
« si vous voulez simplement visiter l’extérieur, j’ai quelque chose à vous proposer. »
(…)
Le lendemain matin, après que la princesse eut été ramené chez elle par les soldats, elle fut sévèrement reprise pas son père ; et la garde autour d’elle fut renforcée.
Seulement, quelques jours après son retour, il apparu sur la princesse une tâche noir sur le visage, et le jour d’après, deux autres sur le bras droit.
Nul ne savait d’où cela venait ; c’était complètement inédit. Les médecins de la cour furent convoqués pour soigner la princesse ; mais, rien à faire : nul ne pouvait y faire quoique ce soit.
Des jours passèrent, et la princesse fut mise en quarantaine ; sa maladie ne s’améliorait pas ; au contraire. Finalement, après réflexion, le roi conclu que ce mal devait venir du contact trop brutal avec l’environnement insalubre de la ville, et décida, pour protéger le reste du château, de chasser sa fille indigne, du palais. Elle n’y aurait plus sa place ; et ce, même s’il elle guérissait de son mal. Se serait sa punition pour s’être comportée d’une si piètre manière. Ce pendant, le roi dépêcha une garde, des serviteurs, un logement, et des vivres, spécialement pour sa fille.
Le château était très triste le jour du départ de la princesse Laura ; mais c’était, selon les ouï-dire, un mal pour un bien.
« Mon père prit la bonne décision se disait la princesse, toute excitée ; je pourrais enfin goûter à la liberté ».
« oui, moi aussi je peux vivre en toute liberté. »
Du temps passa, et la princesse s’était débarrassée de l’encre qui lui avait servi à feindre la maladie. Cela dit, malgré ses efforts pour se débarrasser des taches qu’elle s’était faite, Laura n’y parvenait pas. L’encre était indélébile.
Laura, qui avait été déchue de son rang, ne portait plus le titre de princesse ; et devait bien au bout d’un moment, chercher de quoi vivre. Elle ne pouvait en effet plus compter sur son père pour subvenir à ses besoins ; car, quelques mois après son départ, le roi décéda. Il avait attrapé une maladie faisant penser, pour les membres de la cour, à celle que les rumeurs accusaient la princesse Laura de posséder. La nouvelle se rependit comme une traînée de poudre ; et les citadins, qui savaient déjà que Laura était au milieu d’eux, la mirent en quarantaine et l’exclurent ; ses serviteurs, les premiers.
La princesse, qui n’était déjà pas très habile se retrouva toute seule.
Vint son onzième anniversaire. Ça faisait déjà 04 mois qu’elle avait tout perdu, car les habitants pensaient qu’elle était la cause de la maladie de son père ; et ne voulaient plus d’elle.
Et, se disaient-ils pour se conforter dans leur décision : « une princesse rejetée par son père ne peut rien apporter de bon. »
« si ça se trouve c’est une sorcière. »
Et Laura, ne voulant pas abandonner jusque-là, mais voulant gagner la confiance des habitants et vivre de la vie dont elle rêvait, se résigna. Il était évident que son heure était venu.
Et alors qu’un soir elle se faufilait encore dans des allées sombres dans le but de trouver de quoi se sustenter dans des poubelles, elle reconnu la porte du vieux Gérard. Alors, elle y frappa pour avoir son aide. Celui-ci lui ouvrit, et la recueillit. Il la cacha, et l’entretint. Au bout d’un moment, Laura reprit des couleurs.
Cependant, les marques d’encre étaient encore là. Mais curieusement, un matin, la princesse se regarda dans du verre, et constata qu’elle n’avait plus rien, que ce soit sur le visage ou sur les bras. Elle cru alors en une guérison et courut l’annoncer au vieux Gérard.
Le vieux Gérard lui fit remarquer qu’il ne s’agissait que de l’effet d’un maquillage. Elle qui croyait devoir toute sa vie devoir rester la rebut de la société, fondit en larme lorsqu’elle se vit, même facticement, de nouveau comme avant.
Seulement, Gérard lui expliqua que cela était précaire ; et que son maquillage, fait de cire, fondrait en journée, à cause du soleil. À cette nouvelle, les jambes de Laura flageolèrent , et elle s’effondra.
Posant sa main sur son épaule, le vieux fleuriste consola la jeune fille ; mais, lui fit également comprendre que son métier de fleuriste ne lui permettrait plus de s’occuper de toutes les dépenses et d’eux deux. Il expliqua donc à la jeune fille désormais âgée de douze ans, qu’elle devrait se trouver un travail ; si elle voulait pouvoir continuer à vivre plus ou moins décemment.
« Mais, vous savez bien que les habitants me tueraient certainement s’ils me voyaient encore dans leur rue !? protesta Laura ».
D'un ton calme et entendu, le fleuriste lui répondit tout de même.
« Du calme princesse Laura. Je t’ai dit que mon maquillage fondait au soleil. Mais de nuit, cela n’est pas la même chose ».
« Certes. Mais, de nuit personne n’exerce d’activités ; vous le savez bien. »
« Justement, fit Le vieillard en posant son médius droit sur le buste de la jeune fille, il y en a bien une. Éh éh éh… il y en a bien une. »
« Alors, si vous la connaissez dite la moi, je vous en prie ! »
Les paroles de Laura étaient motivées par son désir d’indépendance d’une part ; et d’autres parts, son désir de soutenir le vieil homme.
« D’accord, d’accord, je vais te la découvrir. Demain soir, tu viendra avec moi. »
« oh, oui ! jubila Laura ».
La nuit suivante arrivée, Gérard maquilla Laura, et la fit manger des gâteaux particuliers. Et sortant de nuit, il l’amena les yeux bandés, dans un lieu surprise.
Une fois arrivés, il la présenta. Toutes les personnes s’y trouvant, savaient alors qu’il s’agissait de la princesse Laura, fille du feu roi.
Après que son bandeau lui fut enlevé, Laura pu se retrouver dans une pièce vide. Le vieux Gérard était là.
« Gérard, c’est ici que je suis censée travailler ? Je ne suis pas sûre de comprendre comment. »
« Hé hé hé ! Ne t’inquiète pas, ma petite. Je t’explique : la seule chose que tu as à faire, c’est entrer dans cette pièce, et prendre du plaisir ; éh éh. Tu comprends ? Rien de compliqué ! Dit Gérard, en indiquant une porte, de son doigt ».
« Prendre du plaisir ? Questionna Laura, dubitative ». Mais forte de sa naïveté, elle ne tarda pas à suivre les instructions du fleuriste.
« Je viendrai te chercher plus tard, l’encouragea finalement l’humain ».
Une fois Laura dans la pièce, quelques instants après, on pouvait l’entendre se débattre ; mais après, plus rien.
« Eh éh éh éh éh… !On dirait que l’aphrodisiaque contenu dans les gâteaux fait effet, se félicita malicieusement de l’autre côté de la porte, le vieux fleuriste. »
Cette nuit là, la jeune Laura alors âgée de douze ans, se fit abuser, jusqu’à peu de temps avant l’aube. Et en contrepartie, elle reçu une petite fortune.
Après ces événements, Laura ne voulait plus sortir ; et passait son temps dans la cave du vieux Gérard, à pleurer. Elle ressentait en son cœur et en sa chair de fortes douleurs. Sa mère, la défunte reine, avait l’habitude de lui raconter dans sa jeunesse, des histoires sur les filles de l’extérieur, et de lui indiquer comment devait se comporter une dame ; et cela indépendamment de son rang. Et reconnaissant s’être à un moment livrée à ce contre quoi sa mère l’avait toujours mise en garde, elle se disait n’avoir plus aucune valeur. Seulement, il suffit que le fleuriste feigne la maladie, pour que Laura, culpabilisant et croyant n’avoir aucune autre solution pour rester en vie, décida de son gré, de se prêter encore à cette activité impropre.
Au fil du temps, Laura en perdit le sens critique, et commença peu à peu à banaliser son activité. Elle avait désormais quatorze ans.
Seulement, un jour, le vieux Gérard mourut. Et jusque-là, Laura ne s’était jamais rendu seule au lieu de ses alliances immorales. Autant dire qu’elle n’en connaissait pas le chemin.
Comprenant que le décès de Gérard ne passerait pas inaperçu, il lui semblait évident qu’elle ne resterait pas cachée chez lui encore pour longtemps. La nuit de la mort du vieil homme, elle rassembla donc son nécessaire, et partit de nuit, après s’être maquillée. Elle eut pour la première fois de sa vie, l’idée de s’éloigner de la cité, pour en chercher une autre. Il lui fallait à tout prix rester en vie. Pourquoi ? Elle ne le savait pas elle-même ; mais, au fond d’elle, elle se sentait le devoir de le rester encore pour un temps.
Finalement, un jour, elle finit par s’écrouler sur les routes, à court de vivre et ployant sous la fatigue. Cette nuit là, il faisait très froid, et Laura s’abandonnait peu à peu à la mort. C’est du moins ce qu’elle pensait.
Mais de jour, elle finit par rouvrir les yeux : elle était vivante. À son chevet, se trouvait une petite fille assoupie sur une chaise, la tête posée sur ses mains, eux-mêmes sur une table ; et la douce lumière du soleil venant caresser le visage de Laura, vint apaiser son âme jusque-là très tourmentée. Le moelleux du lit sur lequel elle se trouvait, même si n’avait d’extraordinaire, lui rappelait étrangement celui de sa maman, lorsque du temps des orages nocturnes, elle allait se blottir contre sa tendresse maternelle.
Laura s’assit, regardant autour d’elle. Ayant prit ses repères dans cette pièce inconnue, elle descendit du lit, et se dirigea vers ce qui lui semblait être la porte de sortie de la pièce. Elle saisit en suite la poignée de porte ; mais celle-ci bougea d’elle-même et laissa entrer une dame grande, belle, joufflue, à la peau brune, au vêtement ample bleu ciel, et à la toilette soignée. Cela fit un choc à Laura. Ça faisant certes longtemps qu’elle n’avait pas eu affaire à une pareille parure. Des deux, ont pouvait sarcastiquement se demander laquelle était fille de roi. Et presque comme un réflexe Laura se scruta, pour constater comment elle-même était vêtue. Et à sa grande surprise, elle était vêtue d’une simple mais magnifique robe couleur émeraude, qui lui donnait un certain éclat.
« je vois que tu es réveillée, brisa , la dame, le silence, manifestant sa joie par un sourire que venait renforcer ses fossettes. »
Laura fit un pas en arrière avant de se retourner pour voir si la jeune fille dormant s’était réveillée- elle constata que non-, puis elle répondit à la dame.
« Euh…, bonjour… qui êtes-vous…s’il vous plaît ? »
Les derniers événements de la vie de Laura lui avait fait perdre l’estime qu’elle avait d’elle-même ; si bien qu’elle qui était si brave, courageuse et vigoureuse, répondait maintenant avec moue et timidité. Son hôte remarqua de la gêne chez elle.
« Ah oui, c’est vrai, je manque à tous mes devoirs de politesse : je ne t'ai même pas dit bonjour. Alors, bon… »
Mais Laura l’interrompit sans attendre.
« Non non non, appuya-t-elle-même gestuellement, vous avez déjà beaucoup fait pour moi en me soignant ! Je…ne suis pas digne de tant de considération. »
« voilà donc... mon mari ne fait pourtant jamais d’erreur sur les personnes. S’il a tenu à ce que tu sois soignée avec les plus grands soins, c’est que tu dois en valoir la peine. »
« Votre mari ? »
« Oui, c’est lui qui t’a amenée ici et qui a payé tes soins. Il t’a trouvée allongée sur la route menant à la ville. Tu étais mal en point et bien chargée. »
Suite à ces mots lui rafraîchissant la mémoire, Laura réagit avec alerte, bien que timidement.
« Et mes bagages, où sont-ils…!?»
« Ne t’inquiète pas, la rassura la dame en lui indiquant l'une des deux fenêtres de la pièce, par lesquelles elles pouvaient apercevoir l’extérieur de la maison, ton linge est tout propre et étalé dehors ; regarde. »
Se retournant, et les apercevant, Laura n’en revenait pas.
« Vos servantes les ont lavés ?! Je suis confuse ; il ne fallait pas. Et dire que je me comporte si mal envers vous ! »
« Du calme, ma chérie. Et si tu me disais plutôt comment tu t’appelle ? »
«Je… je m’appelle…Laurine ». Au même moment où elle préféra ce mensonge, Laura se sentit mal de mentir à une si gentille personne. Mais, elle avait trop peur qu’elle sache qui elle était.
« Laurine, enchantée. Moi, on m’appelle Laureine. Nos prénoms se ressemblent, tu ne trouve pas, lui fit-elle remarquer, d’une douce voix ».
« Ab… absolument, madame ; répondit-elle en inclinant la tête. »
Ainsi se firent les premiers échanges entre Laureine et Laura.
Plus tard dans la soirée, Laura fit la connaissance de son bienfaiteur, le mari de Laureine : Emmanuel. Lui aussi, manifesta sa joie de remarquer qu’après une journée seulement, la jeune fille se soit réveillée. Elle fit aussi la connaissance de la petite Camélia, qui était restée longtemps à son chevet.
Emmanuel en sa magnanimité autorisa à Laura de rester chez eux jusqu’à ce qu’elle soit rétablie. Et il lui fit également savoir que si elle avait besoin de parler il serait là pour l’écouter ; mais seulement si elle le veut.
Une semaine passa, et Laura fut de nouveau en pleine forme. Allait donc arriver le présumé moment de son départ. Sauf que, dans une discussion où elle avoua à ses hôtes n’avoir en réalité nulle part où aller, Laureine suggéra de la garder avec eux en tant que servante ; ce qu’Emmanuel accepta ; pour un temps du moins. En effet, pour pouvoir prendre sur lui d’accueillir une personne sous son toit, il lui fallait connaître ses antécédents, afin que son engagement soit en toute connaissance de cause. Cependant, il consentit pour un temps, à héberger la jeune fille.
Il lui fit même faire le tour de la ville, et lui expliqua bien les conditions sous lesquelles il acceptait de l’héberger.
« Si tu veux rester avec nous plus longtemps, il faudra naturellement que toi aussi tu contribue à ta mesure, aux charges supplémentaires. Mon épouse a proposé que tu t’occupe du ménage intérieur. Mais personnellement, je suis plutôt d’avis que tu travailles un peu la terre le week-end ; et que tu tienne l’épicerie en semaine. Comme ça au moins tu seras mieux rodée. Et tes jours de congé, c’est-à-dire lorsque ma femme te remplacera à l’épicerie, tu pourras t’occuper de l’époussetage de l’intérieur. Alors, qu’en dis-tu ? C’est plutôt un bon deal, non ? »
Honnêtement, lorsque Laura entendit le mot travail, elle ne savait pas à quoi s’attendre. Mais, après les explications d’Emmanuel, c’est avec un entier soulagement et une totale reconnaissance, qu’elle accepta l’offre.
Le lendemain, c’était le week-end. Ce jour, samedi devait être mis à profit pour expliquer à la jeune fille, les rudiments des travaux qu’elle aurait à exécuter.
Le jour suivant, tous allèrent à l’église ; et la Parole qui leur fut adressée fut tirée du huitième chapitre de l’Evangile de Jésus-Christ selon Saint Jean. Laura fut interpellée par le passage disant : « Quand ils entendirent cela, accusés par leur conscience, ils se retirèrent un à un, depuis les plus âgés jusqu'aux derniers; et Jésus resta seul avec la femme qui était là au milieu. Alors s'étant relevé, et ne voyant plus que la femme, Jésus lui dit: femme, où sont ceux qui t'accusaient? Personne ne t'a-t-il condamnée? Elle répondit: Non, Seigneur. Et Jésus lui dit: Je ne te condamne pas non plus: va, et ne pèche plus. »
Ça faisait des années déjà que Laura n’avait pas écouté une prédication ou, fréquenté un lieu saint. Mais curieusement, elle y resta indifférente. Ce n’est que cette Parole, et le crucifix de l’autel, qui captivaient toute son attention. Ce crucifix lui rappelait celui que son père avait toujours à son cou.
Et le jour suivant, travaillant à l’épicerie avec Laureine, elle ne put s’empêcher de murmurer : « je me rappelle des leçons du roi, que me lisait mon père ». Au même moment, une larme glissa sur sa joue avant de tomber de son menton jusqu’à heurter le plancher. L’attention de Laureine fut à ce moment attirée sur Laura, qui déjà avait des larmes plein les yeux, et le visage métamorphosé par le chagrin. Laureine se précipita vers elle, et lui demanda ce qui n’allait pas, lorsque Laura se mit à pleurer pour de bon, articulant difficilement qu’elle était désolée.
Après cet épisode, Laura décida de révéler son vrai nom à ses hôtes ; mais ceux-ci le savaient déjà ; au grand étonnement de l’adolescente. Mais en réponse à cela, Laureine lui avoua qu’il lui arrivait de parler dans son sommeil. Et que les tâches sur son corps leur avait déjà révéler qui elle était ; tant les nouvelles allaient vite. Cela dit, que leur importait. Ils voulaient simplement qu’elle soit honnête avec eux en temps voulu.
« Laura… nous avons-nous aussi quelques choses à te dire ».
Cette fois, c’est Laura qui reçu quelques informations, soit dites en passant, qui virent accentuer ses remords. Ces informations révélaient que Gérard le fleuriste dont Laura leur avait parlé, était l’oncle d’Emmanuel, que le fleuriste était du feu roi, rival pour la main de la défunte reine, mère de Laura. Seulement, comme elle pouvait le deviner, c’est son père qui sortit victorieux de leur rivalité ; et le vieux Gérard, qui devait être exilé loin du royaume, sur recommandation de la reine à son époux, reçu néanmoins une place de fleuriste royale, à cause de la considération qu’avait pour lui le roi. Il croyait faire de lui un allier fidèle ; sans se soucier de la haine farouche que lui portait son vieux rival, et du mépris qu’il avait désormais pour la reine qui l’ayant rejeté pour un rustre cavalier, avait de son point de vue, fait montre de bien peu de discernement. Se venger sur eux auraient été à sa portée. Sauf que, pour lui, il n’aurait pas trouver plus de satisfaction qu’en traînant dans la boue l’honneur et la dignité de leur descendance ; et de la voir se détruire à petit feu.
« je le savais, dit Emmanuel, car le frère de ma mère parlait beaucoup lorsqu'il était saoul. Mais, que de m’impliquer en intervenant dans des affaires qui ne me concernaient pas, j’ai préféré m’éloigner de la cité royale ; pour vivre ici. Je suis profondément désolé Laura. »
Laura
Suite à cette conversation, j’exprimai mon regret pour mes inconduites, et exprimai le souhait de me confesser.
Pour la première fois, j'avais réellement pris part à la liberté que j’avais longtemps recherché. Cette liberté ne pouvait être complète sans une paix véritable en mon âme . Alors, je remercie Dieu d’avoir été patient avec moi ; et de m’avoir accordé sa miséricorde.
À travers le monde, par des yeux nouveaux, j’ai pu percevoir la véritable beauté de la liberté. Et par elle, contempler l’admirable grandeur, et l’étonnante bonté du maître de l’univers. Aurais-je pu être destinée à vivre ici-bas plus longtemps, pour lui faire hommage de mon cœur ?
Le sourire aux lèvres, c’est un 12 mars, que trépassa la jeune Laura âgée de 15 ans, juste après que lui fut accordée l’absolution.Fin
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Vita Homini
Short StoryCeci est un recueil de nouvelles, autour de l'identité de l'être humain. Bien que les aspects explorés soient non exhaustifs, cet ensemble de textes, pourraient vous plaire. Bonne lecture.