(En média, la cover, faite avec un modèle sur Canva)
(Je précise juste, vu qu'on me l'a demandé quand même 3 fois, le personnage principal est un homme. C'est ni une chaise, ni un radiateur, ni un dauphin.)
Tous les ans, c'est la même chose. Encore et encore.
Chaque année, on me force à le faire. Même si je n'en ai pas envie.
Je le fais quand même, à contrecœur. Mais tout ça commence à peser énormément sur ma conscience.
J'arrive sur cette estrade, devant tout le royaume, ma fine tiare sur ma tête. Le silence est roi.
Je monte les marches, et fait face à tout ce royaume. Mon père est derrière moi, il ne voit pas mes yeux brillants, emplis de honte, de tristesse, de culpabilité. Je n'ai jamais demandé à faire ça.
Devant moi, un homme. Enchaîné à un poteau. Il me regarde avec des yeux implorants. Me suppliant de ne pas le faire.
Mais je sais bien que je n'ai pas le choix. J'aimerais reculer, j'aimerais résister. Mais je ne peux pas désobéir. Je n'ai pas le choix.
Je m'avance, à pas lents, alors que mon père rappelle la situation à tout le royaume. Je n'écoute même pas, je n'en ai pas la force.
L'homme en face de moi se débat. Il me conjure de ne pas le faire. Mais mon père l'a choisi. Alors je dois le faire...
Je lève ma main, je n'ose pas le regarder dans les yeux. Je sens des picotements dans mes doigts, signe que ma magie est prête à être utilisée. Je n'ai qu'à penser très fort à ce que je veux faire. Sauf que je ne veux pas.
L'homme me murmure une dernière fois de ne rien faire, alors que j'articule sur mes lèvres un 'je suis désolé'.
D'un coup, une flamme noire apparaît dans ma main. Je sais que je ne peux pas désobéir, alors je pense très fort à ce que je dois faire. Le tuer.
Il n'a rien fait. Il a juste été choisi, par mon père. Donc je dois le tuer.
La flamme dans ma main devient comme de plus en plus lourde. Pourtant, son poids ne change pas. Elle est juste beaucoup plus dure à porter.
Après quelques secondes, que je sais indolores, le corps de l'homme ne répond plus, son regard devient vide, et terne. Il est mort. Je l'ai tué. Devant un tas de personnes, chacun terrifié d'être choisi pour l'année prochaine.
Je n'ai pas envie de laisser cela continuer. Mais je n'ai pas le choix.
~~~
- Encore un ?
Le lendemain, une femme du royaume que j'apprécie beaucoup vient me voir.
- Hélas, oui...
Elle se rapproche de moi. Je me sens honteux, coupable. Cela fait 13 ans, maintenant. Depuis ma majorité, mon père m'oblige à 'm'entraîner' à la magie en tuant chaque année une personne du royaume, qu'il choisit. Et cette situation est plus que pesante.
- C'est pas ta faute, tu sais.
Je ferme les yeux.
- C'est ma faute. Comment je peux penser à vouloir tuer des innocents ?
- Tu ne le veux pas. Tu y es obligé.
Un sanglot me prend. Je ne m'autorise à pleurer uniquement devant elle, mais parfois, ça fait du bien.
Elle me serre dans ses bras, et je lui retourne l'étreinte.
- Je veux y mettre fin...
- Je sais, mon ange, je sais. Mais tu ne peux pas...
Une autre larme coule sur ma joue.
- 13 personnes... Tu te rends compte...? J'ai déjà pris 13 vies... 13 vies d'innocents... Comment tu peux m'appeler mon ange... Comment tu peux m'aimer...?
Elle serre ses bras autour de moi, et pose un bisou aussi haut qu'elle peut, c'est-à-dire dans mon cou, à cause de notre différence de taille.
- Je t'aime, parce que je sais que tu le fais à contrecœur, sans le vouloir. Tu y es forcé, cela se voit, et tes pleurs en m'en parlant me font comprendre que tu es quelqu'un de bien. Qui ne tuerait jamais un innocent de son plein gré.
Mes yeux fermés s'ouvrent à nouveau, et je me penche pour embrasser brièvement ses lèvres.
- Merci d'être là pour moi. De me soutenir. Je sais pas comment je ferais sans toi, mon coeur.
Je pose ma main sur le collier autour de son cou.
- C'est normal, mon ange.
~~~
L'année suivante. Même scénario.
J'entre dans cette pièce, une vraie torture pour moi. Je lève ma tête, pour apercevoir la silhouette de la personne en face de moi. Une femme...
Je baisse tout de suite la tête, m'avançant au fond de la salle, vers l'estrade. Je monte les quelques marches. Mon père est là aussi, derrière moi.
Il n'a jamais voulu que j'arrête, même avec mes nombreuses demandes. Selon moi, c'est un tyran.
J'entends un cliquetis dans mon dos. Le roi qui fait tinter les clés, celles qui ouvrent les chaînes de la personne en face de moi.
Elle est silencieuse. Je ne peux pas la regarder dans les yeux. Je me sens beaucoup trop coupable.
Mon regard s'arrête sur son collier.
Attendez... Non. Non, non, et non.
Mon coeur. Pas elle.
Mon regard croise le sien, empli de larmes.
Je ne peux pas la tuer. Pas elle. Pas celle que j'aime.
Mon père a choisi au hasard, je le sais bien. Il ne sait pas que je l'aime. Du moins, s'il le sait, je n'en ai pas connaissance.
Je regarde dans les yeux mon coeur, en face de moi.
Elle pleure.
Avec une ardeur que je n'ai jamais eue auparavant, je lève ma main, et fais danser la flamme noire dans ma main, qui chauffe, sans lâcher ses yeux de mon regard.
Elle a peur, je le vois. Alors je me concentre.
Enlève lui sa vie.
Je me répète cette phrase encore et encore.
Jusqu'à ce que j'entende son corps tomber, dans un bruit sourd.
Je me retourne, et souris devant ce que je viens de faire. Pour la première fois, j'ai aimé enlever sa vie, devant tout mon royaume, étonné.
Je m'avance près de mon père, son corps sans vie gisant sur le sol. Je récupère ses clés, et vais détacher celle que j'aime, qui me regarde avec surprise.
Après un câlin et un baiser, je regarde mon royaume, et leur annonce :
- C'est fini. Plus aucun innocent ne mourra, maintenant que le roi est mort.
Ma main tient toujours celle de mon cœur, qui est à côté de moi. Et je compte bien épouser celle qui sera la reine de ce royaume quand j'en deviendrai le roi.
1044 mots.
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Recueil De Nouvelles
NouvellesUn recueil avec plusieurs nouvelles que j'ai écrites :) À chaque fois, en média, vous avez la cover que j'aurais faite pour la nouvelle !