Le rêve olympique

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Los Angeles, 2028, le stade plein à craquer est déjà prêt à trembler sous les coups de pieds et les coups de mains des spectateurs pour leurs athlètes américains. Ils sont trois au départ, mais tous le craignent, qu'aucun n'arrive devant le Français à la fin. Rempli de confiance, le coq installe ses pieds sur les blocs sans nul besoin de manie ni de toc, aucune pression, l'hostilité de ce public, il s'en moque. Face à ce cran et à tous ces talents bleus-éclatants, le stress et la peur avaient changé de camp.

Les championnes et champions Français avaient d'abord creusé la voie à la force de leurs pieds, de leurs bras montrant dans la seconde moitié du vingtième siècle que l'on pouvait être de valeureux, malheureux et magnifiques perdants. À la fin de cette première période et début de la seconde, d'autres sportifs et sportives marchèrent sur ce sentier déjà tracé pour de gloires, le paver. Ils supprimèrent "impossible" de nos dictionnaires en soulevant par moment, les plus grandes des coupes de cette Terre, en portant les plus belles des médailles, quelle que soit leur matière. Dix ans après le début du vingt et unième siècle, ces précédents gagnants aux prénoms en T, d'Henry à Riner en passant par Parker, décidèrent de hanter leurs adversaires et tout le sport français. Ils jouaient les prolongations contre vents et marées, et même contre leurs compatriotes qui sabotaient l'unique bateau tricolore sur lequel tous voguaient. Contre ceux qui les descendaient à n'importe quelle défaite, ceux à la tête des plus grands paquebots du sport au pavillon bleu, blanc, rouge plus porté sur la politique que la réussite. Ceux qui se moquèrent de leurs ambitions, en rirent tout en restant planqués dans leurs abris. Neural et triste conditionnement à supprimer, ce refrain connu par cœur : « impossible n'est pas Français » vous limitant à l'unique exploit, permettant les petits, mais emprisonnant les plus grands espoirs. Ces champions firent face jusqu'au bout, donnèrent leur voix, complétèrent la devise pour que raisonne d'immenses ambitions de domination sur ce sentier maintenant parcouru par leurs géniaux successeurs : « Ensemble, nous sommes inarrêtables ! ».

Pour atteindre cet objectif, les sportifs n'étaient pas tout à fait bien placés sur le départ des jeux de Tokyo, se tinrent prêt, proche du but à Paris et lors de la première semaine à Los Angeles prirent feu et éblouirent dès le premier coup de tonnerre tous leurs concurrents et partenaires.

Dans ce stade états-unien, où notre coq se tient prêt à courir après l'une des plus belles breloques, un coup de pistolet électronique sonne enfin le départ de sa finale du huit cents mètres ! La distance est courte, tous retiennent leurs souffles, ceux des coureurs doivent être gérés, le Français plein de référence le sait. Il part à fond tout en gérant son effort, mais cette course n'est pas un entraînement, les cris de la foule entraînent son cœur qui palpite bien plus vite que les coureurs ! Le sportif bleu tenta de se calmer, comme il l'apprit sur ses premières pistes d'athlétisme sur lesquels, grâce à sa bourse, il s'entraînait nuit et jour. 

Cet argent avait été récolté dans le cadre de la solidarité des sportifs où ceux qui gagnaient de grandes sommes pouvaient en redistribuer et bénéficier de réduction d'impôt. Cette bourse lui avait été attribuée au vu de ses premières réussites et de ses potentiels record. Cette manière de courir, il la perfectionna directement sur cette terre, celle des Etats-Unis lors des challenges universitaires, lors d'un échange de savoir-faire avec un joueur de rugby à sept américain qui venait en France se parfaire.

Au bout des premiers quatre cents mètres, le Français est complètement dépassé ! Ce n'est pas le genre de course auquel il s'attendait, ses adversaires étaient partis bien plus vite, mais aucun problème pour lui et sa capacité à s'adapter. Il accélère pour rattraper ses adversaires, ne pas les laisser s'échapper et prendre confiance, « aucune chance », pour ne pas avoir non plus trop de temps à rattraper ce qui serait moralement compliqué. Plus il les rattrape et plus la foule crient, ces bruits d'abord petits, deviennent géants, si brouillant qu'ils vous perceraient les tympans !  

Cette intelligence de jeu du coureur Français ou de ses congénères que ce soit en sport collectif, contre une opposition, en course avec peloton ou contre le temps, cette capacité à s'adapter, ce french flair passé du rugby aux volleyeurs permettant de battre les plus grands, s'était rependu dans tous les sports et se couplait à une meilleure gestion des émotions pour que nos sportifs ne subissent plus aucune situation.

Il ne reste plus que cents mètres, le public le sait, il hurle de toutes ses forces pour soutenir ses athlètes face au Français qui avait fait l'effort de recoller à la tête de course tout en gérant sa foulée. La voix des spectateurs n'étant plus suffisante, les coups de pieds dans le stade de font plus violents ! Les vibrations provoquées descendent alors des travées pour motiver les uns et crisper le Français qui les ressent de sa tête à ses pieds ! Tous ses os vibrent alors, mais il ne va pas commencer à s'économiser, faire une dernière poussée, pour casser cette ligne avant tout le monde à l'arrivée ! La victoire se joue alors sur un fils, la médaille n'est pas gagnée, pour l'instant avec deux Américains partagée, seule la photographie permettra de délibérer ! Tous les athlètes s'observent, le public est scotché à l'écran géant ! Pendant ce temps, un silence plus puissant qu'un hurlement gèle sur place tous les êtres-vivants ! Le cœur du Français s'arrête de battre cet instant lui paraissant mille ans. Le verdict tombe enfin et pour quelques millièmes, ... , le Français n'arrive ni troisième, ..., ni deuxième, ..., mais premier! Plus d'hostilité, une olympienne acclamation vient le féliciter ! Il se jette dans la foule en furie et savoure cette médaille qu'il ira croquer entre ses dents avec sa famille, ses bien-aimées.

Cette victoire marqua les jeux confirmant le succès de la nouvelle économie du sport français. Les bourses, échanges, ventes ou achats de savoir-faire finançaient le suivi des athlètes au niveau physique ou mental. Les bonnes performances permettaient également de vendre plus de places, plus d'abonnements. Enfin le pourcentage de temps de marche et d'activités sportives réalisées par foyer augmentant, la santé moyenne des Français s'amélioraient tout comme leur porte-monnaie payant la sociale sécurité. Ce dernier argument était la clef ouvrant le trésor du budget pour payer les nouvelles infrastructures sportives dans les écoles primaires ou universitaires dans l'objectif d'améliorer nos compétitions scolaires.

D'autres victoires sublimèrent ces jeux comme celle des fédérations qui avaient fait fuir des talents en jouant plus à la politique qu'à améliorer la gymnastique artistique. Les problèmes de ces instances réglés, les gymnastes françaises rapportèrent toutes les médailles possibles, toutes celles faites d'or. Ces sportives et ces trophées attiraient toutes les lumières même celle de l'étoile cachée dans le prénom de la sportive américaine mordant cette fois-ci avec ses collègues dans une médaille, en chocolat.

Le sport français maintenant au sommet, comme pour tout champion le plus dur commençait : le rester.

« Impossible n'est pas Français, car ensemble, nous sommes inarrêtables ».

Le rêve olympiqueWhere stories live. Discover now