Elle est encore là. Quelque part entre les arbres, je sens encore cette présence. Elle se rapproche encore et encore. Et moi, je cours toujours.
Je cours à travers la forêt. Je continue d'avancer sans savoir où je vais, mon cœur battant à toute vitesse, prêt à sortir de ma poitrine.Tous les arbres se ressemblent. J'ai l'impression de tourner en rond. Leurs branches dévêtues de feuilles se tendent vers moi, comme prêtes à m'agripper et m’éraflent la peau. Mais cela ne m'arrête pas pour autant. Je veux fuir. Alors je cours comme si ma vie en dépendait. Ce qui est peut-être le cas. Je n'entends que le bruit du vent qui siffle à mes oreilles et les battements précipités de mon organe vital malmené. Le souffle court, je tente de garder tous mes sens en alerte.
La chose est là quelque part. Je jette un regard furtif derrière moi, mais je ne distingue rien. Je ne comprends pas, elle semble partout et nulle part à la fois.
Déconcentrée par la panique, je me prends les pieds dans une racine. Ignorant l'angoisse qui me tord l'estomac, je m'empresse de me relever et continue ma course au travers de la forêt sans même me retourner.
Je sais qu'elle est ici. Et pourtant je ne distingue rien. Seulement sa présence pesante et les arbres qui semblent se resserrer autour de moi, me plongeant de plus en plus dans l'obscurité.Au bout de plusieurs minutes à m'enfoncer plus profondément dans la forêt, je finis par retrouver un chemin semblable à celui que j'avais emprunté l'autre fois. Je m'y engage sans hésiter dans l'espoir de m'échapper de cet endroit, mais m'arrête un instant plus tard. Au bout du chemin, un peu à l'écart des arbres, un portail se dresse. J'hésite à avancer. La présence semble s'être un peu effacée, bien que je la sente toujours. Je fais quelques pas incertains dans la direction du portail, cherchant à percevoir ce qu'il y a derrière, mais un brouillard obscur dissimule les lieux et commence à engloutir l'entrée.
La brume s'épaissit, grandit et se propage jusqu'aux arbres. Mon ventre se noue et mon sang se fige tandis que je la vois engloutir peu à peu la forêt. Je n'ai aucune envie de me retrouver dans ce brouillard. Sans réfléchir, j'ordonne à mes jambes de faire demi-tour.
J'ai beau courir pour fuir cette brume obscure, elle se referme peu à peu autour de moi. Une peur panique m'envahit lorsque le seul passage que je vois se fait engloutir dans le noir. Je n'ai plus de moyen de repli. Mes jambes me lâchent et mon souffle se bloque dans ma gorge me donnant l'impression d'étouffer.
À genoux dans les feuilles mortes, mon dernier réflexe est de lever les yeux vers le ciel en quête de lumière, cependant au-dessus de moi, la brume prend possession de l'espace et forme un dôme flottant qui semble dangereusement se rapprocher.
Affolée par la tournure des éléments, mon cœur cogne à toute vitesse dans ma poitrine et résonne jusqu'à mes tempes. Je hurle lorsque je comprends que cette brume maléfique va se rabattre sur moi. Ne pouvant réagir autrement, je ferme les yeux en attendant l'impact et me retrouve dans le noir complet.
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La Malédiction des Mortelange
FantastiqueÀ l'approche de leur dix-huit ans, Nathaël et Daniella Mortelange, apprennent le départ de leurs parents pour le travail sur un nouveau chantier. Ils auront leur maison pour eux tout seul pendant deux semaines et comptent bien en profiter. Cependant...