20 Avril, Kinshasa RDC
Ce n'était pas le bruit des voitures qui passent dans la précipitation des premières heures du matin qui m'avait réveillée. Celui auquel j'était habituée. Les coureurs du matin se mettent au pas. Certains le faisaient de manière systématique et d'autres ne s'y mettaient que lorsque des poignées d'amour apparaissaient et qu'ils ne pouvaient plus entrer correctement dans leur jeans favori. Personnellement je préfère courir le soir, à la tombée de la nuit: quand les parfums florales se dégagent et que la circulation est moins dense sur le court alors je me permets quelques sprints en guise de dose d'adrénaline dans les jours ennuyeux.
Ce matin, ce qui me réveillait était le silence qui résignait dans la maison. Eh oui, l'absence de bruit peut être dérangeante. Sade*, ma colocataire et amie de longue date était au Nigeria pour passer une semaine de ses vacances en famille et Liam était en weekend avec mes frère, ils se faisaient une semaine entre hommes. Moi dans tout ça? Je glande dans mon lit. Bon c'est pas tout, il faut que range un peu la maison et que je jette un coup d'œil à des dossiers que j'ai ramené.
Sade, Liam, Marcus, Dave et moi sommes en vacances pour 4 semaines à Kinshasa ; et lassez moi vous dire que ce sont des vacances bien méritées! Après toute cette flemmardise et cette quiétude, le retour à la réalité vas être brutal.
Ma douche prise, croissant, salade de fruit et yaourt fait maison au petit déjeuné ; je passe un coup de fil aux garçons pour savoir comment se passe leur weekend. Après quelques bisous de Liam et les taquineries de mes frères je raccroche. Et puis là, rien. Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire de ma journée? Rangement:fait, manger: fait, douche: prise et pour combler le tout il n'y a rien qui retienne mon attention sur le câble. Après quelques minutes d'hésitation sur quelle direction prendre, je sors de la maison vêtue d'un jean, débardeur et chemise par dessus. L'atmosphère de Kin est toujours lourd due au taux d'humidité très élevé dans l'air mais après deux semaines, on finis par s'y habituer.
Je marche sur l'avenue qui longe le fleuve Congo , dans la commune de la Gombe, sans vraiment savoir ou je vais. Je laisse mes pieds me guider et donne libre cours à mon imagination. En passant je lance des bonjours à des visages qui aujourd'hui me sont familiers: des coureurs, des jardiniers, des dragueurs, bref la routine quoi! J'aime marcher comme ça, sans objectif précis; mes prières dans le cœurs et des louanges dans les oreilles. J'aime penser que dans ces moments là des anges chantent avec moi et guident mes pas. Je ne sais pas mais ça a un côté rassurant, de savoir que mon Dieu fait les choses tellement bien que je n'ai pas à m'en soucier.
Mes pensées sont interrompues par une scène qui attire mon attention: un militaire de la garde présidentielle fumait un joint contre un arbre, qui me semblait être un manguier, en compagnie de deux jeunes filles vêtues très légèrement dans une attitude libertine. J'observe la scène et la mémorise dans le but de la reproduire sur papier une fois à la maison. Ah le monde, il est bien meilleur dans ma tête que dans la réalité.
Sur le chemin du retour je reçois un appel de Sade. On sent bien qu'elle est de retour chez elle; elle passe du français au Pidjin en passant par l'anglais.
- fine girl, how you dey? You no go believe what happened to me! ( belle gosse, tu devineras jamais ce qui m'est arrivé!)
- heh pardon! Reviens au français. Ton affaire de Pidjin là ça passe pas avec moi.
- ah laisse, je suis trop contente. Tu ne devineras jamais ce qui m'arrive.
- quoi? T'as rencontré l'homme de ta vie c'est ça?
- sia! Tu sais bien que mon cœur n'est pas à prendre.En Fait , Sade a un faible pour Dave, mon frère, et lui aussi en pince pour elle d'ailleurs. Ils se tournent autour comme dans une danse de séduction et jouent à qui cédera en premier. Moi je me contente de les observer, après tout ils sont adultes et vaccinés, ils se connaissent depuis plusieurs années maintenant et donc je les laisse gérer.