Chapitre 2

18 3 0
                                    

Léna tourna la tête avec difficulté, comme si chaque mouvement était une épreuve en soi. Le cauchemar laissa derrière lui une migraine lancinante qui pulsait avec chaque battement de son cœur. Elle cligna des yeux et aperçut son réveil en forme de nuage, avec ses chiffres luminescents. Il affichait 3:30. La lumière tamisée de la lune, filtrée à travers les rideaux, jetait une lueur pâle sur la pièce, accentuant le contraste entre l'obscurité environnante et l'éclat du réveil. Il était beaucoup trop tôt pour envisager de sortir du lit, mais l'insomnie menaçait déjà de s'installer. Avec un soupir fatigué, elle tendit la main vers son téléphone posé sur la table de nuit. Ses doigts tremblants déverrouillèrent l'écran, et une notification apparut. Son amie Sasha avait envoyé une vidéo quinze minutes plus tôt. Elle toucha l'icône de la vidéo et l'écran s'illumina, révélant Sasha, une bouteille à la main, au milieu d'un groupe animé de leurs camarades de classe. Sasha se déhanchait au rythme de la musique, son sourire éclatant amplifiant la chaleur joyeuse de l'ambiance. La caméra capta les mouvements synchronisés des autres, et Léna pouvait presque sentir la chaleur de la soirée à travers l'écran.

 - Ma petite Léna ! Tu aurais dû venir !!! Je te jure, c'est trop génial ici ! Tu me manques ! Faut qu'on se capte avant la rentrée ! »

La voix de Sasha, à la fois enjouée et pleine de regrets, résonna dans la chambre de Léna. Les mots semblaient se perdre dans la pièce silencieuse, accentuant la solitude que Léna ressentait en regardant son amie s'amuser sans elle. Léna posa le téléphone sur le lit, se perdant dans ses pensées, tandis que la migraine continuait à pulser en arrière-plan. Entre deux éclats de rire et des éclats de voix étouffés par la musique, Sasha buvait de grandes gorgées de sa bière dorée, savourant chaque instant de la fête. Une grimace de dégoût se formant sur les lèvres de Léna. Elle n'aimait pas les soirées, les fêtes ou tout ce qui ressemble à un rassemblement. Le monde vibrant de couleurs, le bruit assourdissant, rien de tout cela ne parvenait à éveiller son intérêt. Les foules et les festivités semblaient être une autre dimension, une qui lui était complètement étrangère. Elle n'était pas du genre à sortir, à s'amuser, à boire et à perdre le contrôle au point d'oublier les détails de la soirée à cause de l'effet de l'alcool. Et même si cela avait été le cas, ses migraines ne lui permettait pas de faire ce genre de sortie. La douleur était parfois si intense qu'elle la clouait au lit pendant des jours. Certains jours, elle était incapable de bouger, et pour les crises les plus sévères, elle pouvait crier de douleur, incapable de trouver de soulagement. Les visites fréquentes à l'hôpital, les consultations avec des spécialistes, tout avait été en vain. La cause de sa souffrance restait un mystère, et le seul remède était le passage du temps, lent et douloureux. Léna répondit brièvement à Sasha par un « haha, tu me manques aussi » dépourvu d'enthousiasme et posa son téléphone sur la table de nuit avec un soupir résigné. Elle et Sasha se connaissaient depuis la maternelle, leur amitié ayant survécu aux caprices du temps et aux aléas de la vie. Malgré leurs différences évidentes, sur le plan mental et émotionnel, elles avaient réussi à s'entendre et à devenir inséparables. C'était un miracle, comme le disaient certains de leurs professeurs, une connexion rare qui défiait les attentes. Pourtant, dans ce monde de douleur et d'isolement, Sasha était tout pour Léna. Elle fixa le plafond avec un regard perdu. Le silence de la chambre, seulement perturbé par le léger bourdonnement du ventilateur, était à peine rompu par le murmure des oiseaux dehors. Après quelques minutes, épuisée par la lutte entre le sommeil et la conscience, elle retrouva finalement les bras de Morphée. Quand elle ouvrit les yeux à nouveau, les premières lueurs du matin perçaient à travers les rideaux légers, envahissant la pièce d'une lumière dorée qui baignait chaque recoin de sa chambre. Les murs, autrefois tapissés d'ombres, semblaient maintenant vibrer sous la chaleur douce du soleil. Elle cligna des yeux, espérant que cette lumière apaisante serait suffisante pour chasser le reste de sa migraine, mais elle déchanta rapidement en constatant que la douleur persistait. Heureusement, la migraine était moins féroce. Depuis son enfance, elle avait appris à composer avec ce problème lancinant, un fardeau constant qui l'avait poussée à créer l'échelle de la migraine, surnommée « le migrainomètre ». Aujourd'hui, elle pouvait évaluer la douleur à 5 sur 10 — une amélioration notoire par rapport aux jours plus sombres où l'intensité frôlait le 7. Cette échelle, loin d'être une solution, était devenue une manière de quantifier l'insupportable. Elle balança ses jambes hors du lit, ses pieds touchant le sol frais, et se dirigea lentement vers la salle de bain. Ses mouvements étaient encore empreints de la torpeur du sommeil alors qu'elle se frottait les yeux, essayant de chasser les derniers vestiges de fatigue. Elle étendit la main vers l'interrupteur, et la lumière cligna brièvement avant de s'installer dans une illumination vive et criarde. Devant le miroir, elle se retrouva face à elle-même, les traits marqués par la fatigue. Elle bailla de toute son âme, un bâillement si profond qu'elle eut l'impression que la lumière, comme en réponse, s'intensifiait, illuminant encore plus intensément les cernes de son visage. Après une douche réconfortante et un maquillage minimaliste destiné à masquer les signes de la nuit agitée, elle descendit l'escalier familial. Les marches en bois craquèrent sous ses pieds tandis qu'elle se dirigeait vers la cuisine, cherchant une collation et le réconfort d'une routine matinale. Sa mère était vraisemblablement déjà partie au travail. Quant à son père, il devait traîner quelque part dans les recoins discrets de la maison, probablement plongé dans ses propres routines du matin. « Il doit être dans le garage, » murmura-t-elle, sa voix à peine audible dans le silence matinal de la maison. Elle attrapa une compote et une barre de céréales sur la table de la cuisine, puis emprunta le couloir qui menait au garage. Le garage, plongé dans une lumière douce filtrée par une fenêtre sale, était encombré de divers outils et de pièces éparses, témoins d'un chaos organisé.

La Prophétie des Deux MondesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant