Il fait beau. Beaucoup trop. Le ciel est bleu et nuageux, les oiseaux chantent, et il y a même du vent qui nous rafraîchit et nous apaise de cette foutue chaleur. L'été touchera bientôt à sa fin, le soleil est bien caché, mais mon t-shirt baigne dans ma sueur. J'ai envie de fumer.
- ... Tu m'écoutes ?
Non, je lui réponds.
Puis elle se tait enfin. Et là, le vent souffle encore plus fort. Une, deux, trois, quatre minutes de silence, et elle me dit :
- C'est fini entre nous.
- Je sais.
Elle se lève du rebord de la fenêtre, et me roule une pelle comme elle ne l'a jamais fait. Je lui rends son baiser, mais quelques secondes après elle s'en va, sans un regard en arrière. Je la regarde, je regarde ses longs cheveux roux, sa mini-jupe en cuir, son haut blanc ; elle a dû faire beaucoup d'efforts pour s'habiller comme çà.
- T'es sérieux là ?! Rattrape-la et excuse-toi !
Mon frangin est enfin sorti de sa cachette. Je prends mon paquet de cigarettes et mon briquet dans la poche de mon jean : une cigarette, génial...
- Tu m'écoutes ?
Non, je lui dis.
Je porte la cigarette à ma bouche tout en l'allumant, je profite de tirer une grosse taffe tant que Fred est sous le choc. La fumée chaude qui passe de la bouche au nez, le goût de la cendre et du papier sur la langue, le bout rougeoyant de la cigarette. Juste, magnifique.
- T'es con mec. De plus, tu ferais mieux de l'éteindre ! Papa veut qu'on le rejoigne à l'église, si il sent le moindre truc suspect je donne pas cher de notre peau !
Le géniteur. Toujours a tout foutre en l'air. Je tire encore une taffe, la dernière cigarette... Avant demain. Puis je jette mon mégot, et le piétine dans le sable. Fred me tends son bandana pour je ne sais quelle raison.
- Quoi ? Je demande.
- Ton visage, t'as du rouge à lèvres plein la tronche. Il me dit.
Çà ne sert à rien, j'ai déjà la gueule en compote. Mais je préfère la fermer et, j'essuie mon visage avec le bandana sans me soucier de l'endroit exact où le rouge à lèvres de Malory a dérapé. Son bandana bleu a viré au violet, mais autre chose semble dérangé Fred.
- Quoi ?
- T'es cheveux.
Dire qu'on doit se faire belle pour le paternel. Je lâche l'affaire. Je jette un coup d'œil à la fenêtre d'à côté. Je peux voir l'intérieur de la salle de classe, le tableau noir, les bancs poussiéreux, les tables et les murs gravés de blagues salaces, de nichons, de bites ou de surnoms douteux. C'est tout mon lycée qui s'en va : ce bâtiment miteux, penché, et aux fenêtres trop bas ; la clôture à l'allure de prison ; et cette vaste plaine à l'arrière.
- Mec ! Faut vraiment qu'on y aille !
Oui, je ne suis pas sourd. Je rétorque. Je traîne le pas, j'ai pas envie d'y aller.
On traverse la plaine, le vent souffle de plus en plus fort et les nuages sont de plus en plus volumineux. J'ai la tête dans le cul et le cœur dans l'estomac, je veux juste dormir.
- Elle reviendra ? Me demande Fred.
- Qui ?
- Tu sais très bien de qui je parle, t'as beau faire le fier, je sais qu'au fond, t'espère qu'elle reviendra.
![](https://img.wattpad.com/cover/375173362-288-k114224.jpg)
VOUS LISEZ
Feeling ( En Pause )
Ficción General"Une ville." "Deux frères." "Une cigarette." "Et un flingue." "Il n'en faut pas plus pour atteindre le plus beau des rêves "