Chapitre 2

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"Les yeux brouillés par les larmes, je n'aperçois que les ombres de ces monstres. Je me débats, mais rien à faire, ils sont bien plus forts que moi. Aucun de mes supplices ne les arrête..."

Je me réveille en sursaut, le visage trempé de sueur et de sanglots. Encore un de ces monstrueux cauchemars. Il faut qu'ils cessent sinon Hannah pourrait se poser des questions. Et même si elle sait qu'ils existent, elle en ignore les raisons et ça ne doit pas changer. Pourtant, ils étaient de moins en moins présents. J'arrivais même à passer plusieurs jours sans. Revoir Hayden m'a rappelé tout ce que j'avais décidé d'oublier. Et ma fin de soirée n'a pas aidé non plus.

Les rayons du soleil qui pénètrent la chambre me réveille. Le lit d'Hannah n'est pas défait, je scrute mon portable, mais aucun message ne s'y trouve. Malgré l'inquiétude, je me rassure, elle a dû rester avec Alan comme je l'avais supposé. Dans la douche, je plonge la tête sous le jet d'eau chaude. Comme si ça pourrait effacer les souvenirs de la veille. Oublier le gars écœurant. Oublier Hayden. Je me voile la face. Oublier Hayden est une chose impossible. J'ai déjà essayé. Mon portable m'annonce l'arrivée d'un texto au moment où je finis d'enfiler mes vêtements. C'est Hannah qui me demande d'aller la chercher, je la préviens que j'appelle Alonso, puis qu'on la rejoint.

[Nan, viens seule. J'ai besoin de te parler.]

L'inquiétude me gagne à nouveau. C'est étrange qu'elle ne veut pas qu'Alonso soit là. Après tout, c'est tout autant son ami que le mien. Même si je suis consciente qu'ils ne seraient pas amis sans moi. Je devrais rejoindre la fraternité à pied, heureusement qu'elle n'est qu'à quinze minutes. Une queue haute, un léger maquillage et une veste teddy rouge et blanche plus tard, je me mets en route, mon casque sur les oreilles.

La musique qui se met en route lorsque je lance la playlist est plutôt ironique. "I fell in love with the devil". Je souris du coin des lèvres. Cette chanson, je l'ai écoutée en boucle après cette journée où la noirceur s'est abattue sur ma vie. Elle me rappelle chaque heure, chaque minute, chaque seconde de ce moment. Il y a cinq ans, j'aurais pleuré en l'écoutant, mais je suis plus forte que ça maintenant. Du moins c'est ce que j'espère. Car depuis hier, je remets tous mes efforts en question. À cause de lui.

L'air est chaud ce matin, une légère brise passe sur mon visage tandis que je suis arrivée devant la maison sans m'en rendre compte. Prenant mon courage à deux mains, j'y pénètre. Tout est calme. Des cadavres de bouteilles et des gobelets jonchent le sol. Je ne vois pas personne, pas même Hannah. D'un message, je l'informe que je suis là et remets mon téléphone dans ma poche, mon casque toujours sur les oreilles. Un coup d'œil au salon me permet de voir que plusieurs personnes sont endormies sur le sol, sur les canapés, partout où ils ont pu trouver une place. La cuisine, quant à elle, est vide. Seuls les souvenirs de la veille ornent le sol ainsi que les plans de travailler. On pourrait presque oublier que cette pièce est une cuisine.

Sentant une présence derrière moi, je me retourne vivement pour me retrouver face à un Hayden interloqué. Nous restons plantés là, à nous regarder dans un silence tendu. Il ne porte qu'un simple t-shirt d'ACDC et un jeans noirs, je le trouve pourtant toujours aussi beau. Je secoue la tête et me concentre sur les traits de ses tatouages qui recouvrent ses bras, ses mains et son cou. Aussitôt, je remarque qu'il y en a des nouveaux. Je ne devrais pas le scruter de cette manière, mais je suis beaucoup trop nerveuse pour le regarder dans les yeux. Ma nervosité monte d'un cran quand il fait un pas vers moi. Je lève les yeux pour les planter dans les siens. Fuir, voilà ce que je devrais faire. Un pas de plus, ma respiration et mon rythme cardiaque s'accélèrent. Il le sait. Le sourire qui se forme sur son visage le trahit. L'effet qu'il a sur moi, savoir qu'il peut me faire perdre le contrôle de sa simple présence lui a toujours plu. C'est un jeu pour lui. J'ai mis du temps à le comprendre. Ce gars est l'être le plus exécrable, le plus détestable que la race humaine puisse compter. Il avance plus près encore, je ne quitte pas son regard. Il faut que je me reprenne. Il continue à venir vers moi, je dois faire quelque chose.

Pure revenge - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant