Le D E B U T de la F I N.

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A travers les parois fines de la tente, le soleil se fraie un chemin jusqu'à mon visage, joue avec mes cils de sa lumière dorée, me chatouille et me réchauffe. C'est si bon. Je m'étire, me délecte du chant des oiseaux, de l'ombre des pâquerettes qui se projette contre le tissu vert de ma toute petite maison. De notre maison.

Les yeux encore collés, j'essaye de distinguer sa fine silhouette, enroulée dans une couverture aux motifs fleuris. Avec délectation, je passe une main sur la masse informe qui repose tendrement à côté de moi. Sous le tissu molletonné, j'essaye de sentir ses courbes gracieuses du bout des doigts, comme si sa peau basanée aurait pu me brûler. Doucement, je me rallonge à côté d'elle, posant mes mains sur mon estomac. Je les sens se soulever au rythme de mes inspirations, mon ventre comme une vague, et elles, comme des petits navires perdus au milieu de l'océan. Je referme les yeux, je m'imprègne de cette atmosphère matinale qui suffit à me combler de bonheur. Petit à petit, comme ivre de soleil et de pâquerette, je me laisse emporter dans un état second, un état ou tout les souvenirs de la veille prendrait d'assaut ma boite crânienne, remplirait mon cœur de caramel.

Je me souviens bien. C'est comme si j'avais encore son souffle sur ma nuque, ses mains sur ma taille, ses lèvre un peu partout. C'est comme si ses promesses résonnaient encore dans mes oreilles.

C'est comme si, dans l'obscurité, nos rires se mêlant encore, je replongeais dans Hier et ses surprises.

Hier et nous deux collées, et ses fins poignets tout abîmés, et sa voix un peu plus douce à chaque fois, et son T-shirt vert, et cette longue ascension jusqu'à très haut dans le ciel de minuit. Hier et mon anniversaire.

J'ai seize ans, elle en à dix-huit. Et puis, elle m'a juré qu'elle m'aimerais jusqu'à sa mort, j'ai fait de même. Depuis quand ça a commencé, depuis quand es ce que je l'aime comme ça ? Depuis toujours je pense.

Alors, avec notre Toujours comme une arme de guerre, on pourra combattre ceux qui sont pas d'accord, ceux qui trouvent sa sale, notre amour. On se mariera même, si elle veut.

Une branche se brise jute à côté de mon oreille. Le charme se rompt. Je me lève une deuxième fois, encore moins réveillée que la première. Mais ce n'est pas grave, je pense à la façon dont je pourrais me blottir dans ses bras, replonger dans une délicieux sommeil, me gaver de son odeur. Vanille et sueur quand il fait chaud.

Je roule sur le côté, me rapproche un peu plus d'elle, soulève avec application le plaid en essayant de ne pas la réveiller.

Mais ce n'est pas Camille que je découvre sous le tissu.

Il n'y a personne.

Il n'y a personne endormi à côté de moi.

Il n'y a rien ni personne.

Ni elle, ni ses habits roulés en boule dans un coin de notre petit chez nous.

Camille a disparu.

C A M 'Où les histoires vivent. Découvrez maintenant