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Les visites de Camille furent de moins en moins espacées, pour le plus grands plaisir des sœurs et de Mynthe et Taym, les parents. Il manifestaient un profond amour pour la petite fille qu'ils trouvaient adorable. A plusieurs reprises, ils l'invitaient à les accompagner au parc, à la plage ou encore à faire des tours de grande roue, en face du Prado et de son célèbre David, cul nu au milieu d'un rond-point.

Et, plus les mois passaient, plus Camille trouvait sa place dans cette famille aimante, comme un refuge pour elle. De leur côté, Bergamote et Mélisse étaient enchantée de cette nouvelle sœur qui sortait des histoires de sa tête avec une facilitée déconcertante. Avec elle, une balançoire devenait un fier navire traversant avec vaillance une mer déchaînée, un tourniquet une navette spatiale, les calanques de Marseille, un paysage asséché et dévasté par le souffle puissant d'un dragon centenaire.

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Alors que, Fernando, l'animal imaginaire de Camille, s'était perdu dans la capitale du Monde En Sucre, un des pays le plus touristique et réputé du Monde Imaginaire, Bergamote interrompit leur voyage, une idée en tête. Assise sur le rebord d'un trottoir, la mine fière et gaillarde, elle proposa :

-Il faut qu'on fasse une cérémonie, Cam'. Il faut qu'on fasse un pacte de camarade d'aventure.

-Un pacte ! Oui, bonne idée... mais comment ? je sais pas faire de pacte moi.

Justement, il s'avérait que Bergamote, elle, savait. La veille, blottie entre ses parents, elle avait vu un film dans lequel deux amis scellaient une promesse par le sang, mélangeant ainsi leurs fluides et renforçant le lien qui les unissait. Toute la nuit, elle y avait songé avec une citation grandissante. Si jamais elle faisaient ce pacte, Camille lui appartiendrais pour l'éternité et inversement, elles ne se quitteraient jamais.

-Il faut qu'on fasse un pacte de sang ! Elle mordit quelque seconde sa lèvre inférieure, et lui fit un grand sourire, heureuse à l'idée de pouvoir partager son idée de génie. T'inquiète, j'ai tout apporté. On va se couper le pouce, mélanger nos deux sang et faire une empreinte de nos doigts sur la feuille, okay ?

L'autre acquiesça, ça lui plaisait de savoir qu'après ça, plus rien ni personne ne pourra les séparer, toute les deux.

Bergamote sortit un petit couteau suisse qu'elle avait eu pour son anniversaire, le plaça à l'horizontale sur son pouce, serra la mâchoire et ferma les yeux. Un peu moins sure d'elle, elle parvint à murmurer entre deux souffles rauques :

-On compte jusqu'à trois, j'ai peur.

Un,

Deux,

Trois,

Chlack !

Un petit trait rose, bientôt rouge, apparut au milieu du doigts de la petite qui expira, soulagée. Ça ne faisait pas si mal, finalement. Ce fut ensuite au tour de Camille.

Elle comptèrent, elle coupa, elle souffla.

Elles saignèrent.

Et puis, avec leur poitrine gonflée de joie et de certitudes, elles appuyèrent leurs pouces l'un contre l'autre, leurs deux sang ne faisant qu'un. Solennellement, elle laissèrent l'empreinte de leurs doigts sur une feuille de papier froissée.

La cérémonie était terminée.

Elle était désormais liée.

C A M 'Où les histoires vivent. Découvrez maintenant