La musique fait palpiter mon cœur. Je le sens battre trop rapidement, et j'ai l'impression qu'il est pourtant sur le point de s'arrêter. Va-t-il le faire ? Dans plusieurs minutes ? Dans quelques instants ?
Boum. Boum. Boum.
Ça ne s'arrête pas.
L'air me manque, pourtant, je ne peux ni faire demi-tour, ni prendre mes jambes à mon cou pour trouver une fenêtre et respirer. À la place, je suffoque. Je suis figée, les pieds emmurés dans le sol, les larmes menaçantes de me maquiller. Je secoue la tête, comme pour les faire partir (si seulement) et je regarde vivement autour de moi, tandis que la solitude s'effondre sur mes épaules. Tout le monde s'amuse. J'entends des rires, des chansons, des baisers. Je vois des danses, des jeux stupides, des fêtards, en conclusion. Tout le monde semble à sa place, sauf la petite blonde au centre de la pièce, beaucoup trop perturbée ou juste trop cinglée pour profiter...
Pourtant, il n'y a pas si longtemps, j'étais à leur place. Je me fichais de tout, je riais plus fort que la musique, je montais sur les tables pour qu'on me regarde danser. L'alcool coulait à flot et surtout dans mon sang.
Pourquoi tout a changé ?— Allez June, fais un petit effort, juste pour moi !
Je sursaute tandis qu'Ivy me tire le bras et je manque de tomber en la suivant. Enfin, en me laissant entraîner par sa poigne. Je n'ai pas le temps de soupirer que je suis tirée dans la foule.
Ivy est ma meilleure amie, c'est pour elle que je suis ici aujourd'hui. Elle connaît mon malaise vis-à-vis des soirées mais je savais que celle-ci était importante à ses yeux. C'est l'anniversaire de son copain, que je n'ai encore jamais rencontré, alors j'ai choisi de venir. Elle m'a donc rassuré à base de : « ce n'est qu'une petite fête », « on sera en comité privé ».
Voilà comment je me retrouve dans une marée humaine, qui ne ressemble absolument pas à un « petit comité ». On se glisse parmi les personnes présentes, et je la supplie (silencieusement) de me lâcher. De me laisser partir. On percute plusieurs épaules, je balance quelques désolée qui ne trouvent aucun destinataire, avant de continuer notre chemin, qui ressemble plus à un périple qu'autre chose. Je veux m'en aller et crier dehors.
Mon cœur se remet à cogner trop fort et j'ai le tournis. La main d'Ivy me lâche et elle se tourne vivement pour me faire face, en marmonnant quelque chose que je ne comprends pas. Elle me désigne un coin dans la pièce et j'en déduis qu'elle veut que je l'attende là. Enfin, si ce n'est pas ça, je ne peux pas lui demander une confirmation qu'elle s'enfuit déjà.
Je cligne des yeux plusieurs fois et regarde autour de moi pour trouver un emplacement pour m'asseoir, mais tout est pris : le canapé est occupé par un couple qui se bécote, les chaises sont toutes autour d'une table de joueurs, et dans les deux cas : je n'ai pas envie de me taper une incruste et de passer un moment plus que gênant. Si quelques mois avant ça ne m'aurait pas dérangée, maintenant, je ne veux plus me mêler aux autres. Encore moins à des inconnus. Mes yeux détaillent tout le monde et je ne remarque aucune connaissance. Dois-je rappeler qu'on m'avait assurée que cette soirée était une petite fête ?— Ju !
Ivy est de retour, Dieu merci, je n'ai pas eu besoin de rester statique et seule trop longtemps. Je lui envoie un petit sourire et je remarque la personne qui se tient à ses côtés.
— Mason, mon copain, June, ma meilleure amie, nous présente-t-elle.
Il hésite à me faire une accolade mais je lui tends la main droite, à la place. Mauvais nouveau réflexe. Je vois une lueur de surprise traverser son regard, très vite remplacée par de l'amusement. Tant mieux, il n'y a rien de plus barbant que les personnes qui sont mal à l'aise pour un rien. Il me serre la main avant de la lâcher. Je replace la mienne sur mon bras gauche, en me balançant légèrement.

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L'amour derrière nos ombres
RomanceCertaines routes ne sont pas destinées à se croiser, surtout celles de June et Ethan : tout les pousse à ne pas se frôler de trop près. Mais les âmes écorchées se reconnaissent toujours. Son monde s'est écroulé une nouvelle fois, Le sien est en rui...