Ils ne sont guère plus d'un millier d'habitants, et pourtant, ce soir, tout le village semble rassemblé sur la petite place centrale. Ce village, jadis plein de vie et de chaleur humaine, est désormais englué dans une atmosphère pesante, où la peur et le soupçon ont pris le pas sur la camaraderie d'autrefois. Les maisons en pierre, modestes et usées par le temps, entourent l'esplanade, leurs toits de chaume se dressant comme des témoins silencieux de la détérioration des relations entre voisins. Les ruelles pavées, habituellement animées par les rires des enfants et les salutations bienveillantes des anciens, sont maintenant désertes, comme figées par une tension palpable.Au cœur de cette place, un attroupement. Les regards échangés sont méfiants, les visages fermés, marqués par l'inquiétude et la colère. Le bruit sourd des murmures et des accusations emplit l'air.
— Je propose que le coupable soit brûlé ! lance un fermier, sa fourche brandie comme une arme de justice.
— Décapité ! rétorque le forgeron, sa hache luisant d'une lumière sinistre.
Les cris enragés de la foule ne font pas broncher les quelques membres de la sécurité, qui restent plantés au milieu de l'attroupement, stoïques. Une femme en pleurs cache les yeux de ses enfants avec sa robe de nuit, un vieux tissu de coton jauni par les années, pour les protéger de la violence qui gronde autour d'eux. À côté d'elle, un jeune homme d'une vingtaine d'années, le visage inondé de larmes, hurle sa rage. Deux hommes plus âgés le retiennent par les coudes, tentant de prévenir un affrontement avec les forces de l'ordre.
Un peu plus loin, un vieillard discute calmement avec le maire du village. Ce dernier, visiblement accablé, semble avoir besoin d'un instant de répit, ses traits tirés par l'angoisse des décisions à venir. Et là, à la lisière de l'attroupement, une jeune fille de dix-sept ans observe tout. Ses yeux captent chaque détail, chaque émotion, chaque geste. Elle a vu la femme au cœur brisé, le garçon enragé, le vieux sage aux paroles toujours précieuses et bien sûr, le cadavre gisant du pauvre garde-chasse. Rien ne lui échappe, car elle sait se rendre invisible. Habituée à ne jamais attirer l'attention, elle a développé l'habitude de porter la sienne sur les autres.
Vêtue de haillons ou de vêtements faits à la main, elle se considère comme une ombre, indigne d'intérêt. Ses boucles blondes, rassemblées en un chignon bas et négligé, et la boue qui macule le bas de sa robe témoignent d'une vie rude, loin des raffinements. Peut-être a-t-elle vu ce qui s'est passé cette nuit-là, peut-être en sait-elle bien plus que tous les autres... Mais personne ne le saura, à moins que quelque chose la pousse à se confier...
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Hurlements de minuit || jeu loup-garou
WerewolfUne courte histoire d'amour où l'animation du jeu « loup-garou » rend à nos personnages leur histoire plus sombre que prévu. Seul le prologue est sorti (et écrit) ce n'est qu'un teaser pour ce qu'il vous attend.