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Le 16 octobre 2025


Emy,


Encore une fois, tu m'as sauvé. Quand j'étais sur les toits de Nantes, rien n'aurait pu m'arrêter... sauf toi, Emily. Je t'ai entendue une dernière fois... Ta voix fut l'écho de cette personne que tu as été, elle rebondit encore sur les buildings.

Et dire que je m'apprêtais à rencontrer la mort dans son habit de néant, tu as repoussé le rendez-vous, ma sœur.

***

Et puis, il y avait Megan aussi.

***

J'ai sauté.

Elle m'a attrapé de toutes ses forces, quitte à sombrer avec moi dans les profondeurs de la ville.

Mais sa volonté dépassait cette fatalité qui nous attendait tous deux.

Elle m'a attiré au bord.

Elle a laissé ses tresses bleues sur mon visage tandis que nous étions affalés sur le bitume.

Elle m'a supplié, je n'ai rien répondu, les yeux dans le vague.

Et puis elle a regardé la vie dans les yeux et lui a dit,

"Ne laisse pas Orion te quitter, j'ai encore besoin de lui."

Avec détermination, elle m'a prit la main,

et je me suis relevé.

J'ai essuyé ses larmes avec tendresse,

j'ai regardé la mort dans les yeux et lui ai dit,

"A plus."

parce que Megan avait quelque chose pour moi,

elle avait un bout de toi dans la poche arrière.

Elle avait cet enregistrement gravé dans le temps et l'espace, logeant dans un petit mp3 merdique dont je ne voulais pas me séparer lors de mes années de collège.

Le son de l'air qui circulait dans ta gorge,

qui faisait vibrer tes cordes vocales comme un guitare.

Cette douce mélodie a suffit à guérir toutes mes plaies,

à en raviver certaines, aussi.

Mais, ce qui est sûr, c'est que dans ton au-delà de croyances et de peut êtres,

tu ne voulais pas me voir.

J'ai écouté cinq fois ton message, je crois.

J'ai empli mon cœur, gros bagage trop lourd, de cet amour qui le rendais plus léger, toujours assis sur le toit de ce qui devait être mon tremplin vers le plus rien.

Et puis après, j'ai embrassé Meg.

Comme ça, sans réfléchir.

C'était bon, c'était beau.

Elle est belle Meg, tu sais ?

Mais genre, vraiment belle.

J'ai pris sa taille ronde dans mes mains et son nez à chatouillé mon cou. J'ai sentis ses cils humides sur mes pommettes, son souffle de personne vivante, ses doigts dans mes cheveux. Et puis elle a collé ses lèvres aux miennes.

Je crois qu'à ce moment là j'ai été heureux.

Oui, j'aime bien Meg.

Je suis amoureux de Meg.

C'était parfait nos cœurs qui battaient à l'unisson, nos corps de chair et d'os qui s'épousaient, son âme qui étreignait la mienne. C'était parfait quand j'ai pu lui dire que tout d'elle m'envoûtait, qu'elle me plongeait à cet instant là dans un paradis autre que celui que je devais atteindre. On est allés chez elle, sans mot, juste ma main dans la sienne. On voulait pas croire que si elle n'avait été pas là, alors je serais explosé en contrebas, dans cette allée piétonne dégoûtante. On voulait pas entendre cette différente réalité, alors on faisait comme si de rien était, on essayait de combler ce silence pesant avec notre amour. Et, avec du recul, c'était bien la meilleure chose à faire. Elle m'a emmené dans sa chambre et, pendant quelque minutes, j'ai dit

"Salut !"

aux étoiles. j'ai su leur expliquer que je n'allais pas rester longtemps, elles ont compris, je suis rassuré. Après tout, ma constellation, je peux la voir d'en bas.

***

Sous ce voile de lumière, je flotte maintenant, libérée de la douleur qui m'étreignait autrefois. Le ciel m'accueille dans son étreinte silencieuse, et je deviens une part de ces étoiles qui brillent au-dessus du monde que j'ai quitté. Mais même ici, dans cette éternité tranquille, une douleur subsiste, une ombre qui refuse de s'effacer. Orion, mon cœur se serre en pensant à toi, à ce que tu as traversé après mon départ.

Orion... Mon petit frère, si tu savais comme j'ai pleuré en te voyant si perdu, si brisé par mon absence. Tu as tenté de rester fort, mais je pouvais sentir la douleur qui te rongeait, ce poids insupportable qui te poussait vers les ténèbres. Le jour où tu as décidé de me rejoindre, où tu es monté sur ce toit, prêt à tout laisser derrière toi, mon cœur s'est fendu. Je te voyais, si désespéré, si convaincu que la seule issue était de sauter, de mettre fin à cette souffrance.

Mais Megan... Megan était là. Elle t'a rattrapé au bord du vide, juste avant que tu ne bascules dans l'abîme. Elle t'a tenu, t'a supplié de rester, de ne pas abandonner. Je la voyais, cette lumière dans ses yeux, cette force désespérée qu'elle trouvait pour te ramener à la vie. Et toi, mon cher Orion, tu t'es accroché à elle, à cet amour qui t'a retenu quand tout semblait perdu.

Je suis tellement soulagée, tellement reconnaissante envers elle, mais aussi tellement triste de savoir que tu sois arrivé si près du point de non-retour. Je voudrais te dire que je suis désolée, que je n'ai jamais voulu que tu souffres autant. Si j'avais su à quel point mon départ te briserait, je serais restée, je me serais battue pour toi, pour nous.

Je suis là, Orion, dans chaque souffle de vent, dans chaque étoile qui scintille au-dessus de toi. Je veille sur toi, même si tu ne peux plus me voir, même si mes bras ne peuvent plus te serrer. Je t'aime, mon frère, plus que tout, et c'est cette pensée qui me hante ici, dans ce ciel infini.

Megan t'a sauvé, mais c'est à toi maintenant de trouver la force de continuer, de te reconstruire. Tu n'es pas seul, Orion. Elle est là pour toi, et moi aussi, même d'ici, où les larmes ne coulent plus, mais où l'amour persiste, éternel. Vis pour nous deux, pour toi et pour moi.

Rappelles-toi, tu t'appelles Orion, comme la constellation. Et si tu lèves la tête, tu pourra sûrement voir briller un nouvel astre dans le ciel, car nous sommes liés au-delà du réel, mon frère. 



BY ÖSSA & MILAGO

E M I L YOù les histoires vivent. Découvrez maintenant