introduction

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Alex marchait lentement sur le chemin de l'école, les premières lueurs du jour perçant à travers les nuages gris. Le soleil, bien qu'il se levât, semblait incapable de chasser l'ombre qui alourdissait son cœur. Il savait que chaque matin serait le même : une lutte contre des visages familiers, des rires moqueurs et des mots blessants. Les souvenirs des humiliations passées l'accompagnaient comme des fantômes, le hantant à chaque pas. "Loser", "faible", "sans amis" — ces mots résonnaient dans sa tête, le plongeant dans une angoisse sourde.

Alex n'était pas un garçon comme les autres. Il n'avait jamais été à l'aise sur un terrain de sport, préférant s'évader dans des mondes imaginaires à travers le dessin et la lecture. Alors que ses camarades jouaient au ballon et se faisaient des blagues, lui restait en retrait, captivé par ses propres créations artistiques. Ce qui aurait pu être une force était devenu sa plus grande faiblesse. Chaque matin, il sentait les regards de ses camarades, chargés de mépris, peser sur lui comme une lourde couverture de honte.

Aujourd'hui, il se dirigeait vers la cour de l'école, son cœur déjà lourd de tristesse. Il espérait retrouver Lucas, son meilleur ami, sa seule lumière dans cette obscurité. Lucas était tout ce qu'Alex n'était pas : charismatique, populaire, entouré d'amis. Mais malgré cette différence, Lucas était toujours là pour lui, prêt à le défendre face aux railleries. Ce matin-là, cependant, Lucas était absent. Un vide immense se formait en Alex, une solitude encore plus pesante qu'à l'accoutumée.

Les heures passèrent lentement, chaque minute semblant une éternité. Les cours étaient un véritable calvaire. Les rires et les chuchotements de ses camarades résonnaient dans son esprit comme des flèches empoisonnées. Lors de la pause déjeuner, un groupe de garçons, dirigé par Tom, un élève particulièrement cruel, s'approcha de lui. "Regardez, c'est le petit artiste ! Tu as dessiné un joli dessin de ta mère ? Elle est toujours aussi laide ?" Les rires éclatèrent autour de lui, et Alex se sentait rétrécir, comme s'il souhaitait disparaître, être englouti par le sol.

Il se dirigea vers le coin le plus éloigné de la cour, là où il espérait échapper aux moqueries. La solitude était devenue son refuge, son espace de créativité. Il sortit son carnet de croquis, ses doigts tremblants d'émotion, et commença à dessiner. Les traits de son crayon prenaient forme, tissant des paysages fantastiques, des personnages héroïques, des mondes où il pourrait enfin être en sécurité, loin de la réalité cruelle qui l'entourait. Mais même dans ce havre de paix, l'angoisse le rattrapait. Il ne pouvait s'empêcher de penser à Lucas, à son absence qui pesait sur lui.

Les jours passèrent, et la distance entre lui et Lucas semblait s'accroître. Son ami, autrefois si présent, était devenu distant, et Alex ne comprenait pas pourquoi. Peut-être Lucas avait-il besoin d'espace, peut-être qu'il en avait assez de devoir le défendre. Cette peur de perdre son ami le dévorait de l'intérieur, et chaque tentative de lui parler se soldait par un échec.

Un jour, alors qu'il rentrait chez lui, un message de Lucas surgit sur son téléphone : "Désolé, man. J'ai besoin de prendre mes distances pour un moment." Le monde d'Alex s'effondra. Ce simple message, dépouillé de chaleur, était comme une trahison. Il se sentit abandonné, démuni, comme si la dernière lueur d'espoir s'était éteinte.

Les semaines passèrent, et le harcèlement ne faisait qu'empirer. Alex se sentait de plus en plus isolé, enfermé dans une prison dont il ne pouvait s'échapper. Les mots de ses agresseurs résonnaient dans sa tête, et il se perdait dans un tourbillon de pensées sombres. Chaque matin, la peur de l'école le paralysait, et chaque nuit, il était assailli par des cauchemars, revivant les humiliations de la journée.

Lucas semblait s'éloigner davantage, et Alex commença à craindre que leur amitié ne survive pas à cette tempête. Puis, un après-midi, la nouvelle tomba comme un couperet : Lucas avait pris une décision tragique. La nouvelle du suicide de Lucas se répandit comme une traînée de poudre dans l'école. Alex fut submergé par un mélange de chagrin, de culpabilité et de colère. Il avait échoué à protéger son ami, à lui montrer qu'il n'était pas seul. Les larmes coulaient sur ses joues, tandis qu'il se perdait dans un tourbillon de souvenirs, se remémorant chaque instant partagé.

Les jours qui suivirent furent un véritable chaos. Les élèves, qui avaient été si cruels, semblaient soudainement regretter leurs actes. Mais pour Alex, il était trop tard. La perte de Lucas le plongea dans une dépression profonde. La culpabilité le rongeait ; il se sentait responsable de la mort de son ami. Les rituels de deuil, les pleurs, et la souffrance étaient devenus son quotidien.

La vie continua autour de lui, mais Alex était comme un spectateur, incapable de participer. Les jours se succédaient, chacun plus gris que le précédent. Il passait ses journées à errer dans sa chambre, entouré de dessins inachevés et de souvenirs douloureux. La perte de Lucas avait laissé un vide immense dans son cœur, et il ne savait pas comment le combler.

C'est dans cette obscurité qu'il trouva un semblant de réconfort. Une seule personne était là pour lui : Morgan. Elle était la seule à comprendre la profondeur de sa douleur. Morgan était une amie fidèle, toujours prête à écouter, à soutenir, à être là quand tout semblait s'effondrer. Ensemble, ils partageaient leurs peines, mais aussi leurs rêves perdus.

Les semaines passèrent, et bien que la douleur demeurât, Alex commença à trouver un certain apaisement dans la présence de Morgan. Ils passaient des heures à parler, à dessiner ensemble, à partager leurs propres histoires de lutte et de résilience. Morgan avait également connu le harcèlement, et leur connexion devint un pilier sur lequel Alex pouvait s'appuyer.

Cependant, même cette amitié, qui avait semblé inébranlable, allait bientôt être mise à l'épreuve. Les ombres du passé continuaient de les hanter, et la douleur persistait. Alex réalisait qu'il devait faire face à ses démons, que la route vers la guérison serait longue et semée d'embûches.

Un jour, alors qu'ils se promenaient dans le parc, Morgan prit la parole. "Tu sais, Alex, je crois qu'il est temps de parler de ce qui s'est passé avec Lucas." Les mots durs sortirent lentement, comme une vague déferlante. Alex, bien que réticent, savait qu'il devait se libérer du poids de son chagrin. Ils s'assirent sur un banc, entourés de la beauté du monde, et Alex, avec sa voix tremblante, commença à partager ses souvenirs, ses regrets, ses peurs.

Les larmes coulèrent, mais avec elles, une forme de libération s'installa. Morgan écoutait attentivement, offrant soutien et compréhension. Ensemble, ils parlèrent de leurs rêves, des choses qu'ils auraient voulu réaliser, des espoirs qui semblaient désormais inaccessibles. À travers ces échanges, Alex commença à comprendre que même si Lucas n'était plus là physiquement, son souvenir pouvait être une source d'inspiration pour avancer.

Au fil des mois, Alex trouva peu à peu sa voix. Il se mit à dessiner des portraits de Lucas, des œuvres qui capturaient leur amitié, les moments de joie passés ensemble. Chaque coup de crayon était une façon de rendre hommage à son ami, de garder sa mémoire vivante. Morgan, à ses côtés, l'encourageait et le soutenait dans ce processus créatif cathartique.

Finalement, Alex réalisa qu'il ne pouvait pas changer le passé, mais il pouvait choisir la façon dont il vivrait son présent. La douleur ne disparaîtrait jamais complètement, mais il pouvait apprendre à vivre avec elle. Grâce à Morgan, il commença à s'engager dans des activités qui l'intéressaient, à rencontrer de nouvelles personnes, à se reconstruire lentement.

À l'approche de la fin de l'année scolaire, Alex se sentit prêt à affronter le monde. Bien qu'il n'oublierait jamais Lucas, il savait que sa mémoire vivrait à travers ses dessins et à travers les leçons qu'il avait apprises. Il se mit à envisager l'avenir avec un peu plus d'espoir, prêt à surmonter les épreuves et à embrasser la vie, une étape à la fois.

Ce chemin vers la guérison serait long, mais il n'était plus seul. Avec Morgan à ses côtés, Alex était déterminé à transformer sa douleur en force, à faire de son art un moyen d'expression et de connexion. Ensemble, ils allaient avancer, portés par leurs rêves partagés et le souvenir d'un ami cher, avec la promesse que la lumière finirait par percer les ténèbres.

L'amour est un parasite Où les histoires vivent. Découvrez maintenant