L'amour est un parasite

la dépression

Alex se retrouva plongé dans un abîme de désespoir après la perte de Lucas. Chaque matin, il se réveillait dans sa chambre, les rayons du soleil filtrant à travers les rideaux, mais la lumière ne parvenait pas à percer l'épaisse couche de tristesse qui l'enveloppait. Le monde semblait gris, comme si une ombre persistante s'était installée sur sa vie. Chaque journée était une lutte pour se lever, pour affronter un monde qui lui paraissait désormais hostile et froid.

Il errait dans les couloirs de l'école, ses pas lourds résonnant sur le carrelage, évitant les regards des autres élèves. Ceux-ci, autrefois ses amis, semblaient désormais étrangers. Alex se sentait comme un fantôme, une ombre errante parmi des vivants. Les rumeurs sur Lucas circulaient, le harcèlement ne cessait jamais. Les murmures dans son dos, les rires étouffés, le regard de pitié ou de mépris que certains élèves lui lançaient, tout cela le faisait se sentir encore plus isolé. Les couloirs de l'école, autrefois un lieu de camaraderie et de joie, étaient devenus une prison où il était enfermé par sa propre douleur.

Les moments passés dans sa chambre à dessiner étaient devenus son seul réconfort. Lorsqu'il prenait son crayon, il pouvait échapper à la réalité, même si ce n'était que pour un instant. Il dessinait des paysages sombres, des personnages en détresse, des scènes qui reflétaient son propre chagrin. L'art était devenu son échappatoire, son moyen de communiquer ce qu'il ne pouvait pas exprimer avec des mots. Pourtant, même cela ne suffisait pas à apaiser la douleur qui le rongeait. Chaque esquisse, bien que cathartique, était aussi un rappel de ce qu'il avait perdu.

Alex évitait de parler à Morgan, qui semblait de plus en plus proche de Lucie, une camarade de classe dont il avait également été proche avant le drame. Il observait avec un mélange de tristesse et de colère comment leur amitié semblait s'épanouir, alors que la sienne avec Morgan s'effondrait. Les rires qu'ils partageaient autrefois résonnaient maintenant comme des échos lointains, des souvenirs qu'il préférait oublier. Morgan ne savait pas à quel point il blessait Alex en continuant à passer du temps avec Lucie. Pour Alex, chaque sourire échangé entre eux était une poignante piqûre de rappel de sa solitude.

Un jour, alors qu'il était assis sur un banc dans le parc, il aperçut Morgan et Lucie rire ensemble. Leurs voix résonnaient comme une mélodie douce-amère, et Alex ne pouvait s'empêcher de ressentir un torrent d'émotions contradictoires. La douleur de la trahison se mêla à celle de la perte de Lucas, formant un cocktail toxique qui le submergeait. Il se leva brusquement, sentant les larmes lui monter aux yeux. La colère et la tristesse s'affrontaient en lui, créant un tumulte qu'il ne savait comment gérer.

Alors qu'il s'éloignait, il prit une décision. Il avait besoin d'aide. Ce n'était pas une simple résolution, mais un cri du cœur, une nécessité de sortir du trou noir dans lequel il se trouvait. Alex savait qu'il ne pouvait pas continuer à vivre ainsi, enfermé dans sa douleur, en évitant tout contact avec ceux qui l'entouraient.

Le lendemain, il se rendit au centre communautaire de la ville, où des groupes de soutien étaient organisés. Sa main tremblait alors qu'il toquait à la porte. En entrant, il ressentit un mélange d'appréhension et de peur. Les visages autour de lui étaient marqués par des expressions de tristesse, mais aussi d'espoir. Chacun semblait porter un fardeau similaire au sien, et cette pensée le réconforta un peu.

Lors de la première séance, Alex écouta attentivement les autres partager leurs histoires. Certains parlaient de pertes récentes, d'autres évoquaient des souvenirs lointains mais toujours douloureux. Quand ce fut son tour, il hésita. Les mots lui manquaient. Mais finalement, prenant une profonde inspiration, il se lança. Il parla de Lucas, de leur amitié, des rêves qu'ils avaient partagés, de la douleur insupportable qui avait suivi sa disparition.

Les larmes coulèrent sur ses joues, mais il se sentit également libéré. Pour la première fois depuis longtemps, il ne se sentait pas seul dans sa souffrance. Les autres membres du groupe écoutaient attentivement, et leurs regards compatissants lui apportèrent un certain réconfort. Alex savait qu'il n'était pas le seul à porter le poids d'une perte.

Au fil des semaines, les séances de soutien devinrent un pilier dans sa vie. Il commença à développer des liens avec d'autres membres du groupe, partageant non seulement sa douleur, mais aussi des moments de rire et de réconfort. L'art, qui avait été son refuge, évolua également. Ses dessins, bien que toujours teintés de mélancolie, montrèrent des signes d'espoir. Il commença à imaginer des paysages lumineux, des scènes de vie, des personnages qui souriaient. Ce changement dans son art était le reflet d'une transformation intérieure.

Un jour, lors d'une séance, il fit la connaissance d'une jeune femme nommée Clara. Clara avait perdu son frère dans un accident tragique, et leur connexion fut immédiate. Ils partageaient des expériences similaires, et leur amitié se développa lentement, avec des échanges de rires et de larmes. Clara devenait une source de soutien pour Alex, et il apprit à s'ouvrir progressivement à elle. Ensemble, ils commencèrent à créer des projets artistiques, mélangeant leurs styles et leur douleur pour en faire une sorte d'hommage à ceux qu'ils avaient perdus.

Il devenait évident pour Alex qu'il avait besoin de rétablir sa relation avec Morgan. Bien que la douleur de la trahison fût toujours présente, il réalisa qu'il ne pouvait pas laisser la colère le consumer. Un après-midi, il invita Morgan à se retrouver dans le parc, l'endroit même où il avait pris la décision de chercher de l'aide.

La tension était palpable lorsqu'ils se retrouvèrent. Morgan, visiblement nerveux, avait du mal à poser ses yeux sur Alex. Après quelques instants de silence, Alex prit la parole. Il exprima sa douleur, sa solitude et sa nécessité de comprendre pourquoi Morgan semblait s'éloigner. À sa grande surprise, Morgan lui avoua qu'il avait aussi du mal à gérer la perte de Lucas. Il avait voulu soutenir Lucie, mais il ne savait pas comment être là pour Alex en même temps.

Leurs échanges furent sincères et pleins d'émotion. Ils échangèrent des excuses, reconnaissant la difficulté de la situation. Alex comprit que Morgan ne l'avait pas trahi, mais qu'il avait simplement été perdu dans sa propre douleur. Ce moment de réconciliation marqua un tournant dans leur amitié. Ils se promirent de se soutenir mutuellement, de ne pas laisser la peur ou la tristesse les séparer à nouveau.

Avec le soutien de Morgan et de Clara, Alex commença à envisager l'avenir avec un nouvel état d'esprit. Bien que la douleur de la perte de Lucas resterait toujours dans son cœur, il apprit à vivre avec, à la transformer en force. Il réalisa que l'art, qui avait été un refuge, pouvait aussi devenir un moyen de célébrer la vie et de rendre hommage à la mémoire de Lucas.

Finalement, Alex décida de créer une exposition de ses œuvres, dédiée à Lucas. Chaque dessin raconterait une partie de leur histoire, une façon d'honorer sa mémoire. Ce projet lui apporta une nouvelle perspective. L'idée de partager son art et son histoire avec d'autres lui donna un sens à sa douleur. Il commença à travailler d'arrache-pied, à s'investir dans son art comme jamais auparavant.

Les jours passèrent, et l'exposition prit forme. Alex invita ses camarades de classe, sa famille et tous ceux qui avaient fait partie de sa vie. Le jour du vernissage, il était nerveux, mais aussi excité. En voyant les gens admirer ses œuvres, en entendant leurs commentaires, il comprit que la douleur pouvait être transformée en quelque chose de beau.

L'exposition fut un succès. Les visiteurs furent touchés par la profondeur des émotions qui se dégageaient de ses dessins. Alex parla de Lucas, de leur amitié, et de la façon dont l'art l'avait aidé à guérir. Les rires, les larmes et les souvenirs partagés créèrent une atmosphère de solidarité et de compréhension.

À la fin de la soirée, alors qu'il regardait les visages souriants autour de lui, Alex réalisa que, même si la douleur de la perte de Lucas resterait toujours présente, il avait trouvé un moyen de vivre avec. Il avait appris à accepter son chagrin, à le transformer en force et à célébrer la vie qu'il avait partagée avec son ami.

La route vers la guérison était encore longue, mais Alex savait qu'il n'était pas seul. Entouré de ses amis, de sa famille et de ceux qui comprenaient sa douleur, il avait enfin trouvé une lumière dans l'obscurité. Les ombres du chagrin ne disparaitraient jamais complètement, mais il avait appris à les vivre, à les accepter et à les intégrer dans son art, dans sa vie, et dans son cœur.