𝑩𝒓𝒊𝒔𝒆́𝒔 (𝑻𝒐𝒎𝒆 𝟐)

𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝟏 : « 𝑱𝒆 𝒕'𝒂𝒊𝒎𝒆 »

« Il est difficile de dire adieu lorsqu'on veut rester, compliqué de rire lorsqu'on veut pleurer, mais le plus terrible est de devoir oublier lorsqu'on veut aimer »

— Anonyme

— Cole —

Canada, Woodland River
3 septembre, 11h43

« Je t'aime Cole »

Est-ce qu'elle le penserait toujours si elle avait su ce qu'il allait lui arriver ?

« Je ne me vois plus vivre sans toi »

Savait-elle que je le pensais aussi du plus profond de mon âme ?

« Je... Je voudrais que tu sois mon petit copain »

Est-ce qu'elle réalisait à quel point ça comptait pour moi qu'elle dise ça ?

Je passe vigoureusement mes mains dans mes cheveux avant d'enfoncer mon crâne entre mes paumes tremblantes. Les larmes dévalent mes joues et les sanglots se coincent dans ma gorge.

Elle est morte.

Je renifle en essuyant vainement mon visage qui se couvre toujours un peu plus de ces perles iodées, tandis que la voix du commentateur télé résonne en arrière-plan. Seulement, quelque chose qu'il dit capte soudainement mon attention et je relève la tête pour observer l'écran.

« Oui, comme vous l'avez dit Gérard, une explosion a eu lieu à Woodland River, cette nuit, dans le quartier Chapline. Une bombe avait été installée dans l'appartement d'une jeune étudiante en médecine du nom de Romy Evans qui était à l'intérieur au moment de l'incident. Des morceaux de son corps ont été retrouvés éparpillés sur les lieux de l'explosion et c'est uniquement grâce à son permis de conduire que nous avons pu l'identifier. Plusieurs autres résidents de l'immeuble ont aussi succombé à ce tragique incident de même que quelques passants qui ont eu le malheur d'être au mauvais endroit au mauvais moment. Pour le moment, aucune de ces personnes n'a pu être identifi- »

Je tire plusieurs fois dans l'écran avant de me lever et de saisir la télévision que j'envoie valser contre le mur en hurlant. Elle atterrit avec fracas sur le sol avant que je ne la reprenne pour réitérer le manège. Ma détresse résonne dans l'espace, bruyante, désespérée, mais incomparable à celle de mon cœur. J'ai l'impression qu'il y a un trou à l'endroit où il devrait être.

Est-ce qu'elle me l'a arraché en mourant ?

Je titube jusqu'à la bouteille de whisky que j'ai abandonné sur la table basse hier soir et porte le goulot à mes lèvres. Le goût amer de la boisson se mélange à celui salé de mes larmes que je tente d'essuyer d'un revers de la main. Il ne me faut qu'une longue gorgée pour la vider de son contenu avant que je ne la lance de toute mes forces contre le mur avec mon bras valide. Elle éclate à l'impact, sauf que ça ne suffit toujours pas pour soulager ma peine.

J'ai besoin de plus.

Sans réfléchir, je prends la table basse et la projette à travers la pièce.

Comment peut-il oser faire ça à son corps ?

La télécommande subit le même sort et je fais basculer le canapé.

Est-ce qu'il lui a fait autre chose que ce qu'il y avait sur la vidéo ?

Mon cerveau vrille à cette seule pensée et je m'empare de la lampe qui traine dans un coin pour la fracasser contre le sol à son tour.