3. Jennifer

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En sortant de chez lui, Michael aperçut Anthony, son meilleur ami, adossé à sa Mercedes, les bras croisés et l’air gelé.

— Qu’est-ce que t’as fichu ? grogna Anthony en le voyant approcher. J’ai cru que j’allais mourir de froid devant chez toi.

— Monte, répondit Michael en déverrouillant sa voiture. Je t’expliquerai en route.

Quelques minutes plus tard, ils roulaient vers Marysen High School. Michael au volant et Anthony sur le siège passager, comme tous les matins.

Michael et Anthony se connaissaient depuis la maternelle. Ils avaient grandi ensemble, traversé le collège entourés d’une bande de potes… Mais la plupart n’avaient pas pu suivre au lycée. Marysen n'était pas pour toutes les bourses.

Michael avait été soulagé que son meilleur ami reste en Californie au lieu de partir à Manhattan avec ses parents.

Le lycée, c’était une autre ambiance. Les notes comptait moins qu’avant. Ici, ce qui importait, c’était d’être bon en sport, d’avoir du style, de sortir, d’aller à des fêtes ou d’en organiser sois même.

Autant dire qu’eux, ils étaient loin du compte. Pas sportifs, pas fêtards, pas populaires. Résultat : ils étaient dans la catégorie “invisibles”.

Michael alluma la radio et mit ILY (I Love You Baby), la version remixée de Surf Mesa. Dix secondes plus tard, Anthony le remplaça par Boyfriend de Justin Bieber.

— Sérieusement ? râla Michael. T’abuses.

— Personne a envie d’écouter ta musique de princesse à cette heure-ci, répondit Anthony en haussant les épaules.

Michael soupira. Sur beaucoup des points ils se comprenaient parfaitement, mais question musique, c’était toujours la guerre.

— Alors ? demanda Anthony.

— Quoi “alors” ?

— Tu m’as dit que tu m’expliquerais en route. Je t’écoute.

— Laisse-moi me concentrer sur la route. Si je ne veux pas rater Jennifer, va falloir que je grille quelques feux rouges.

— Oh non, le plan Jenny, soupira Anthony avec un sourire. Mais Tu vas quand même risquer une amende le dernier jour avant les vacances juste pour croiser la princesse ?

— C’est la dernière fois que je vais la voir avant trois semaines, mec.

— Elle n'a toujours rien dit sur ses plans pour les vacances ?

— J’ai regardé son Insta ce matin. Dernier post : une photo d’hier soir, au resto. Avec l’autre débile.

Anthony n’avait pas besoin de demander qui était “l’autre débile”. Mais il le fit quand même:

— Tu parles de Monsieur Muscle ? Taylor Mooks ?

— Il est bête et imbu de lui-même. Il ne mérite pas ma princesse.

— T’exagères. Ça fait deux semaines qu’ils sortent ensemble. Tu pourrais au moins lui laisser sa chance.

Michael le fusilla du regard.

— Franchement, t’es censé être de mon côté.

— J’dis juste que c’est toujours mieux que son ex, ajouta Anthony.

— James ? Bof. Je le préfère encore lui  que l'autre abrutis.

— James Scooter, Le gars qui avait treize ans de plus qu’elle ? Tu préfères qu’elle sorte avec un presque quarantenaire doublé d'un pédophile plutôt qu’un sportif un peu con ?

Michael réfléchit une seconde.

— Ouais… t’as peut-être raison.

Il tourna dans la rue du lycée.

— N’empêche, ne pas savoir ce qu’elle va faire pendant les vacances commence à me rendre Un peu dingue.

— Parle-moi plutôt de ton plan “feu rouge”, ricana Anthony.

Michael ralentit brusquement à l’approche d’un feu.

— Là. Si je le passe à temps, j’arrive pile au moment où elle sort de sa voiture.

Le feu passa au rouge.

— Raté, constata Anthony, faussement désolé.

Michael tapota sur le volant.

— Ça me laisse à peine une minute pour me garer et me placer pile sur son passage.

Ils arrivèrent sur le parking de Marysen High School en même temps, qu'une décapotable blanche faisait son entrée un peu plus loin.

— C’est elle, annonça Michael, nerveux. Coupe la musique.

Anthony s’exécuta, levant les yeux au ciel.

Jennifer Anistork gara sa voiture un peu plus loin. Comme d’habitude, elle n’était pas seule. Ses deux meilleures amies, Juliette et Emma, l’accompagnaient.

Michael sortit rapidement de la voiture et se posta sur son “spot habituel”. Il s’y mettait presque tous les matins, comme par hasard, pile sur le chemin de Jennyfer.

Elle descendit de la voiture, radieuse comme toujours : jean bleu, haut blanc, manteau rose. Ses longs cheveux blonds attachés en queue-de-cheval, son grand sourire, ses yeux verts pétillants… Michael la fixait sans même cligner des yeux.

— Attendez les filles ! s’écria Juliette. Selfie pour le #DernierJourAvantLesVacances !

— Bonne idée, ajouta Emma. Tu viens, Jenny ?

— Bien sûr ! répondit Jennifer.

Elles prirent la pose. Michael n’attendait qu’une chose : voir la photo apparaître sur son feed Instagram.

Elles se mirent ensuite en route vers le bâtiment principal… et passèrent devant Michael sans lui jeter un seul regard. Comme d’habitude.

Il ferma brièvement les yeux à fin de se concentrer Juste une seconde, mais assez pour capter son parfum. Jennifer sentait le lilas. Un parfum doux, Léger et Inoubliable.

Anthony le rejoignit, l’air désolé.

— Mec, ça me fait de la peine de te voir comme ça tous les matins.

— Elle va finir par me remarquer, répliqua Michael sans grande conviction.

— Lâche l’affaire. Y a plein d’autres filles. Pourquoi ELLE ?

Michael esquiva la question avec un sourire.

— J’pourrais te dire la même chose. Margo t’a recalé combien de fois déjà ?

— C’est différent, affirma Anthony. Je sais que Margo est la femme de ma vie. Mais en attendant qu’elle le réalise, je reste ouvert.

— T’es un cas.

— C’est ce que j’me dis tous les jours.

Ils commencèrent à marcher vers le bâtiment.

— Tu fais quoi pour Noël ? demanda Michael.

Anthony soupira.

— Mes parents viennent chez mamie. Toute la famille sera réunie, Sauf Brayan.

Michael grimaça.

— Aïe…

— Ouais. Mais bon, Brayan reste à Harvard. C’est déjà ça de gagner. J’survivrai.

Anthony n’avait jamais trouvé sa place dans sa famille d’avocats parfaits. Entre un frère aîné brillant, beau, charismatique, et des parents accros à la réussite, il faisait tache avec son look débraillé, son air fatigué et son refus d’entrer dans le moule.

— Et toi ? demanda Anthony.

— On part en Virginie. Une invitation du patron de mon père. Je sais pas trop pourquoi, mais mon père veut qu’on y aille.

— merde... Il fait super froid là-bas à cette période.

— Ouais, je sais. Et devine quoi ? On prend l’avion après-demain.

Tu es ma princesse : Un Amour hors de toute limiteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant