Prologue

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Oliver

Je descends les escaliers lentement, en essayant de faire le moins de bruit possible. J'attrape ensuite mon sac à dos qui se trouve dans l'entrée et j'enfile mes chaussures. Je vérifie que j'ai bien toutes mes affaires, cahiers de cours, repas de midi, carte de bus, clés… tout est là. Je sors alors de la maison en prenant soin de fermer la porte d'entrée derrière moi. Je descends le porche de la maison et marche en direction de l'arrêt de bus. Ligne 4, 7h29. Le bus arrive dans 5 minutes.
Une silhouette s'approche de l'arrêt de bus, c'est un garçon, il fait plus ou moins ma taille. Je ne lui adresse pas la parole et baisse la tête, regardant le sol à mes pieds.

Le bus arrive, la porte s'ouvre et je monte m'installer à ma place habituelle. Le garçon monte également dans le bus, il marche et s'assoit sur le siège derrière moi. Le chauffeur redémarre, s'arrêtant aux arrêts de bus sur son trajet. Le bus se remplit peu à peu des étudiants du lycée où je vais, le lycée Grandview School for Boys. Il y a également un internat, c'est la raison pour laquelle c'est une école de garçons. Nous avons un uniforme. Un polo bleu foncé, avec l'écusson du lycée cousu dessus.
Un jean noir, simple ainsi qu'une ceinture marron. Et des chaussures assorties à la ceinture.

L'écusson du polo est un dragon, qui semble s'envoler ainsi que les initiales G.S.B, qui veulent simplement dire Grandview School for Boys. J'aime beaucoup cet écusson. Non seulement car il est brodé de couleur dorée, une de mes couleur préférée, mais car il est muni d'un dragon. J'adore les dragons, ces créatures imaginaires me font rêver. Je me rappelle quand j'étais petit, jouer avec mes parents. Mon père prenait le rôle du dragon, je jouais le chevalier qui était à dos du dragon, et ma mère jouait la princesse prisonnière. Un simple jeu d'enfant, mais on s'amusait bien.

J'avais huit ans quand ma mère est décédée d'un cancer. Ça à été foudroyant. Un jour ma mère s'est plainte à mon père d'une douleur dans la poitrine. Le lendemain, mon père l'a conduit à l'hôpital le plus proche, aux urgences. Là-bas les médecins lui ont diagnostiqué un cancer du sein. Malheureusement, trop tard pour le soigner. Ils avaient donné quatre mois à ma mère, elle avait survécu six mois.

Et puis un matin, je me suis réveillé, mon père pleurait. Et c'est la qu'il m'a dit :
“Oliver, maman est décédée. Elle est partie dans les étoiles rejoindre papy et mamie. Elle ne souffre plus désormais.”
J'avais baissé les yeux, essayant de retenir mes larmes, mais je n'avais pas réussi. De grosses chaudes larmes coulaient sur mes joues, des larmes qui s'étaient rapidement transformées en des rivières, des fleuves, des torrents de larmes coulaient encore et encore sans s'arrêter. Mes yeux devenaient rouges, ils brûlaient. Mais malgré cette douleur je n'arrivais pas à m'arrêter de pleurer.

Mon père m'avait acheté un beau costume bleu marine, c'était la couleur préférée de ma mère. Elle avait écrit dans un carnet avec ses derniers souhaits : “A mon enterrement, ne portez pas de noir. Portez du bleu marine ou du bleu nuit. J'adore le bleu, c'est une belle couleur, et une belle couleur à de belles nuances n'est-ce pas ? Alors pour mon dernier voyage, je souhaite vous voir habillés en bleu.”

Nous avons donc respecté son souhait. Nous étions donc tous habillés en bleu marine ou bleu nuit. Sa chanson préférée, Running Up That Hill de Kate Bush avait été diffusée. Ma mère n'avait pas demandé de playlist précise, alors avec mon père on avait fait une liste de toutes les chansons que ma mère aimait.

Nous avons ensuite jeté des pétales de rose sur le cercueil de ma mère. Les roses blanches étaient ses préférées. Elles représentent l'amour pur et sincère, discret, paraît-il.

Puis, le basique lancé de poignée de terre, avant de reboucher complètement le trou qui avait été creusé pour y accueillir le cercueil.

Pas de messe, ça peut paraître spécial, mais ma mère n'étant pas croyante, elle ne souhaitait pas de messe à son enterrement.

L'un de ses derniers souhaits était que l'on fasse un dîner en famille, en mangeant son repas préféré. En entrée une salade césar, plat principal pizza maison, et dessert tarte chocolat banane.

Nous avons respecté tous ses derniers souhaits.

Jusqu'au dernier.

Faire un lâcher de ballons bleu.

“-Trois…. Deux…. Un… lâchez !” avait dit mon père, nous avons alors tous lâché nos ballons en même temps.

Je sors de mes pensées lorsque le bus s'arrête à mon arrêt. Je descends calmement du bus en remerciant le chauffeur. Comme toujours, je dépose quelques pièces dans la tirelire près de la porte du bus. La compagnie fait don tous les mois du contenu final de la tirelire à une association protectrice des animaux errants dans les rues. Souvent ils doivent mettre une deuxième tirelire, sinon elle déborde de pièce. Il n'y a pas de montant minimum ou maximum. Chacun dépose ce qu'il veut et ce qu'il peut. Que cela soit quelques centimes ou quelques dollars, le geste est apprécié dans tous les cas. Bien sûr, cela n'est pas obligatoire.

Je regarde mon téléphone, il affiche 8h10. Les cours commencent dans 20 minutes, ce qui veut dire que j'ai le temps. Alors je marche lentement, mon sac sur le dos. J'arrive au portail du lycée à 8h20, pile le temps d'aller me payer un café à la machine à café dans la cafétéria. J'y vais assez rapidement, dépose 75 cent dans la machine et mon café coule rapidement dans un gobelet en plastique. Je récupère le gobelet et commence à boire le café. Alexander s'approche de moi, c'est l'éducateur de ma classe.

“–Bonjour Oliver, alors ?
– Toujours pareil Alex’
– Merde.. Ton père n'a pas l'air de vouloir devenir plus gentil..
– Tu sais je suis habitué, c'est comme ça depuis la 4eme. Peu importe si la note que je ramène est un 5 ou un 9, c'est en dessous de 15, alors il hurle.
– Tu fais de ton mieux Oliver, les professeurs sont fiers de tes progrès tu sais.
– Mes progrès ?
– Tu rigole j'espère ? Tu es passé de 2 à 7 de moyenne en un trimestre, c'est pas le mieux mais tu fais des efforts et ça se ressent dans ton travail.”

Je manque de laisser tomber le gobelet de ma main, ses paroles m'ont touchées. On ne m'avait jamais dit ça avant. Et aujourd'hui, l'éducateur des 2nd me dit que je fais des progrès. Alors qu'il ne s'agit que d'un misérable 7/20 de moyenne. Ça fait chaud au cœur. Je sens des larmes me remplir les yeux mais je les balaie vite du revers de ma manche.

“–Merci..
– Tu comptes toujours t'inscrire à l'internat ?
– Pour rien au monde j'abandonnerais cette idée
– Très bien. Il vaut mieux que tu gardes cette idée oui..”

La sonnerie annonce le début des cours alors que je finis mon café.

Two Years Later Où les histoires vivent. Découvrez maintenant