𝐏𝐑𝐎𝐋𝐎𝐆𝐔𝐄

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Addy's Version

Ma mère me rappelle dans la cuisine, mais je ne l'écoute pas. Je cours en dehors de la maison en essuyant mes larmes, priant pour que seul le ciel de les aient vues. Mon père m'a toujours appris qu'il ne fallait pas pleurer, sinon le grand méchant loup viendra nous chercher.

J'ai toujours trouvé notre jardin trop petit pour jouer, mais aujourd'hui, je regrette d'habiter ici, car au bout de dix minutes, je ne vois toujours pas la sortie, même de loin.

Ma maman est une menteuse, papa va revenir ce soir comme d'habitude du boulot. Sa blague n'est même pas drôle, et je le lui ai dit, mais elle a fondu en larmes. Alors, je vais aller à la prison toute seule pour lui prouver que papa n'y est pas,et n'y sera jamais. La prison est pour les gens dangereux qui font du mal, et papa ne fait du mal à personne. Il est gentil, il joue aux poupées avec moi, et me dit toujours que je suis une princesse. 


              Je ne m'en suis même pas rendue compte, mais je suis sur la route maintenant, et ma grande maison n'est qu'un grand rectangle au loin. Je prends enfin une pause, posant mes mains sur mes petits cuisses, respirant par grandes bouffées irrégulières, laissant une buée chaude sortir de ma bouche, réchauffant mes joues rouges. Dorothée, la domestique, a raison, il faudrait que je me mette au sport. 

J'entends soudain des sanglots à ma droite, ce qui me fait me retourner précipitamment. Là, assise au milieu de la neige, juste à côté de la grande route, se tient une fille brune qui doit avoir mon âge, ses genoux repliés contre elle et la tête entre ses bras. 

J'observe autour de moi, au cas ou le loup vienne la manger, mais lorsque je suis sûre que personne ne viendra, je m'approche doucement d'elle, tout doucement, et je m'assieds en face d'elle. Elle semble m'entendre, car elle relève la tête précipitamment, comme si elle avait peur, et je lui offre un petit sourire qui se veut rassurant. 

– T'inquiète pas, je dirais à personne que t'as pleuré. 

La fille ne me répond rien et me scrute en silence, d'un regard curieux. Elle a l'air d'avoir encore peur de moi. 

– Comment tu t'appelles ? 

Elle a une voix toute timide.

– Addy, et toi ? 

– Lucie. Tu ne me frappes pas ? 

Je la regarde avec deux grands yeux. Cette fille est bizarre, pourquoi je la taperais si elle ne m'a rien fait ? 

– Non, pourquoi ? Tu ne m'as rien fait de mal.

Elle a l'air, mais je ne peux pas lui poser plus de questions. Un groupe de garçons de dix ans court dans notre direction, avec un grand sourire. 

– On l'a retrouvé les gars !

– Retrouvé qui ? je demande, tout fort. Lucie, c'est tes copains ? Vous faites une partie de cache-cache ? 

Mais ma nouvelle amie ne parle plus. Elle semble terrorisée. Je la regarde une nouvelle fois, fixe sa main serrée désormais contre son ventre, et je comprends. Dans le film que j'ai regardé avec maman hier, il se passait tout pareil. 

– Ses garçons t'embêtent, Lucie ? 

– Non, ils s'amusent juste, je... Je crois. Mais moi je ne m'amuse pas, et ils s'en fichent. Je pense que ce son mes copains... 

Mais je ne suis pas d'accord. 

– Non, c'est non, Lucie. Et regarde ce qu'on fait à ceux qui ne comprennent pas ça. 

La petite fille brune me regarde avec curiosité, pendant que je me lève, époussette ma robe, et court vers les garçons. Autre chose que mon papa m'a appris : un coup entre les jambes, et plus d'histoires; Effectivement, le chef de la bande crie alors que mon pied entre en contact avec son entre jambe, et ses potes s'enfuient aussi vite qu'ils sont arrivés. Il se met à pleurer, et je lui jette le regard le plus méchant que je peux lancer à qui que ce soit. 

– On frappe pas ma copine. 

Le garçon ne me répond pas, mais se relève, laissant pleins de neiges sur son visage, et prends ses jambes à son cou, non sans un regard effrayé vers moi. Moi, je marche déjà vers Lucie, et lui tend ma main, avec un grand sourire. 

– On est copine, du coup ? me demande la fille, d'une petite voix. 

– Pour toujours ! Et tu sais ce que font les copines ? 

– Elles font quoi ? 

– Un bonhomme de neige !

Lucie rit, tandis que nous nous allongeons dans la neige, et que nous construisons plusieurs petites boules, afin de faire deux bonhommes de neige. Je lui explique qu'ils sont meilleurs amis, et que si un des bonhommes de neige à mal, son copain peut le soigner et l'aider à aller mieux grâce à leurs super-pouvoirs. Elle a l'air émerveillée, puis prend part à mes explications, rajoutant que si un des bonhommes meurt, l'autre peut le réanimer grâce à un de leurs autres pouvoirs. 

Mon bonhomme de neige s'appelle Addy, et le sien Lucie. 

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𝐀 𝐒𝐍𝐎𝐖𝐌𝐀𝐍-ᵃᵈᵈʸ'ˢ ᵛᵉʳˢᶦᵒⁿWhere stories live. Discover now