Chapitre 2

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Chapitre 2

Tally :

Je suis fatiguée, merde ! J'aimerais dire à cette professeure de commencer son cours au lieu d'éduquer des idiots qui n'en ont strictement rien à faire de sa leçon de morale sur le fait que "fumer de la weed n'est vraiment pas une bonne chose.” si je reprends ses mots. Je serai plus ou moins d'accord mais si pendant chacun de ses cours d'une heure elle prend vingt minutes pour commencer, à la fin de l'année, aucun de nous n'aura le bac. Quoique, dans ma situation il ne me sera d'aucune utilité étant donné que je ne pourrai jamais me payer l'université. Parfois j'aimerais être cette fille normale, celle qui veut simplement rendre fiers ses parents, avoir son diplôme, aller à l'université et rencontrer l'amour de sa vie. Ces filles assez naïves qui ne commencent pas forcément tout en haut mais qui ont une vie normale et simple et la possibilité de monter les échelons.

- Arrêtez de rêver mademoiselle ! Le cours a commencé là.

Je m'aperçois que je me suis presque assoupie, mais en vérité elle ne se rend pas compte d'à quel point elle a raison. Je devrais arrêter de rêver. Si certaines naissent au top. Moi j'ai gagné le droit de me plaindre de ma vie. Et puis, je ne parlerai pas de mes parents. Je me concentre sur le cours prenant des notes avec assiduité. Contrairement à ce que l'on pourrait penser en me voyant, je suis une personne travailleuse. Dans un autre contexte, j'aurais aimé être une avocate réputée comme on peut en voir à la télévision, de celles qui passent leur vie en tailleur avec de réelles responsabilités. Pour moi le travail et la rigueur sont d'importantes valeurs. Mais malheureusement, les rêves ne sont rien face à la réalité où la vie est guidée par l'argent alors je ne pourrai jamais espérer prétendre à un tel poste. 

Lorsque ça sonne enfin, je range rapidement mes affaires et commence à partir d'un pas souple. 

- Tally !

M'appelle la professeure, madame Fadiem. Je serre les dents et retourne vers elle sans prendre la peine de lui demander ce qu'il y a. Elle ne dit rien, attendant que la salle de classe se vide et, quand la dernière personne en sort, elle me regarde dans les yeux.

- Tu n'as pas récupéré ton évaluation, tu as eu dix neuf et demi. 

Sa voix s'est adoucie et elle me donne ma copie avec un sourire aimable. Je la remercie d'un hochement de tête sans mot dire.

- Écoute... J'aimerais te parler, de femme à femme plus que de prof à élève. 

Je penche la tête sur le côté, sentant que la suite ne me plaira pas. Elle attend et je me demande si je dois faire un signe de tête pour l'encourager à continuer. À ce moment même, elle reprend.

- Tu as l'air vraiment fatiguée, je suis contente que tu aies de telles notes, tu es excellente mais tu devrais demander à tes parents de ne pas te mettre autant de pression, tu as besoin de dormir plus pour être plus productive.

Pour le coup, je ne peux retenir un rire.

- Vous croyez que c'est pour les cours que je suis fatiguée ? Et que mes "parents" comme vous dites y sont pour quelque chose dans mes résultats ?

Je l’interroge, glaciale. Je fronce les sourcils comme pour me moquer d'elle. Je suis consciente de l'injustice de ma réponse mais elle ne peut pas comprendre. Pas savoir ce qu'il se passe à la maison quand je rentre enfin. 

Je chiffonne ma copie dans mon sac à dos noir, tout ce qu'il y a de plus classique et je pars sans un regard pour la pauvre jeune femme qui ne souhaitait à la base qu'être aimable. Il est vrai qu'elle ne peut imaginer mon quotidien. Je fais d’ailleurs en sorte que presque personne ne le puisse. 

Juste Nos Vies, Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant