𝑝𝑟𝑖𝑛𝑡𝑧𝑒𝑠𝑠𝑎

𝑃𝑟𝑜𝑙𝑜𝑔𝑢𝑒

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Dans l'obscurité étouffante de la cave, le temps semblait s'être arrêté. Je ne savais plus depuis combien de jours, de mois, j'étais enfermée ici. Chaque seconde se fondait dans la suivante, indistincte et interminable, me faisant perdre toute notion de ma propre existence. L'air humide et lourd s'accrochait à ma peau, tandis que les murs de béton, froids et inhospitaliers, semblaient vouloir m'engloutir tout entière.

Cela faisait plus de quatre ans que j'étais prisonnière de cet enfer, captive du monstre qui m'avait arrachée à ma vie, à mon innocence. Mon ravisseur n'était pas seulement mon geôlier, mais aussi celui qui m'avait brisée, vendue encore et encore à ceux qui payaient pour ma souffrance. Chaque visite, chaque fois qu'il ouvrait la porte de cette cave maudite, était synonyme de terreur et de douleur. Je ne savais jamais ce qui m'attendait, mais la réalité était toujours pire que mes pires cauchemars.

Tout cela avait commencé à cause des erreurs de mon frère, piégé par la mafia albanaise. En tentant de nous protéger, en s'enfonçant dans ce monde dangereux, il avait scellé mon destin. Lorsqu'il n'avait pas pu payer sa dette, c'est moi qu'ils étaient venus chercher. Depuis ce jour maudit, mon corps et mon esprit étaient devenus leur monnaie d'échange, leur punition vivante. Je n'étais plus qu'une ombre, une victime anonyme dans un réseau de violence et de perversion.

La cave était devenue mon univers, mon cimetière. Les murs gris, les chaînes rouillées qui me serraient les poignets et les chevilles, étaient les témoins silencieux de mon calvaire.

La seule lumière qui perçait cette obscurité était celle de la petite ampoule pendue au plafond, vacillante et insuffisante pour chasser les ténèbres qui envahissaient mon âme. Mes bras portaient les marques des sévices, mon corps meurtri témoignait des horreurs que j'avais endurées.

Je n'avais plus de larmes pour pleurer, plus de cris pour me révolter. Mes protestations s'étaient tues depuis longtemps, remplacées par une résignation froide et impuissante. Mon ravisseur, cet homme qui contrôlait chaque aspect de ma vie, s'assurait que je ne tente jamais de m'échapper.

Chaque fois que j'avais osé résister, la punition avait été plus cruelle, plus dégradante. Alors, je m'étais effacée, réduite au silence, attendant que la fin vienne mettre un terme à cette existence de douleur.

J'étais consciente que personne ne viendrait me sauver. Mon frère, celui qui m'avait, malgré lui, plongée dans cet enfer, était sûrement mort ou avait disparu depuis longtemps.

Ma mère, détruite par la douleur de notre disparition, avait dû abandonner tout espoir de nous revoir. J'étais seule, piégée dans cette cave comme une proie condamnée.

Les rares moments où je parvenais à échapper à ma réalité, c'était seulement dans les recoins les plus reculés de mon esprit, où je me souvenais encore faiblement d'une époque où j'avais été libre, insouciante.

Mais ces souvenirs s'effaçaient, brouillés par les horreurs que j'avais subies. Je n'étais plus que l'ombre de moi-même, un corps sans âme, réduit à l'état de marchandise.

Chaque fois que la porte s'ouvrait, chaque fois qu'un homme entrait, je me fermais à ce qui allait arriver. Ce n'était plus vraiment moi qui subissais tout cela. C'était une autre, une étrangère, perdue dans ce labyrinthe de douleur.

Un jour, me disais-je parfois, tout cela prendrait fin. Peut-être que je mourrais dans cette cave, peut-être que mon ravisseur me tuerait lorsque je ne serais plus utile. Mais je refusais de laisser cet espoir me consumer, car même cette fin misérable semblait être un luxe que je ne méritais plus. Tant que je respirais encore, tant que mes chaînes ne se brisaient pas, je resterais ici, prisonnière d'un monde où l'espoir n'avait plus sa place.

Je savais que tout cela ne changerait jamais, que l'enfer que je vivais continuerait jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien de moi. Car dans cette cave, il n'y avait ni justice, ni pitié. Il n'y avait que les ténèbres, et la certitude que, même si je parvenais à fuir, les cicatrices de ces quatre années resteraient gravées à jamais dans mon âme brisée.