Romy
16 Février 202423 heures
Mourir.
C'est la seule chose que je veux, la seule chose que je souhaite si fortement.
Comment avait-elle pu partir aussi tôt ? M'abandonnant, comme tous les autres.
Comme lui.
Je le déteste, je les déteste tous.
Je sais que mes seuls amis s'effondreront en apprenant mon suicide.
Mais je souffre trop, je ne continuerais pas d'endurer pour seul prétexte qu'il faut que je sois forte, pour eux, pour ma sœur.
Ils ne savent pas que je souffre autant, j'ai toujours tout fait pour leur cacher la vérité.
Sur mes cernes. Mes absences. Mes crises d' « asthme ». Mes bras. Les taches de sang sur mes draps. Mes pleurs. Ma fenêtre toujours ouverte malgré le froid glacial de la ville de New-York.
Je leur dissimule tout, trouvant un mensonge pour les rassurer. Les éloigner de mon mal être. Au maximum. Je ne voulais impliquer personne dans ma merde. Et encore moins les personnes qui comptaient le plus pour moi.
Les crises d'angoisses étaient des crises d'asthme. Le sang sur mes draps étaient à cause de mes saignements de nez du au stress des examens.
Un fait, une excuse.
J'étais soulagée qu'ils y croient. Et en même temps, je les détestais de ne pas voir la vérité. Les yeux ne mentent pas. Ils disent la vérité.
Eye's don't lie... eye's don't lie...
Il faut croire que même mes yeux mentent à la perfection.
Pff, qu'ils étaient naïfs. Je n'arrive pas à comprendre si je suis triste face à leur indifférence ou si je suis énervée.
Le vent, commençant à se lever, vient faire voler mes longs cheveux noirs, me ramenant peu à peu à la réalité. À l'endroit où je me trouve. L'endroit où je vais en finir une bonne fois pour toute.
Le pont de Brooklyn.
Ce célèbre pont.
Si je saute d'ici, je ne suis pas sûr de mourir. La zone piétonne étant au-dessus de la route de quelques mètres, pas grand chose. Je pourrais me casser une cheville, tout au plus. Et puis je n'ai pas envie d'infliger ce traumatisme à des inconnus qui n'ont rien demandé. Encore moins des enfants.
Mais rien ne m'empêche de passer par la route directement et de sauter dans l'eau. Combien de mètres franchement ? Je ne sais pas. Quarante mètres je dirais, quelque chose dans le genre. De toute façon, je finirais par me noyer.
Un soupir s'échappe de mes lèvres alors que je fixe les voitures en dessous de moi depuis la zone piétonne.
Encore quelques minutes. Quelques longues minutes qui me paraissent une éternité.
Ma date de décès sera la même qu'elle.
Je sors mon téléphone de ma poche.
Vingt-trois heures cinquante-sept.
Descendons.
J'en profite pour enlever le mode concentration d'Apple et regarder mes notifications. Youtube, Thread, Instagram. Aucune de ses notifications ne viennent de mes amis. Aucun message ne m'a été envoyé. Ils n'ont probablement pas remarqué que j'avais quitté l'appartement.
Un énième soupir franchit mes lèvres. Un léger sourire se dessine sur mes lèvres à l'idée que je ne vais pas leur manquer. Signe que je peux quitter ce monde sans me préoccuper de si je vais blesser quelqu'un.
Je range mon portable et commence à quitter l'endroit où je suis restée planter pendant plusieurs dizaines de minutes.
Bien que j'essaye de me convaincre que ma vie ne changera rien dans ce monde, je ne peux pas m'empêcher de retenir mes larmes. Aucun de mes proches s'en est rendu compte. Personne. Suis-je si inutile que ça ? Qu'est-ce que j'ai fait à ce monde pour qu'il me déteste autant ?
Un rire de désespoir. C'est la seule chose qui s'échappe de mon corps. Je suis pathétique. Comment ai-je pu croire que j'étais importante pour quelqu'un ? Pathétique. Comme elle l'a si bien dit.
Sentant la haine me monter, je dirige l'une de mes mains sur mon bras pour le serrer. La douleur me provenant de mes veines m'arrache une légère grimace.
Tu le mérites, idiote.
C'est fini, de toute façon.
Je vais crever.
J'atteins enfin la dernière destination de ma vie. Je pose mes mains sur la rambarde pour observer l'eau en dessous de moi.
Mon corps frissonne à cette vue.
Ai-je peur ? Non. C'est le froid. Ou l'excitation peut-être.
J'ai l'impression d'avoir attendu ce moment toute ma vie. Je l'ai tellement désiré, cette prise de courage me permettant enfin d'oser commettre ça.
Je sens mon cœur se serrer face à l'idée que je ne manquerais à personne, pas même à maman. Mes mains s'agrippèrent fermement à la rambarde, témoignant de la colère qui jaillit en moi.
Ni une, ni deux, je saute, sans regarder derrière moi. Sans regretter ma vie.
Mais.
Quelque chose.
Quelqu'un.
Je bascule de l'autre côté, du côté de la route. Mon corps se fige, ne comprenant pas ce qu'il se passe.
Qu'est-ce que...
Quelqu'un vient vraiment de me... sauver ? Mais pourquoi? Pourquoi faire preuve d'autant d'égoïsme et empêcher les gens de se libérer de leurs fardeaux ?
Bordel pourquoi !?
Les larmes me montent assez vite. Je veux me débarrasser de cet inconnu. Je veux crever merde !
Mais je ne le peux pas. Ses bras me tiennent si fort que j'en suffoque presque. Je n'ai pas la force de me débarrasser de lui.
Même si je le pouvais, je n'y arriverais pas.
On dirait qu'il a peur que s'il me lâche, je m'empresse de sauter. Ce qui sera le cas.
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LET ME LOVE YOU
RomanceLa mort était la seule chose qu'elle voulait. La seule chose qui pouvait la libérer de ses cauchemars. Violoniste en devenir, Romy se laisse porter par les vents jusqu'au jour où ça en est trop pour elle. Ces angoisses l'empêchant d'avancer, elle...