Le passager

CHAPITRE 18 : Mensonges.

Livia arriva devant la porte d'une maison d'architecte qu'elle connaissait par cœur. Elle voulut prendre ses clés avant de faire tomber quelque chose sur la grande dalle de béton sur laquelle elle se tenait. Le bruit métallique lui indiqua qu'elle avait trouvé le trousseau sur lequel était accroché le double de la résidence.

En ouvrant la porte en chêne massif, Livia sentit une succulente odeur se dégager du salon. Il lui fallait marcher quelques mètres le long d'un couloir baignant de lumière grâce au mur de verre qui mettait en valeur la piscine à débordement et sa vue somptueuse sur les hauteurs de la ville. Une fois dans le salon elle rejoignit sa tante, assise sur un fauteuil d'un créateur contemporain. L'accueil de celle-ci fut plus froid qu'à son habitude, l'atmosphère était pesante. Toutes deux prirent place à la table qui était dressée de nombreux plats parfaitement réalisés. La musique classique en sourdine ne s'accordait pas dans ce lieu moderne, et ne correspondait pas aux habitudes de sa propriétaire. Livia brisa la glace :

« -Tu t'es mise aux fourneaux ?

- Non, tu te doutes bien, j'ai appelé un traiteur hier soir pour que tu puisses avoir quelque chose à manger. Je préférais être au calme plutôt qu'au restaurant. Elle semblait gênée, jamais Livia ne l'avait vu dans cet état.

- En parlant d'hier, il y a certaines choses que je ne comprends pas.

- Lesquelles ? Lui demanda-t-elle en mettant ses mains l'une contre l'autre tout en se penchant en avant.

- Comment cela se fait que tu sois chez Paul ? Fit Livia en fronçant les sourcils.

- Rita m'a contacté, je n'étais pas loin, je suis donc arrivé rapidement.

- Oui mais pourquoi t'avoir contacté ? D'où connais-tu Rita ? Elle est censée être morte !

- Écoute il y a certaines choses qui sont confidentielles, et cela te paraîtrait absurde.

- Je suis au courant pour la société. La quinquagénaire fut tellement surprise de la réponse de Livia qu'elle fit un mouvement de recul, mais la jeune femme poursuivit. Ce que je souhaite savoir c'est ton lien avec eux ?

- Comment est-tu au courant ? Rita est une vielle amie a moi, elle savait que je n'étais pas loin, ça a dû lui sembler évident.

- Non, ça ne coïncide pas. Elle a demandé à Paul de me faire taire, ensuite elle a dit qu'elle aller trouver comment faire puis elle t'a contacté. Pourquoi ?

- Elle a sûrement eu peur d'être découverte et m'a ensuite contacté pour que je te demande de ne rien dire.

- Pourtant elle était si calme que ça m'a glacé le sang ! Tu dis qu'elle en a déjà subit les conséquences, de quoi parles-tu ?

- Nos chefs l'ont déjà condamné à la suite de plusieurs erreurs, c'est eux qui ont décider de la faire passer pour morte. Elle avait beaucoup de liens avec l'extérieur, elle n'a pas pu dire aurevoir à ses proches, sa vie entière a été rayé et elle en souffre encore.

-Comment ça VOTRE gouvernement ? Lui rétorqua Livia qui n'avait pas une once de pitié pour ce médecin. Tante Anne comprit qu'elle en avait trop dit. Elle ne pouvait plus faire marche arrière.

- Je fais partie de la société Liv'. J'y occupe une place pour laquelle j'ai dû faire d'énormes sacrifices. Mais tu dois te méfier des gouvernants, ils n'ont aucun respect pour l'humain.

Le cerveau de Livia était en ébullition, tout commençait à devenir clair au sujet de ses origines maternelle. Les yeux vitreux, elle se tourna vers son hôte et lui demanda le plus froidement du monde :

- Est ce que c'est toi ?

- Que veux-tu dires ? Lui répondit-elle pour la forme.

- Ma... est-ce que tu es ma mère ?

Le regard de sa tante valut milles mots, Livia s'effondra en sanglot. Elle refusa l'étreinte de sa génitrice, et reprit la parole :

- Ma question est simple, il faut que je l'entende de ta bouche !

- Ta question est simple mais la réponse est difficile ma chérie. Nous parlons d'années entières de silence. Dit-elle en se levant pour cacher ses larmes.

-Ok, cela me suffira comme réponse.

- Comment l'as-tu deviné ? Fit sa tante en essayant d'apaiser la jeune femme en prenant une voix plus douce et en se mettant à sa hauteur.

- J'ai la capacité de voir des choses que les autres ne perçoivent pas, j'ai appris que cela viendrait de mes gènes. Tu fais partie de la société donc tu as un don. Simple déduction. Maintenant vas-tu me dire pourquoi ? Tu ne me voulais pas ? Livia était très remonté ce qui été perceptible par sa gestuelle.

- C'est plus compliqué que tu ne le penses, bien sûr que je voulais de toi et sache que j'ai profité de chaque instant que j'ai pu avoir à tes cotés ! Elle marqua une pose et reprit à la suite du manque de réponse de son interlocutrice. J'étais jeune et amoureuse d'un homme violent et déjà en couple, n'ayant pas fini mes études et ne voulant pas qu'on te retire à moi j'ai menti à tout le monde. C'est grâce à mon sacrifice que tu as eu une vie normale !

- Tu as préféré me donner à une famille qui ne t'a jamais accepté ? Répliqua Livia sèchement.

- Dans la société les enfants sont très importants, ton géniteur t'aurait fait vivre un fardeau et comme je n'étais personne, tu aurais été éduqué dans leurs écoles pour soi-disant avoir les mêmes chances que les autres. Je ne voulais pas de cet avenir pour toi.

- Ce n'est pas cohérent. Pourquoi tu as été élevé dans ta famille quand tu étais jeune ? Et de qui tiens-tu ces gènes ?

- Ces gènes je les dois à ta grand-mère, à qui tu ressembles énormément. A son époque la détection était plus difficile, elle à accouchée pendant la guerre et est morte en couche. Dans de tels circonstance je suis passé entre les mailles du filet. Ton grand père avait été obligé de l'épouser, il a fini par trouver une autre femme qui est rapidement tombé enceinte de ta mère. Ainsi toute l'histoire de ta grand-mère s'est éteinte avec elle.

- Pourquoi m'avoir laissé à ta sœur ?

- Son rêve était d'avoir une grande famille mais elle ne parvenait pas à concevoir, de mon côté je voulais une meilleure vie pour toi. Nous avons fait ce choix.

- Ouah, toute ma vie est un mensonge et mes parents sont de mèche. Donc mon frère était aussi ton fils ?

- Ils ne savent rien sur la société Livia ! Ne leurs dit surtout pas. Roméo était bien le fils de tes parents

- Je ne vais pas les mettre en danger en leurs parlant de ça. Non Roméo est bien leurs fils biologique. 

- Comment tu as fait pour cacher ton accouchement ?

- Je suis allée dans des hôpitaux peu scrupuleux pour mes examens et aussi pour l'accouchement, je me suis fait passer pour ma sœur et ils n'ont eu cas remplir les papiers en son nom.

- C'est effrayant que ça puisse être si facile de se débarrasser de son bébé.

- Je ne me suis pas débarrassée de toi ! Te mettre au monde a été une des pires épreuves de ma vie, après te laisser devenir officiellement le bébé d'une autre.

- Ça fait beaucoup de choses à digérer pour moi. Livia pouvait percevoir le malaise de sa tante dans le fond de son être, elle semblait éprouver de la culpabilité, s'en était trop pour la jeune femme qui se leva pour rejoindre la porte d'entrée. Je vais y aller.

- C'est comme tu le sens ma chérie. Prend le temps qu'il te faudra. Mais je veux juste que tu sache que je veille sur toi depuis le début et que tu peux compter sur moi à chaque instant."

La jeune femme ne sut quoi répondre et ferma la porte derrière elle.