VALENTINA
— Je termine de te couper les pointes et tu pourras y aller.
Ma tante rassemble délicatement mes longs cheveux noirs et fait passer son peigne sur toute la longueur. Du bout de ses doigts, elle pince les extrémités, avant d'agiter ses ciseaux.
— Je te fais confiance, Tía.
Néanmoins, je pose un regard anxieux sur ses mains à travers le miroir, et juste avant qu'elle coupe, je lui précise précipitamment :
— Pas plus de deux ou trois centimètres, hein ? Juste les pointes.
Elle s'esclaffe, puis lance un regard amusé à ma grand-mère qui nous observe paisiblement, assise dans le canapé.
— À chaque fois, j'ai l'impression que cette petite pense que je serais capable de lui faire du mal.
Avec un sourire malicieux, ma grand-mère réajuste le poncho coloré qui enveloppe ses épaules. Après avoir avalé une gorgée de café, elle répond d'une voix douce :
— Sois indulgente, elle te confie son bien le plus précieux.
Même si Abuelita se moque de moi, je refuse d'avoir une coupe affreuse devant mon miroir le matin.
Tía Carmen pose une main réconfortante sur mon épaule, puis m'adresse un clin d'œil. Je sais que je stresse pour rien. Je lui confie mes cheveux depuis mes cinq ans et elle ne m'a jamais déçue. Malgré ça, mon cœur se serre légèrement à l'entente du bruit des ciseaux coupant la pointe de mes cheveux.
Je détourne alors le regard vers le crucifix accroché au mur par ma grand-mère. Il est entouré d'un tableau représentant une coupe de fruits et de la photo de ma quinceañera. Récemment, de nouveaux cadres se sont ajoutés aux murs. Ma cousine, Paloma, m'a offert un appareil photo d'occasion le jour de mon dix-septième anniversaire. Alors depuis deux ans, je capture moi-même les moments de vie que je partage avec elle, tía Carmen, ma grand-mère et nos voisins.
— Où est Paloma ? demande Abuelita.
— Au travail, répond ma tante sans se laisser perturber.
Elle lisse mes cheveux de sa paume, puis examine le résultat avant de raccourcir une mèche rebelle.
— Elle va se tuer à la tâche, soupire ma grand-mère.
— Elle a eu de la chance de trouver ce poste, proteste Carmen.
À moi aussi, elle me manque et je m'inquiète quand elle n'est pas là. Seulement, nous avons besoin de cet argent. Les cours à l'université ne sont vraiment pas donnés, je te rappelle.
Je perçois une pointe d'amertume dans sa voix, ce qui me fait immédiatement baisser les yeux. Elle ajoute :
— Toi aussi, Valentina, il faut que tu fasses attention quand tu es dehors. Tepito ne pardonne pas, tu le sais.
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VALENTINA (Sous contrat d'édition chez HUGO PUBLISHING)
RomanceIl a suffit d'un regard, un soir d'été à Tepito pour que Valentina, se retrouve mêlée au cœur des affaires du cartel le plus sanglant du Mexique. Et alors qu'elle tente tant bien que mal de s'ériger vers la lumière, elle s'engouffre dans la noirceu...