CLAP.
Nous commençons à nous tourner autour, à esquisser quelques feintes. Je tente un direct mais elle esquive et m'envoie un kick dans les côtes. Je m'écarte, tourne un peu, attendant son attaque. Mais elle n'attaque pas, au contraire, sa garde est baissée, et c'est limite si elle ne me sourit pas. Elle me provoque, j'hallucine! Je lui réponds à ma façon : je feins un crochet du droit et alors qu'elle monte sa garde pour parer, je lui lance un double kick dans le flanc, le second un peu faible car elle manque de m'attraper le pied.
Je me replace et ré-attaque directement, elle réplique par un double jab puis un front kick dans le ventre qui me coupe le souffle un instant, mais c'est l'instant de trop : elle m'enserre la taille et me projette au sol. Je tombe sur le dos et balance mes jambes en l'air pour nous retourner, mais elle est plus lourde qu'il n'y parait et nous basculons sur le côté. Rapide comme l'éclair, elle se redresse et saisit mes épaules. Je résiste, m'appuyant sur le grillage de la cage pour me relever tant bien que mal, je la tiens par le torse et lui inflige quelques coups de genoux dans le ventre alors qu'elle m'étreint les épaules pour tenter d'atteindre ma nuque. C'est une lutte sans fin qui s'annonce, chacune à mesurer la force de l'autre, attendant qu'elle commette une faute pour essayer de la soumettre et de remporter ce combat.
L'arbitre nous somme de combattre, mais rien de se produit, nous sommes figées dans une étreinte violente. Il fait un signe, nous regagnons nos zones. Il redémarre le combat. Je reprends ma position d'attaque, lui inflige un low kick dans les mollets et un uppercut; elle réplique avec un direct et un magistral coup de genou dans le sternum au moment où le premier round se termine.
Le souffle court, je regagne mon coin et me laisse tomber sur le tabouret. Kader me tend une bouteille d'eau, Momo m'essuie la face et me masse les épaules. Il me dit :
- C'est bien saghira. Tu résistes, tu lui montres qui t'es, c'est bien ça. Monte ta garde bien haut, souviens-toi, haute la garde ok?
J'acquiesce passivement. Saghira. Ça veut dire petite en arabe. Il m'appelle toujours comme ça pendant les matchs. Il continue :
- Elle va vouloir t'amener au sol, à tout prix. Il faut que tu joues avec elle, que tu te déplaces, t'es plus petite et plus rapide qu'elle. Cherche les failles aussi, comme à l'entrainement, tu te souviens? T'es gauchère, et ça c'est un vrai avantage sur elle. Son bras gauche est plus faible que son droit, et quand elle se sert de ses pieds elle baisse trop sa garde, et c'est la que t'attaques, ok saghira? Tu peux le faire, je le sais!
Il dit ça pour se rassurer lui-même plus que moi, mais tant pis. L'arbitre nous appelle. Je me lève, elle aussi. On se dévisage de loin. L'arbitre sonne le début du second round.
Chercher les failles. Je sautille, lui tourne autour. Je suis plus petite, plus rapide. Elle ne doit pas m'emmener au sol. Je monte ma garde haut, et je feins une attaque de poings pour la laisser contre-attaquer. La tactique fonctionne trop bien, et elle m'envoie deux coups de pieds magistraux dans les côtes. En théorie, je comprends bien le principe de chercher les failles, mais en pratique, ça fait mal. J'ai pas le temps de voir sa garde, juste à baisser la mienne pour protéger mon foie. C'est l'opportunité qu'elle attendait pour se ruer sur moi. J'ai à peine le temps de la voir venir que je me retrouve au sol sur le dos, Fierce étendue sur moi de tout son poids, à me coller plusieurs coup de coudes dans le menton en prime. Elle cherche le K-O, et je me sens partir.
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Dans la cage
Short StoryJulie s'apprête à entrer dans la cage, pour le combat le plus important et le plus difficile de sa carrière.