PROLOGUE - ZINNIA

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Je m'étais réfugiée sous le lit, serrant mes genoux contre ma poitrine, tentant de rendre ma respiration aussi silencieuse que possible. Le noir m'entourait, dense et oppressant, mais je savais que c'était mon seul refuge.

J'entendais des bruits de pas dans la pièce, des voix qui murmuraient mon nom, cherchant à me trouver. Mais je ne pouvais pas me permettre d'être découverte, pas maintenant.

Mon cœur battait si fort dans ma poitrine que j'avais peur que ce bruit puisse les guider jusqu'à moi. Je me sentais de plus en plus mal à l'aise, une sensation lourde s'insinuant dans mes veines, comme si mon corps devenait trop lourd pour que je puisse le supporter. Un vertige sourd m'envahissait, et je me recroquevillais un peu plus, espérant que la douleur finirait par s'en aller si je restais assez immobile.

J'avais peur, mais ce n'était pas seulement à cause de ceux qui me cherchaient. Une peur bien plus grande me rongeait de l'intérieur. Un monstre silencieux que je portais en moi depuis si longtemps, un monstre que je n'osais jamais nommer.

Tout avait commencé quand je m'étais sentie malade pour la première fois, il y a des mois, peut-être plus, je ne me souviens plus exactement. J'avais trouvé le courage d'en parler à mon père, de lui dire que quelque chose n'allait pas, que je ne me sentais pas bien.

Mais sa réaction m'avait glacée. Ses yeux s'étaient durcis, et sa voix avait pris un ton tranchant, presque menaçant. Puis les coups s'étaient mis à pleurer, violents et sans pitié. Depuis ce jour, je n'avais plus jamais osé me plaindre, plus jamais osé dire que j'avais mal, même si la douleur devenait insupportable.

Et aujourd'hui, elle l'était. Une chaleur étrange montait en moi, mes mains devenaient moites, et je sentais que quelque chose clochait. C'était comme si mon corps se rebellait, refusant d'obéir, de fonctionner correctement. Mes membres tremblaient légèrement, et je devais me mordre la lèvre pour ne pas gémir de peur de révéler ma cachette.

Je savais que c'était une crise. J'avais vu les signes dans les livres que je lisais en cachette, les histoires de maladies que personne ne voulait jamais évoquer à voix haute. Une crise diabétique.

Je le savais, au fond de moi, que c'était ce que j'avais, mais je n'avais jamais pu le dire à qui que ce soit. Mon père m'avait fait comprendre que la faiblesse n'était pas tolérée. Et moi, je ne voulais pas être faible. Pas pour lui.

Mais cette fois, la douleur était différente, plus intense. Elle m'écrasait, m'étouffait, comme si elle cherchait à m'avaler tout entière. La sueur perlait sur mon front, froide et désagréable, tandis que le monde autour de moi commençait à vaciller. Ma vision se brouillait, et je sentais que je perdais le contrôle, que mon corps ne répondait plus comme il le devait.

Je me suis recroquevillée encore plus, les bras entourant mes jambes, espérant que cette position pourrait m'apporter un peu de réconfort, un peu de soulagement. Mais rien ne venait. Le noir sous le lit devenait plus sombre, plus oppressant, et ma tête tournait de plus en plus.

Je ne pouvais pas appeler à l'aide. Je ne devais pas. Si je le faisais, si quelqu'un me trouvait ici, dans cet état, je savais ce qui m'attendait. Je revoyais le regard de mon père, ce regard dur, sans pitié. Ce regard qui m'avait appris à me taire, à souffrir en silence. Mais maintenant, tout ce silence me rongeait, m'étouffait.

Les pas dans la pièce s'éloignaient lentement, et je savais que j'avais réussi à ne pas être découverte. Mais à quel prix ? J'étais seule, seule face à cette douleur, à cette peur qui ne me quittait jamais vraiment.

Ma respiration se fit plus saccadée, plus difficile, et je sentis les larmes monter, brûlantes et amères. Mais je les retins, comme toujours. Je ne devais pas pleurer. Je ne devais pas montrer ma faiblesse.

AETHERIA - ONE NIGHT [T3]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant