Les Jours d'Insensibilité
Il se souvient de ces jours où chaque pensée était une torture, où la douleur s'accrochait à lui comme une ombre tenace, impossible à chasser. Chaque matin, il se réveillait avec ce poids sur la poitrine, cette sensation d'étouffement qui rendait même la simple idée de vivre insupportable. Pourtant, aujourd'hui, tout semble différent. La douleur qui autrefois l'envahissait à chaque instant s'estompe peu à peu, remplacée par une étrange insensibilité. Les souvenirs de ses souffrances se dissipent comme des brumes légères au lever du jour, ne laissant derrière eux qu'un vide froid et insondable.
Il observe ce changement avec perplexité, se demandant si cette absence de douleur est une victoire ou une défaite. A-t-il réussi à surmonter ses tourments, ou a-t-il simplement perdu la capacité de ressentir ? Il constate que même les moments les plus intenses, qu'ils soient heureux ou malheureux, ne semblent plus l'affecter comme avant. Une sorte de paix glacée l'envahit, mais il se demande si ce n'est pas une forme de mort intérieure, un état où l'oubli de la douleur ne fait que masquer une perte plus profonde : celle de son humanité, de son âme même.
La Fuite dans l'Indifférence
Pour échapper à la douleur, il s'est enfermé dans une coquille d'indifférence, une barrière invisible mais solide qui le sépare du monde. Il se tient à distance des autres, observe leurs vies s'agiter autour de lui, mais ne ressent plus rien. Pas de pitié pour les pleurs, pas de joie pour les rires, seulement un regard distant, presque clinique. Ses émotions se sont asséchées, comme une rivière dont le cours a été détourné. Il se surprend à éviter tout contact, à esquiver les discussions, à fuir tout ce qui pourrait briser cette barrière fragile qu'il a érigée autour de lui.
Dans cette solitude choisie, il découvre une forme de paix étrange, mais également une inquiétude qui commence à le ronger doucement. Est-ce ainsi qu'il doit vivre désormais ? Est-il condamné à ce détachement, à cette absence de liens et d'émotions ? Il réalise qu'en s'éloignant des autres, il a peut-être perdu quelque chose de plus précieux encore : la capacité d'aimer, de s'attacher, de ressentir. Ce vide qu'il pensait protecteur commence à lui paraître comme un gouffre, un précipice sur le bord duquel il vacille, se demandant s'il pourra jamais revenir en arrière.
L'Appel du Néant
Alors qu'il se noie dans cet océan d'indifférence, une tentation sombre commence à l'attirer : celle du néant absolu. L'idée de disparaître complètement, de s'effacer sans laisser de trace, devient de plus en plus séduisante. Il imagine un vide total, où ni douleur, ni joie n'ont leur place. Une existence sans souffrance semble un rêve paisible, un refuge ultime contre les tumultes de la vie. Cette perspective de l'anéantissement l'attire, une promesse de soulagement et d'oubli.
Il s'assoit dans le silence de sa solitude, les pensées vagabondant vers ce néant. Il se demande si cette absence d'existence ne serait pas une forme ultime de paix, une échappatoire à toutes les contradictions et souffrances du monde. Il envisage le vide comme une solution, un sanctuaire où les douleurs et les regrets se dissiperaient à jamais.
Mais une question le hante : et si ce vide était, en réalité, une prison de l'âme, une perte irrémédiable de ce qui fait de lui un être vivant, sensible et humain ? Alors qu'il lutte avec ce désir de disparaître, il se rend compte que ce chemin pourrait le mener à une fin déshumanisante, un renoncement total qui pourrait être bien pire que la douleur qu'il tente de fuir.
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Équivoque
General FictionDans Équivoque, plongez au cœur d'une exploration poignante et complexe de l'âme humaine. Ce roman nous transporte dans une société qui prétend célébrer l'égalité, mais où se cachent des fissures profondes et invisibles. L'histoire suit un homme en...