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Vanessa Morales

La sueur perlait sur mon visage, ma respiration était haletante au milieu d'un brouhaha énorme de supporters en délire, hurlant et criant pour la victoire de l'équipe. J'étais là, balle en main, dribblant jusqu'au panier adverse dans la dernière minute de jeu. Mon regard était fixé sur mon objectif final. Le son de mes baskets et du ballon qui rebondissait sur le parquet ciré du gymnase était étouffé par les cris incessants des spectateurs dans les gradins. Chacun agitait des pancartes, d'autres des drapeaux avec le logo de chaque établissement, espérant ardemment la victoire de l'une ou de l'autre équipe.

À quelques secondes de la fin du dernier quart-temps, je m'élançai pour un tir à trois points. Tout le monde, joueurs comme spectateurs, retint son souffle en fixant la balle tracer son chemin jusqu'au cerceau. Contre toute attente, elle traversa le filet, pile une seconde avant le coup de sifflet de l'arbitre qui marqua la fin du match. Nous avions gagné.

Reprenant mon souffle, la balle retombant au sol, nos supporters éclatèrent d'applaudissements tandis que mes coéquipières sautaient de joie en groupe, telles des hystériques, comme si elles venaient de croiser une star d'Hollywood. Ce n'était qu'un simple match amical, mais pour notre équipe, les Brooklyn, le mot "défaite" n'existait pas. Depuis nos débuts, nous n'avions jamais perdu un seul match. Le lycée était devenu un centre d'attention pour de potentiels recruteurs de nombreuses universités sportives de la région.

Honnêtement, cela ne me dérangeait pas, mais le sport n'était pour moi qu'un simple passe-temps, pas une carrière. J'ai beau le répéter sans cesse au coach, elle refuse d'envisager un refus de ma part. Elle insiste, affirmant que je suis née pour ça, que j'ai du talent. Certes, j'ai du talent, mais jamais je n'aurais imaginé que cela prendrait une telle ampleur. D'autant plus que je suis devenue l'idole populaire de notre lycée, avec une cote de popularité élevée auprès des garçons. Mais qu'on soit clairs : je n'en ai rien à cirer. Les mecs ne m'intéressent pas, mais personne d'autre que moi ne le sait. Personne ne devait le savoir et je le savais très bien. Si jamais ça venait à s'ébruiter, ma vie sociale au sein de cet établissement n'en serait que chaos et humiliation. La peur et l'angoisse que ce secret soit révélé au grand jour me taraudait l'esprit depuis bien longtemps. L'homosexualité n'était pas une norme dans cette communauté. Je me ferais tout bonnement rejeter et dénigrer jusqu'à n'en plus pouvoir vivre. Et ça, je me le refusais,...

De retour vers le banc pour récupérer mes affaires, une horde de garçons m'accueillit, prêts à satisfaire le moindre de mes caprices, sous le regard consterné et énervé de mes coéquipières. Elles me lançaient des regards réprobateurs, agacées de voir que j'accaparais non seulement l'attention des autres gars, mais aussi de leurs petits amis. Ce n'était pas ma faute si leurs mecs étaient infidèles au point de me préférer à leurs princesses respectives. Je n'en avais rien à faire, mais ils continuaient toujours de me coller, même quand je les rejetais. Ils étaient vraiment pénibles...

— Vanessa ? Tu voudrais déjeuner avec moi un de ces jours ? demanda une voix assurée derrière moi.

Je me tournai, prenant une gorgée d'eau, et tombai sur Jason, le capitaine de l'équipe de football du lycée. Avec son sourire séducteur, il semblait déjà anticiper une réponse positive de ma part. Mais tout le monde sait que j'envoie balader tous les mecs. Jason ne ferait pas exception. Même dans un cas où les garçons pourraient m'intéresser, jamais au grand jamais je ne choisirai un coureur de jupon tel que lui. Et ça, j'en savais quelque chose. Sa façon de charmer et d'attirer n'importe quelle fille vers lui pour avoir son dû me dégoûtait. C'était typiquement le genre de gars charmant qu'il fallait éviter de côtoyer, que vous soyez proche ou non.

— Désolée, Jason, mais c'est non, dis-je en prenant mon sac sous son regard déçu.

— Oh, allez, t'en as pas marre de rester célibataire ? soupira-t-il avec son sourire agaçant.

VANESSA [wlw] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant