Kiss Me

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(by Sixpence None The Richer)

"Ça suffit," dit-il en riant doucement. "tu vas finir par me faire rougir."

"Arrête de faire ton modeste," assena Lucas en donnant une tape sur l'épaule. "tu fais beaucoup plus que certains qui sont dans l'armée depuis plus longtemps."

La conversation continue, et lorsque l'attention se tourne vers Jenna, elle prend un moment pour se vanter modestement.

"Quant à moi," dit-elle en croisant les bras avec un sourire, "je suis devenue illustratrice. Vous savez, je fais les couvertures de pas mal de bouquins et d'affiches en ce moment. On dit même que je suis l'illustratrice la plus en vogue du pays, dans certains magazines."

Ils la félicitent tous, impressionnés par sa réussite. Jenna, toujours curieuse, tourne ensuite la conversation vers leur amie voyageuse.

"Et toi, alors, tu arrives de quel pays ? Où t'ont mené ces cinq années ?"

La jeune femme sourit, ravie de partager ses expériences.

"Eh bien, j'ai commencé par l'Asie de l'Est et centrale. Puis après un bout de l'Europe. Il y a deux ans et demi, j'ai fait quelques pays dans le sud de l'Afrique puis je suis retourné en Asie pour visiter la Thaïlande et pour finir j'ai passé l'année dernière en Argentine. Chaque endroit avait quelque chose de magique à offrir. C'était... unique."

Ils l'écoutent tous avec attention, fascinés par ses récits de voyages et comment elle décrit chaque rencontre et sa vision des différentes cultures qu'elle a pu découvrir. L'ambiance devint plus douce, plus intime, alors que chacun se rend compte de tout le chemin parcouru depuis leurs années de fac. Les discussions continuent, les rires fusent tels que les souvenirs, cimentant encore une fois les liens qui les unissent.

A la sortie du bar, chacun parti, seul ou à deux, dans une direction différente, retrouvant le froid de décembre, se promettant de bientôt se refaire une soirée comme celle-là. Thomas et la rousse, cependant, se retrouvèrent seuls devant le bar, n'ayant rien de prévu pour lui, et ne voulant pas rentrer tout de suite pour elle, leurs regards balayant les lumières de la rue désormais calme. Un silence s'installa entre eux, confortable mais lourd. Elle se tourne vers lui, un léger sourire aux lèvres, et demanda :

"Alors... tu es en ville en permission ou... en mission ?" Sa voix est douce, teintée d'une curiosité sincère.

"Un peu des deux." esquissant un léger sourire. "Disons, que... voilà quoi..."

Elle hoche la tête, comprenant que la situation était compliquée et que le métier du jeune homme ne lui permettait pas de parler si ouvertement de son métier. Il y a quelque chose dans son attitude qui lui rappelle à quel point la vie militaire impose des limites, même dans les moments les plus simple. Puis d'un geste simple mais empreint de rigueur militaire, Thomas fit un geste de sa main, une invitation silencieuse à faire un bout de chemin à deux. Elle observe ce geste simple mais empli une formalité militaire, cela la fit sourire, faisant échapper de sa bouche un petit nuage blanc, signe du froid bien présent. La jeune femme accepte l'offre toujours avec ce sourire, et il fut touché par ce sourire le ramenant six ans en arrière quand déjà ils passaient des heures à faire le tour de la fac, et qu'elle lui lançait le même sourire. Sans hésiter, il attrape sa valise comme si c'était la chose la plus naturelle au monde. Ils commencèrent à marcher, leurs pas s'alignant facilement. La conversation s'engage, d'abord sur des sujets légers, des banalités qu'ils avaient déjà échangées dans le bar, puis ils glissent naturellement vers des souvenirs de voyages. Il lui avoue alors qu'il a lui aussi voyagé dans des pays que la jeune femme a visité, mais pour des raisons bien différentes.

"C'était incroyable de vois ces paysages... les montagnes, toutes ces couleurs..." dit-elle, se remémorant les moments passés là-bas.

"Oui, ça doit être incroyable. Des pays que je "visite" je ne vois que les bases militaires..." répond-il, ses pensées revenant sur ce qu'il avait vécu là-bas, bien loin de ce qu'elle pourrait imaginer.

Ils continuent de discuter, comparant leurs expériences, découvrant avec surprise qu'ils avaient été marqués par les mêmes aspects dans les voyages. Leur conversation, bien que légère en apparence, révèle une profondeur inattendue dans leurs perspectives respectives. Leurs voix résonnent doucement dans la nuit, et pour un instant, c'est comme s'ils étaient seuls au monde, comme leur balade des années auparavant.

Alors qu'ils continuaient de marcher, les descriptions de Thomas sur le pays qu'ils avaient tous deux visité firent naître une idée dans l'esprit de la rousse. Soudain, elle s'arrêta, un éclair traversant ses pensées. Elle le stoppa, pour accéder à sa valise et se pencha sur cette dernière, en extirpa son appareil photo. Passant la sangle autour de son cou avec une grande habilité, elle alluma l'appareil et commença à parcourir les images stockées sur sa pellicule. Thomas, intrigué par son empressement, resta à une certaine distance, interdit par respect pour l'espace personnel de son amie, une habitude qu'il avait acquise dans l'armée. Mais elle ne lui laissa pas longtemps ce recul. Saisissant le pan de son uniforme avec douceur mais fermeté, elle l'attira vers elle pour qu'il puisse mieux voir les clichés.

"Regarde," dit-elle, ses doigts glissant doucement du pan de l'uniforme jusqu'à l'écran pour lui montrer les photos. "je me suis dit que... tu voudrais peut-être voir d'autres paysages, un peu plus... colorés."

Les photos débordaient de couleurs vibrantes, de scènes lumineuses capturées sous un ciel éclatant. Les rires et la joie semblaient presque palpables à travers les images. Thomas se rapprocha, son regard s'attardant sur les clichés. Leur proximité soudaine fit monter le rouge aux joues de la jeune femme, qui se sentit soudainement consciente des répercussions de son geste précédent. Thomas, lui, sans vraiment s'en rendre compte, prit l'appareil des mains de la jeune rousse, la rapprochant de lui, grâce ou à cause de la sangle, ne laissant que quelques centimètres entre leurs visages. Il remarqua alors quelque chose qui le fit tiquer.

"Attend, attend une seconde... ces dates," murmura-t-il en observant les informations de prise de vue affichées sur le côté de l'écran. "tu étais dans ce pays... il y a deux ans ?"

Il leva les yeux vers elle, n'entendant pas sa réponse. Elle acquiesça en voyant son regard, la réchauffant de toute part, encore un peu troublée par la proximité, mais aussi curieuse de la suite.

"Quand est-ce que tu es arrivé dans le pays, et surtout... quand est-ce que tu es partie ?" demanda-t-il, ses traits se durcissant légèrement, son ton devenant plus grave.

Au revoir, Soldat.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant