Chapitre 14

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Le temps s'écoulait rapidement pour Sophia, presque à une vitesse qui lui échappait. Il ne lui restait plus qu'un an avant de terminer ses études à Harvard, et chaque jour la rapprochait de la fin de ce chapitre, mais aussi d'une nouvelle liberté. Pourtant, cette liberté, tant désirée, était teintée de mélancolie. Depuis son retrait du monde du hacking, elle avait amassé suffisamment d'argent grâce aux missions qu'elle avait réalisées pour Emir et d'autres sous le radar, lui permettant de préparer son départ de la vie qu'elle avait toujours connue. Cependant, alors qu'elle touchait enfin du doigt cette indépendance, quelque chose en elle semblait brisé.

Son plan pour se détacher définitivement de sa famille était en place. Les attentes de son grand-père et de ses parents, autrefois étouffantes, allaient bientôt n'avoir plus aucun pouvoir sur elle. Mais même si elle avait réussi à se libérer de leur emprise, un autre poids pesait sur son cœur : la douleur silencieuse de l'absence d'Emir. Ce vide creusé par le silence entre eux depuis des mois était une blessure qu'elle ne savait pas comment guérir.

Durant cette dernière année, Sophia avait dû se plier à diverses obligations familiales, notamment en accompagnant James, le partenaire d'affaires de son grand-père, à des événements mondains. Son grand-père, toujours soucieux de maintenir une image impeccable pour la famille, insistait pour que Sophia soit vue dans ces cercles influents. Les soirées se succédaient, toutes semblables, remplies de conversations superficielles, de sourires forcés, et de mondanités qui la laissaient épuisée et vide. James, bien que poli et respectueux, n'était qu'une autre facette de cette vie qu'elle cherchait désespérément à fuir. À chaque événement, elle se sentait de plus en plus détachée, comme une marionnette dont les fils étaient contrôlés par des mains invisibles.

Un soir, après un de ces événements, Sophia rentra enfin à son appartement. Elle ferma la porte derrière elle, se déchaussa avec lassitude, et marcha lentement vers le salon. Elle se laissa tomber sur le canapé, le regard fixé sur le plafond. Son appartement, habituellement son refuge, semblait soudain incroyablement froid et vide. Un silence oppressant l'entourait, contrastant brutalement avec le bruit incessant de la soirée mondaine dont elle venait de s'échapper.

Alors que les minutes s'écoulaient, les pensées de Sophia se tournèrent encore une fois vers Emir. Il n'y avait eu aucune nouvelle de lui depuis des mois. Ce silence pesant était à la fois un soulagement — car il signifiait qu'il était probablement en sécurité — mais aussi une torture, car elle ignorait tout de ce qu'il pouvait bien vivre. Se souvenait-il d'elle ? Pensait-il encore à leurs moments partagés, à ces baisers volés dans des moments de vulnérabilité et de passion ?

Les larmes commencèrent à couler sans prévenir. Elle n'avait jamais imaginé à quel point il lui manquerait. Emir avait été son ancre dans un monde où elle se sentait perdue. Elle se souvenait des moments où ils avaient partagé bien plus que des idées ou des stratégies de hacking ; ils avaient partagé des sentiments, une alchimie qu'elle n'avait jamais connue auparavant. Leurs baisers avaient été furtifs, mais empreints de désir et de tendresse. À chaque fois qu'ils se rapprochaient, c'était comme si le monde autour d'eux disparaissait, les laissant seuls dans leur bulle de passion.

Mais désormais, cette connexion semblait rompue, et la douleur de son absence la submergeait.  Il était devenu une raison de vivre, quelqu'un avec qui elle avait rêvé de construire quelque chose, même si cette idée semblait impossible à l'époque. Aujourd'hui, elle se sentait vide, incapable de se projeter dans l'avenir sans lui.

Elle se recroquevilla sur le canapé, secouée par des sanglots incontrôlables. La fatigue, le poids des attentes familiales, et l'absence d'Emir se mélangeaient en un tourbillon d'émotions qu'elle ne pouvait plus contenir. Elle avait tant cherché à se libérer des chaînes de sa famille, à gagner son indépendance, qu'elle n'avait pas réalisé qu'elle avait lié une partie de son bonheur à une personne qui, aujourd'hui, semblait inaccessible. L'amour qu'elle ressentait pour Emir était devenu une source de douleur incommensurable.

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