Un grand message s'affiche devant ma vue, et je devine tout de suite que j'ai perdu.
Je jette mon casque violemment sur le meuble en bois à côté de moi, sans prêter attention à ma petite sœur. Le bruit de ses pas montant les escaliers me ramène à la réalité. Elle ouvre doucement la porte et me regarde quelques secondes.
- Pourquoi tu continues à y jouer? Tu sais bien que tu as du travail. Puis, de toutes manières tu sais bien que les chances que tu sois sélectionné sont casiment impossible.
- Je sais, mais maman elle le voulait.
- Je ne veux pas que tu partes, pas comme elle.
Je me lève pour m'accroupir près de ma petite protégée afin de la réconforter.
- Ne t'inquiète pas, je ne t'abandonnerai jamais, tu le sais bien. Un grand frère ne fait pas ça.
***
Je sors discrètement de notre maison pour me rendre au travail. Je n'ai pas le choix si je veux garder la maison.
C'est une simple épicerie moderne qui a été ouverte il n'y a pas si longtemps. Rien de mieux pour trouver un job ennuyeuse! Dire que je dois être caissière pour le restant de mes jours.
Au moins, ça rapporte beaucoup et c'est assez pour que je vive une vie normale avec ma sœur. Nos voisins n'ont jamais questionné le fait que nous habitons seules depuis deux ans. De nos jours, c'est totalement habituel de voir des enfants avec des parents trop occupés. La plupart reviennent après minuit et ils doivent se débrouiller seuls.
Tant mieux pour nous, je ne veux pas nous attirer des ennuis inutiles avec la police.
Je rentre dans le magasin et me dirige vers le bureau du patron.
- Désolé de mon retard.
- C'est la cinquième fois cette semaine. Que se passe-t-il ?
- Je suis... très occupé ces temps-ci, mes parents ne sont pas beaucoup présents.
- Demande-le si tu veux un congé, j'ai assez d'employés pour gérer le bâtiment. Ne sois pas inquiet à propos de ça. Maintenant, retourne au travail, les clients préfèrent les files courtes.
Je le remercie de sa patience et me dépêche de me rendre au deuxième étage. Je mets mon manteau dans mon casier pour faire apparaître mon uniforme. Je referme à clé la porte de la salle des travailleurs et cours aux caisses.
Un troupeau de personnes se précipite déjà vers moi dès que j'ouvre la lumière affichant le numéro neuf. C'est mieux que de ne rien faire, je suppose.
Le temps passe vite parfois, surtout quand tu es occupé à faire une activité.
Les clients diminuent au fil de la journée jusqu'à ce que le magasin soit désert. Les derniers ne s'attardent pas et partent le plus vite possible.
Il reste une heure avant que la ville soit complètement calme. Je ne sais toujours pas pourquoi, mais ce couvre-feu fait très peur aux gens. Personnellement, je passe à côté ; le gouvernement n'a jamais dit pourquoi. S'il n'y a pas de raison, ne comptez pas sur moi pour le respecter !
Je m'assois sur une chaise et commence à observer les environs. Mes heures de travail finissent dans une demi-heure, cela ne devrait pas être très long.
Un homme habillé en noir attire mon attention ; il a des lunettes de soleil ainsi qu'une cravate. C'est bizarre en plein hiver, on pourrait presque dire que c'est un garde, comme dans les films. Je me demande bien ce qu'il regarde ; en tout cas, ce ne sont pas les étagères ni moi.
Attends deux secondes, ce mec me regarde. À part s'il aime les pubs de shampoing pour cheveux qui se trouvent derrière moi, mais je confirme, il est bien chauve. Je détourne le regard, pensant éviter le sien. C'est un peu moi qui ai démarré, je ne veux pas qu'il se sente mal.
Je quitte le comptoir d'un pas pressé ; je le jure, l'homme me regarde encore. De toute manière, je peux partir, rien ne m'en empêche. Je débloque mon cadenas comme si ma vie en dépendait et je m'habille comme l'éclair. J'enfile mes bottes, mon manteau et ma tuque, sans oublier les clés de la maison.
Je souhaite une bonne fin de semaine à mon boss et file dans la rue. Ouf, je déteste les inconnus obsédés par moi.
Je tourne ma tête pour vérifier qu'il n'y a personne avec moi et je m'imagine déjà un "Game Over" dans ma tête. Il est encore là, puis il... marche vers moi!?
Aucun problème, je vais juste courir le plus loin possible pour qu'il se perde. Il ne faudrait surtout pas qu'il sache où j'habite, je ne sais même pas pourquoi il me poursuit à la base!
J'arrive tout essoufflé chez moi et me retourne rapidement. C'est désert. Je débloque la porte et la referme aussi vite que je suis entrée.
Julie arrive en courant et je lui fais un gros câlin.
- Pourquoi tu courais?
- Pour rien, je faisais un peu de course, c'est tout.
- C'est pas de ton gen...
Un cognement à la porte lui coupe la parole et je me fige sur place. Il est dehors, comment a-t-il su?
J'emmène rapidement ma sœur au deuxième étage et lui dis de rester silencieuse. Quand j'ouvre les rideaux de ma chambre pour mieux voir j'aperçois plusieurs individus. Mon sang se glace et je commence à chuchoter à ma sœur des instructions.
- Ils vont partir, on va simplement attendre sans leur répondre.
Elle hoche de la tête d'un signe approbateur et nous attendons calmement que tout cesse.
Les "toc toc toc" deviennent de plus en plus forts, sans arrêt. Je lui couvre les oreilles pour la calmer, mais ils continuent et n'abandonnent pas.
Soudain, tout s'arrête. Un grand silence s'installe et un énorme "BOUM" se répand dans les couloirs.
La porte est brisée. Des bruits de pas nous indiquent qu'ils sont rentrés dans la maison sans trop aller loin. C'est là que j'ai compris que nous étions foutus.
- Veuillez descendre immédiatement, nous ne vous ferons aucun mal. Vous avez l'obligation de monter avec nous.
Ça y est, mon cœur se fracasse en morceaux. C'est la fin pour nous.
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AdventureJ'adore les jeux-vidéos depuis mon enfance, même si en 2047 il a bien changé. C'est passé des ordinateurs aux casque de réalité virtuel, puis finalement l'expérience totale. Là où je me réfugiais tant est maintenant devenu autre chose, quelque chose...