Arrivée tumultueuse

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Les deux politiciens, rarement d'accord sur quoi que ce soit, allaient devoir partager la même chambre, sans savoir combien de temps cette cohabitation durerait. La tension, à peine perceptible au départ, commençait lentement à monter, et tous deux en étaient parfaitement conscients. Pourtant, ils s'efforçaient de dissimuler leurs émotions, convaincus que dévoiler leurs véritables sentiments ne ferait qu'exacerber les conflits. Ils préféraient garder le silence, espérant ainsi préserver une harmonie, même fragile, entre eux.

Jamais ils n'auraient imaginé que ce voyage, initialement axé sur des enjeux politiques, prendrait une tournure aussi inattendue. Et pourtant, ils étaient encore loin de soupçonner les épreuves qui les attendaient.

Jordan ramassa ses valises qui traînaient à ses pieds et se précipita vers leur chambre, les clés en main. Son collègue, non loin derrière, le suivit avec une démarche nerveuse. Une fois arrivés devant la porte, Jordan l'ouvrit d'un geste décidé et entra, laissant échapper un soupir...

La chambre était spacieuse et lumineuse, mais cette ambiance sereine ne faisait qu'accentuer le malaise palpable entre eux. Un grand lit trônait au centre de la pièce, entouré de deux petites tables de nuit avec des lampes tamisées. Les rideaux, légèrement tirés, laissaient passer un doux rayonnement de lumière. Pourtant, toutes ces touches décoratives ne parvenaient pas à atténuer la gêne qui s'était installée.

Jordan déposa rapidement ses valises dans un coin et se détourna pour éviter le regard de son collègue, qui restait immobile à l'entrée. Ce dernier finit par faire un pas en avant, en quête d'une occupation pour rompre le silence.

J– Il faut qu'on parle, déclara-t-il enfin, en se forçant à adopter un ton aussi neutre que possible.

Jordan se retourna lentement, hésitant. Il savait que cette conversation était inévitable, mais il craignait les conséquences.

G– De quoi aimerais-tu parler ? demanda-t-il, feignant plus de désinvolture qu'il ne se sentait en réalité.

J– De notre situation... du voyage... et de tout ce qui va avec, répondit son collègue, une trace d'agacement dans la voix.

À ces mots, une nouvelle vague de tension traversa la pièce, prête à exploser à tout moment. Leurs désaccords, refoulés jusque-là, menaçaient de ressurgir avec la même force d'un volcan en dormance.

Jordan inspira profondément, tentant de rassembler ses pensées. Une chose était certaine : ce qu'ils avaient prévu de discuter lors de leur voyage allait s'avérer bien plus laborieux que prévu.

G-Je t'avoue, Jordan, que je suis trop fatigué pour discuter de tout cela. Laissons la soirée se dérouler comme elle le doit et nous verrons tout ça demain. J'espère que tout sera en ordre d'ici là.

J- Comment va-t-on faire pour séparer ce lit ?

G- Eh bien, je dois avouer que je n'y avais pas vraiment réfléchi...

J- Qu'est-ce que tu proposes alors ?

Jordan se redressa, scrutant Gabriel avec une expression hésitante.

G- Euh... Peut-être qu'on pourrait... séparer le lit avec des coussins ? Je n'ai pas d'autre idée...

J- Non, c'est bon, ça ira, répondit-il distraitement. J'irai dormir sur le canapé en face...

Il murmura ces mots, essayant de dissimuler son malaise, tout comme celui de Gabriel.

J- Voici notre chambre. Espérons qu'elle soit confortable malgré les circonstances.

G- Je n'en attends pas moins. Au moins, nous pourrons nous reposer un peu avant de voir ce que la suite nous réserve.

J- Oui, mais en attendant, j'ai vraiment faim. 

Dit-il en se tenant le ventre qui gargouillait. Gabriel réprima un rire nerveux et jeta un coup d'œil à sa montre.

G- Rangeons nos affaires, puis nous irons dîner, d'accord ?

Jordan acquiesça, trouvant la situation plutôt étrange. Il était surprenant qu'ils abordent ce sujet dans un moment aussi particulier, mais pour l'instant, le courant semblait bien passer entre eux.

Chacun d'eux commença à ranger ses affaires : les vêtements pliés avec soin dans les armoires, les produits d'hygiène soigneusement disposés sur le rebord de la salle de bains. Bien que la chambre fût conçue pour une personne, ils trouvèrent une astuce ingénieuse pour partager l'espace et optimiser leur organisation. Après tout, avec seulement trois jours de vêtements à gérer, ce défi était tout à fait surmontable.

Au bout de trente minutes de rangement, Jordan, fatigué, lâcha prise et s'effondra sur le lit, un soupir de soulagement s'échappant de ses lèvres. De son côté, Gabriel choisit de s'installer sur un petit fauteuil en velours bleu, observant la pièce avec un sourire amusé.

Il se reposèrent quelques minutes.

Gabriel eut une pensée étrange en se remémorant les nuits passées avec Stéphane. Cela le déstabilisait. D'un geste, il tenta de chasser ces souvenirs de son esprit. Il avait effacé son existence ainsi que la mélancolie de leur rupture, survenue après ces dernières heures imprévues. Pourtant, l'absence de Stéphane lui pesait toujours, et il aurait tant désiré être lové dans ses bras plutôt que coincé dans cette maudite chambre avec Bardella.

Jordan remarqua qu'Attal avait l'air dans le brouillard. Il l'interpella alors : 

J- Hé, tout va bien ? Tu sembles perdu dans tes pensées.

Gabriel, en entendant cela, lâcha une petite larme de crocodile et l'essuya rapidement avec sa main avant de répondre :

G- Oui, ça va... enfin, je pense. Juste un peu fatigué, c'est tout.

Jordan, sourit compréhensif. Il remarqua avec une certaine surprise que les gestes de son collègue étaient empreints de douceur et de tendresse.

Avant qu'il ait eu le temps de répondre, son téléphone vibra dans sa poche. C'était un appel de Marine. Il hésita un moment, puis décida de décrocher. Se levant de son lit, il fit signe à Gabriel de choisir un endroit où manger, tout en lui montrant l'écran de son téléphone pour lui faire comprendre que c'était Marine qui appelait.

Il se dirigea vers la spacieuse salle de bain de la suite nuptiale, à la recherche d'un peu plus d'intimité. Une fois à l'intérieur, il décrocha le combiné.

J- Bonsoir, Marine.

M- Jordan ? Ça va ? Le chauffeur vient de m'appeler ; vous êtes coincés ? Tu veux que je vienne vous aider ? 

J- Marine, ne t'inquiète pas, tout va bien. Oui, le chauffeur nous a laissés, mais nous sommes tombés sur un hôtel 5 étoiles.

M- Tant mieux. Mais penses- tu que tu vas réussir à supporter Attal ?

J- Je ne sais pas encore, mais pour l'instant, l'atmosphère est plutôt supportable.

M- D'accord, je te fais confiance pour éviter les conflits. Et surtout fait attention a toi. Bonne soirée. 

J- Oui t'en fait pas Marine. Merci toi aussi. 

Ensuite, Jordan raccrocha en soupirant. Il est adulte, il sait se débrouiller et se contrôler. Il se dirigea vers Gabriel, qui l'attendait avec une expression d'impatience.

Gabriel lui dit :

G- J'ai trouvé un restaurant et réservé pour 20h30. C'est plutôt chic, donc je pense qu'on devrait aller se doucher, on est trempés.

J- Ouais, tu as raison.  

Les deux bruns étaient enfin prêts et pouvaient se rendre au restaurant, où une table les attendait, réservée pour 20h30. Ils échangèrent un regard impatients et pleins d'excitation à l'idée de savourer un bon repas. L'anticipation se lisait sur leurs visages, et une légère impatience commençait à se faire sentir.

Affaire Secrète - Bardella  X AttalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant