Ma Douce Ombre (Tomes 1 et 2)

Chapitre 35

Ava

Ces mots, ces petits mots...

Qu'il a laissé imprégner dans mon cerveau comme un torrent de douleur.

Ils s'incrustent dans ma tête, comme des éclats de verre plantés dans ma chair. Depuis hier, ils tournent en boucle, s'entremêlent avec mes pensées, m'empoisonnent.

Ruben sait tout, absolument tout de notre plan. Il connaît chacune de nos stratégies, chaque détail, chaque mouvement que nous avons prévu.

Mais s'il n'y avait que ça...

Je l'entend encore. Son souffle chaud contre ma peau. Ses menaces... Ses aveux...

Je ne dois rien dire. Pas maintenant. Ce n'est pas le moment.

Je suis tiraillée entre la réalité, le cauchemar, la douleur, la peur et la haine.

Je suis assise dans le salon, le regard perdu.

Logan est parti depuis plus de deux heures, emporté par sa colère. John l'a suivi, probablement pour s'assurer qu'il ne fasse pas une connerie. Jenny est assise en face de moi, son visage inquiet, et elle me fixe sans rien dire, à part quelques murmures apaisants. Je sais qu'elle attend que je parle, que je lui dise enfin ce qui se passe, mais je n'y arrive pas. J'ai peur... tellement peur de ce qui pourrait arriver si je dis la vérité.

– Ava... souffle-t-elle, doucement. Tu sais que tu peux tout me dire, non ? Je suis là, quoi qu'il arrive.

Je secoue la tête, incapable de répondre. Ma gorge se serre, mes yeux me piquent, mais je ne veux pas craquer. Pas encore. Jenny soupire et s'approche un peu plus, en posant sa main sur la mienne.

– Je sais que tu as peur, je le vois, continue-t-elle. Je ne sais pas ce qu'il t'a dit, Ava, mais tu m'inquiète beaucoup...

Elle soupire à nouveau, mais je sens qu'elle comprend. Elle sait que je ne parle pas par choix, mais par nécessité.

– D'accord... Prends ton temps, Ava. Mais sache qu'on est là et on ne te laissera pas tomber.

Je hoche la tête, tentant de retenir mes larmes. J'entends une notification sur le téléphone de Jenny, et elle jette un œil rapide.

– C'est Logan, dit-elle. Ils vont rentrer bientôt...

Mon cœur se serre encore plus à l'idée de le voir. Comment vais-je pouvoir le regarder en face, après ce que Ruben m'a dit ?

Jenny me scrute du regard, essayant de lire sur mon visage ce que je ne dis pas. Je détourne les yeux, incapable de soutenir son regard. Je me sens submergée par le poids de tout ce que je porte, et pourtant, je sais que je dois encore tenir, encore un peu.

– Je n'y arriverai pas, Jen...

Les larmes coulent sans effort sur mes joues, impossible de les contenir plus longtemps.

Elle se penche un peu plus près, ses yeux brillent de compassion et de douceur.

– Ava... tu dois parler, murmure-t-elle avec insistance.

Je me redresse soudainement, mes mains tremblent légèrement.

– Non, Jenny ! Tu ne saisis pas... Personne ne peut comprendre... C'est... c'est trop horrible, balbutié-je, la voix brisée.

Ses yeux se froncent légèrement. Je détourne le regard, mes pensées tourbillonnent dans ma tête.

– Je ne peux pas t'aider si tu ne me dis rien, Ava... On est là pour t'aider, John, Logan...