Chapitre 2

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Léa n'avait pas fermé l'œil de la nuit. Des pensées tourmentées, des images qui revenaient en boucle... La veille, la rencontre avec Jay l'avait plongée dans un tourbillon d'émotions qu'elle n'avait pas anticipé. Dix ans sans nouvelles, et voilà qu'il réapparaissait dans sa vie, comme un fantôme du passé, avec cette même intensité qui l'avait caractérisée autrefois. Comment était-ce possible qu'elle ne l'ait jamais revu, sachant qu'il travaillait dans la police ? Cette question la déstabilisait, mais elle savait qu'elle n'obtiendrait aucune réponse si elle n'osait pas affronter ses peurs.Ne voulant pas réveiller Hayden, qui était en repos ce jour-là, Léa décida de partir plus tôt et de se réfugier chez Joe's pour boire un café. Elle espérait que la chaleur de la tasse entre ses mains et le bruit familier de la machine à café l'apaiseraient, mais elle sentait déjà que sa journée allait être longue et semée d'embûches.

De son côté, Jay n'avait pas mieux dormi. Le souvenir de Léa était encore présent, une douleur sourde qu'il n'avait pas su évacuer. Les événements de la veille lui tournaient dans la tête, et il savait que la journée serait difficile à affronter. Décidant de se rendre chez Joe's pour un café, il espérait que l'odeur du café fraîchement préparé et la chaleur du lieu lui offriraient un peu de réconfort. En entrant, il remarqua tout de suite Léa, assise à la première banquette. Elle semblait perdue dans ses pensées, une tasse de café fumant devant elle. Il hésita, son cœur battant la chamade. Puis, il se résigna, se dirigeant vers le comptoir.

Joe : Jay ! Bonjour, comment ça va ce matin ? 

Jay : Un peu fatigué... Je n'ai pas bien dormi. 

 Joe : Ah, ça ira mieux ce soir, tu verras. 

Jay : J'espère.

Joe lui lança un sourire réconfortant avant de lui poser la question habituelle.

Joe : Tu veux ton cappuccino et un croissant comme d'habitude ? 

Jay : Oui, mais... pourrais-tu rajouter une meringue, s'il te plaît ? 

Joe : Bien sûr.

Jay paya en silence, s'assit au comptoir et attendit son café. Il sortit une serviette et y écrivit un message en hâte, le regard fixé sur Léa. Quand Joe lui apporta sa commande, Jay le regarda d'un air sérieux.

Jay : Joe, est-ce que tu pourrais faire une faveur ?

 Joe : Bien sûr, dis-moi. 

 Jay : Pourrais-tu aller poser cette assiette à la table de la jeune femme à la première banquette ?  De ma part.

Joe lui lança un regard étonné, mais acquiesça. Il s'approcha de Léa avec l'assiette, la déposa devant elle en disant :

Joe : Ce n'est pas de moi, c'est quelqu'un d'autre qui te l'offre. Au comptoir.

Léa leva les yeux, surprise. Elle fixa l'assiette, puis tourna le regard vers Jay, qui la regardait silencieusement depuis le comptoir. Elle se sentit figée, paralysée par l'émotion. Joe, voyant sa gêne, tenta de la rassurer.

Joe : Ne t'en fais pas, je le connais. Il est... réglo.

Léa déglutit difficilement en remarquant le mot écrit sur la serviette. "Léa, je veux juste te parler. Je n'ai pas arrêté de te chercher toutes ces années, alors maintenant que je te vois, je t'en prie, explique-moi pourquoi tu as disparu. Donne-moi les raisons qui t'ont poussée à fuir." Ces mots la frappèrent en plein cœur, comme un coup de poignard dans un passé qu'elle avait soigneusement enterré.Elle se leva précipitamment, le souffle court, mais son corps refusait de lui obéir. Elle voulait partir, mais ses jambes restaient ancrées au sol, comme si le poids du passé l'en empêchait. Un coup de téléphone la tira de sa torpeur. Elle lut rapidement le message, se sentant soudainement submergée par l'urgence de la situation.

Léa : Je dois y aller, dit-elle, après avoir rapidement lu le message.

Elle attrapa ses affaires et s'éloigna, les yeux baissés.Joe récupéra l'assiette et retourna vers Jay, qui avait l'air un peu déçu, mais surtout triste.

Joe : Ne le prends pas personnellement, Léa est... un peu distante avec tous les hommes. 

 Jay : Ce n'est pas ça. Je ne veux pas la forcer, je veux juste comprendre. Je pensais qu'un geste simple, comme une meringue, pourrait l'aider à s'ouvrir.

À ce moment, Erin entra dans le café, et Jay se leva rapidement pour la rejoindre. Avant de partir, il se tourna vers Joe, visiblement perturbé.

Jay : Elle vient souvent ici ?

Joe : il y a des périodes, je lui donnerais la merringue ce soir 

 Jay : Tu la connais bien ? 

Joe : Bien sûr, c'est ma fille.

Les mots de Joe frappèrent Jay comme une gifle. Il se figea un instant, choqué. Léa était sa fille ? Il ne s'y attendait pas. Il esquissa un signe de tête et s'éloigna, ne sachant plus quoi dire.La journée de Léa passa plus vite que prévu, malgré la fatigue. Dix minutes avant de terminer son service, une urgence survint, et elle dut se charger d'un cas de dernière minute. Cela la poussa à se rendre directement chez ses parents, sans même passer par chez elle pour se changer. En arrivant chez ses parents, elle s'excusa d'être en retard.

Léa : Désolée, je suis un peu en retard. 

Joe : Ne t'en fais pas. Ta mère arrive dans une heure. En attendant, on peut prendre l'apéro. Qu'est-ce que je vous remonte ? 

 Léa : Je te fais confiance.

Joe : Tu ne l'as pas pris ce matin, dit il en lui tendant le sachet avant d'aller chercher les boissons 

Léa ouvrit le sachet, et en voyant la meringue à l'intérieur, un poids se leva légèrement de son cœur. Cela lui rappela tellement de choses. Hayden, qui observait la scène, se pencha un peu plus près.

Hayden : Tu déjeunes chez papa maintenant ? 

Léa : Non, c'est Jay qui me l'a offerte... avec un petit mot. Il veut qu'on parle. 

 Hayden : Pourquoi tu ne le fais pas ? 

 Léa : Tu sais très bien pourquoi. 

 Hayden : Je suis sûr qu'il comprendra. 

Léa : Moi, je ne suis pas sûre.

Elle détourna le regard, visiblement mal à l'aise. Hayden insista, avec cette bienveillance qu'il avait toujours eu pour elle.

Hayden : Léa, il t'a payé une meringue. C'est ton dessert préféré. 

Léa : Il me connaît bien... On était proches quand on... (Elle s'arrête brusquement, le visage devenu pâle.)

Hayden : Appelle-le, Léa. Ce n'est pas si difficile.

Elle secoua la tête, les yeux brillants d'hésitation.

Léa : Je ne peux pas.

 Hayden : Tu veux que je le fasse pour toi ?

 Léa : Non, c'est à moi de le faire.

Pour toujoursWhere stories live. Discover now