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La file était interminable, et le silence pesait lourd sur les enfants qui attendaient leur tour. Les frères et sœurs se tenaient la main, cherchant du réconfort dans cette épreuve. Un des quatre trains venait de partir pour « Shelter », un camp soi-disant sécurisé, destiné aux enfants qui, comme nous, fuyaient la guerre. Une guerre mondiale, éclatée sans raison apparente, qui avait bouleversé nos vies. Deux mille enfants, âgés de 5 à 18 ans, avaient été sélectionnés pour ce camp, dans l'espoir qu'un jour, une fois la guerre terminée, nous puissions reconstruire l'humanité.La file avançait lentement, et je sentais mon tour approcher. Plus loin, des parents pleuraient, refusant de se séparer de leurs enfants. Je comprenais leur douleur, cette sensation d'être arraché à ceux qu'on aime. Cette famille paraissait si unie, si belle... C'était injuste de les détruire ainsi. Mais nous savions tous que c'était pour notre bien, même si le sacrifice était immense.
Mon regard fut attiré par un petit garçon, en pleurs, debout au milieu du sentier. Sans hésiter, je sortis de la file pour le rejoindre et le prendre dans mes bras.
"Shhht... Qu'est-ce qui ne va pas ? Pourquoi tu pleures ?" lui demandai-je doucement.
"Je... J'ai perdu mon grand frère," sanglota-t-il.
"Il est parti sans moi... Il y avait tellement de monde, et je l'ai perdu de vue. Puis, je l'ai vu monter dans un train, mais... je n'ai pas pu le rejoindre, il était déjà parti."
Mon cœur se serra en l'entendant. "Oh, mon pauvre chou... Comment tu t'appelles ?"
"O... Owen."
"Très bien, Owen. Tu vas rester avec moi. Je t'aiderai à retrouver ton grand frère, d'accord ?"
"Oui..."
Je le collai un peu plus fort contre moi. À son âge, se retrouver seul dans une telle situation était impensable. J'étais déterminée à l'aider.
"Suivant !" appela la personne qui enregistrait les noms, me tirant de mes pensées.
"Nom, prénom, âge !" demanda-t-il"Malia Hervieu, 15 ans."
"Et ce petit bout de chou avec toi, c'est qui ?" continua-t-il en désignant Owen.
"Hum... C'est mon petit frère," mentis-je sans hésiter.
"D'accord, pareil. Nom, prénom, âge."
"J'ai cinq ans et... je m'appelle Owen Trépa..."
"Hervieu," le coupai-je rapidement. "Owen Hervieu."L'homme hocha la tête, notant les informations avant de nous tendre des autocollants avec des numéros. "Collez ça sur votre pull. Vous pouvez monter dans le train."
Le numéro 1801 était inscrit sur mon autocollant, tandis qu'Owen portait le 1256. Ensemble, nous montâmes dans le wagon. Je pris place à côté d'un garçon de mon âge, en installant Owen sur mes genoux.
"Salut, moi c'est Vallis," se présenta le garçon avec un sourire.
"Malia," répondis-je, tentant de cacher mon anxiété.
Il jeta un regard attendri vers Owen. "Il est mignon. C'est ton frère ?"
"Pas vraiment... Je l'ai trouvé tout seul. Il a perdu son grand frère, alors je lui ai promis de l'aider à le retrouver."
"Et tu as le droit de faire ça ?"
"Probablement pas. Mais je n'allais pas le laisser tout seul, il n'a que cinq ans."
Vallis acquiesça. "Je comprends. J'aurais fait pareil."
C'est alors qu'une femme grande et imposante, avec un bandage noir sur l'œil, fit irruption dans le wagon. Son regard sévère parcourut les rangs avant qu'elle ne crie : "J'AIMERAIS UN PEU DE SILENCE !"
Elle s'identifia comme Madame John et nous expliqua ce qui nous attendait à Shelter. Les règles étaient strictes : couvre-feu de 22h00 à 07h00, interdiction de contacter nos parents, et une alimentation contrôlée distribuée par des tubes reliés au centre du camp.
Elle ajouta enfin, d'une voix plus douce mais tout aussi ferme : "La règle la plus importante... Amusez-vous et oubliez qu'il y a la guerre."
"Une dernière chose, il y a un bouton sur votre matricule qui permet de voir le numéro de votre cabane. Vous serez seul ou a plusieurs en fonction de vos liens. Les frère et sœur, ensemble et si vous êtes tout seul... vous resterez tout seul."
Je consultai le numéro de notre abri, soulagée de voir qu'Owen et moi serions ensemble dans la cabane 79. Vallis, lui, avait la cabane 80, juste à côté.
"Waouh, le 79, c'est mon chiffre préféré," s'exclama Owen, son enthousiasme réchauffant un peu l'atmosphère.
"On dirait qu'on sera voisins," dit Vallis avec un sourire. "On va devoir se supporter même après le trajet."
Je ris doucement, malgré la tension ambiante. "Tu dis ça comme si c'était une corvée."
"SILENCE !" hurla Madame John, exaspérée. "Ne me coupez pas quand je parle !" Elle nous lança un dernier regard sévère avant de soupirer et d'ajouter, presque agacée : "Enfin, peu importe, j'ai fini de toute façon." Elle pivota sur ses talons et quitta le wagon d'un pas lourd, disparaissant par la porte d'où elle était venue.
Le train se mit en marche, et au fur et à mesure que nous nous éloignions, les paysages défilaient rapidement par la fenêtre. Le bruit monotone des rails et le léger balancement du wagon semblaient endormir certains enfants, tandis que d'autres, comme moi, restaient vigilants, observant chaque détail.
"Je me demande ce que sera Shelter," murmura Vallis, brisant le silence. Il regardait par la fenêtre, mais son esprit semblait ailleurs.
"Ça sonne comme un endroit où on doit se plier aux règles," répondis-je doucement. "Mais il doit y avoir plus que ça. Un endroit pour 2000 enfants... C'est énorme."
Owen leva les yeux vers moi. "Tu crois qu'on va vraiment être en sécurité là-bas ?"
Je voulais lui répondre quelque chose de rassurant, mais la vérité était que je n'en savais rien. "Je l'espère, Owen. On doit rester ensemble, quoi qu'il arrive."
Le train continuait son chemin, traversant des tunnels sombres et des paysages dévastés. De temps en temps, on pouvait apercevoir des ruines de villes, des bâtiments effondrés et des routes désertes, témoins silencieux de la guerre qui ravageait le monde.
Soudain, le train freina brusquement, provoquant une onde de choc parmi les passagers. Madame John arriva rapidement, sa grande silhouette imposante se dressant au milieu du wagon.
"Nous approchons de Shelter," annonça-t-elle. "Préparez-vous à descendre. Vous suivrez les instructions des soldats qui seront là pour vous accueillir. N'oubliez pas vos numéros de cabane."
Le train ralentit encore, et bientôt, il s'arrêta complètement. Les portes s'ouvrirent dans un grincement métallique, révélant un quai entouré de barbelés et de gardes armés. L'atmosphère était sombre, presque oppressante.
"On y va," murmurai-je à Owen en le prenant par la main.
Vallis se leva aussi, ajustant son sac sur ses épaules. "Reste près de moi," dit-il, son ton sérieux pour la première fois depuis qu'on avait fait connaissance.
Ensemble, nous descendîmes du train et fûmes immédiatement accueillis par un homme en uniforme gris, un visage strict qui nous ordonna de nous aligner. Les soldats nous encadrèrent, nous dirigeant vers un grand portail en fer où était inscrit en lettres froides et imposantes : "SHELTER."
Les enfants avançaient en silence, la peur visible dans leurs yeux. Je serrai la main d'Owen un peu plus fort. Devant nous, l'entrée de Shelter ressemblait plus à une prison qu'à un refuge. Des haut-parleurs crachèrent un message monotone : "Bienvenue à Shelter. Vous êtes maintenant sous notre protection."
"Ça va aller," murmurai-je à Owen, mais mes mots sonnaient creux même pour moi. Qu'est-ce qui nous attendait derrière ces murs ?
Seuls les jours à venir allaient nous le révéler.
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Au-delà des murs de Shelter
Science FictionDans un monde dévasté par une guerre mondiale, Malia, 15 ans, est envoyée dans un camp pour enfants appelé "Shelter". Sur le chemin, elle rencontre Owen, un garçon de cinq ans séparé de son frère, et prétend qu'il est son petit frère pour le protége...