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Le portail se referma derrière nous avec un léger grincement. J'observa le paysage, surprise par ce que je voyais.Au lieu de l'atmosphère oppressante à laquelle je m'étais préparée, un doux parfum de bois et de feu de camp flottait dans l'air. À ma grande surprise, Shelter ressemblait davantage à un camping d'été qu'à un camp de réfugiés. Des cabanes en bois peintes aux couleurs de l'arc-en-ciel étaient disposées en cercle autour de petites clairières. Des bancs, des tables de pique-nique et même quelques balançoires occupaient ces espaces ouverts et les chemins bordés de fleurs sauvages étaient animés par le chant des oiseaux.
Nous étions tous choqués par ce changement de paysage si soudain : passer des ruines à un véritable paradis en quelques instants semblait irréel. Les cendres de nos vies passées avaient laissé place à ce havre de paix inattendu, presque trop beau pour être vrai. C'était comme si le monde avait décidé de nous offrir une seconde chance, une oasis au milieu du désert.
"Regarde, Owen," dis-je en désignant les cabanes colorées. "C'est plutôt joli, non ?"
Ses yeux, auparavant empreints d'inquiétude, s'illuminèrent. "On dirait un parc !"
Nous continuâmes à marcher à travers le camp, et à chaque pas, je sentais mes craintes s'évaporer. Des enfants couraient dans tous les sens, certains jouaient au ballon tandis que d'autres discutaient joyeusement sur les bancs. Un groupe s'était rassemblé près d'un feu de camp, écoutant un soldat qui racontait des histoires, faisant éclater de rire les plus jeunes.
"Je vous laisse une heure a tous pour trouver votre cabane et ranger vos affaires, une fois se délais passé, rendez-vous au dôme" Dis madame John en désignant du doigt un immense bâtiment de verre en forme de coupole.
Je levai les yeux pour observer le "dôme". Ce bâtiment central semblait être le cœur de Shelter.
Owen me saisit la main et se mit à sautiller d'excitation. "On va chercher notre cabane ?"
"D'accord, d'accord," répondis-je en riant, amusée par son impatience qui grandissait à vue d'œil
Nous nous dirigeâmes vers la zone des cabanes, guidés par les numéros inscrits sur les portes. Le chemin qui y menait était bordé de lampes accrochées à des arbres, ajoutant une touche de féerie à l'endroit.
En arrivant devant la cabane numéro 79, Owen lâcha ma main pour courir jusqu'à la porte. "C'est ici ! On est arrivés !" s'exclama-t-il en ouvrant la porte d'un geste théâtral. L'intérieur de la cabane était simple mais accueillant : deux lits superposés, une petite table en bois et une armoire, tout était soigneusement rangé. Des fenêtres encadraient la pièce, laissant entrer une lumière douce.
Je déposai mon sac sur le lit du bas et aidai Owen à ranger ses affaires dans l'armoire. "Je veux dormir en haut !" déclara-t-il, grimpant déjà l'échelle du lit superposé.
"Très bien, c'est à toi," dis-je en souriant. "Mais si tu as peur la nuit, n'hésite pas à descendre, d'accord ?"
"Promis !" répondit-il avant de se pencher pour jeter un coup d'œil par la fenêtre. "On voit les autres cabanes d'ici ! C'est comme un petit village !"
Je m'approchai de la fenêtre à mon tour, observant les enfants qui continuaient à explorer leurs nouveaux habitats. Tout semblait parfait, trop parfait...
Quelques minutes plus tard, on entendit une voix sortir d'un haut-parleur, nous rappelant l'ordre de Madame John. "Tous les résidents sont priés de se rendre au dôme dans cinq minutes. Tous les résidents au dôme, je répète..."
"Allons-y," dis-je en prenant la main d'Owen. "On ne veut pas être en retard."
Le dôme était encore plus imposant de près. Il se remplissait lentement alors que tous les enfants prenaient place. Je repérai Vallis un peu plus loin et me dirigeai vers lui avec Owen à mes côtés. Une fois assit, quelqu'un nous aborda...
"Salut ! Moi c'est Arwen ! Et toi, c'est Malia, n'est-ce pas ?" Je me tournai pour voir une fille d'environ mon âge, avec des cheveux roux ébouriffés, des tâches de rousseurs et des yeux pétillants de malice, assise juste à côté de Vallis. Elle portait un uniforme un peu trop grand pour elle, et semblait débordante d'énergie.Je fus légèrement surprise qu'elle connaisse déjà mon prénom, mais je répondis poliment. "Oui, c'est bien ça. Enchantée."
"Je suis fan, franchement ! Et tu es tellement gentille avec Owen, c'est adorable ce que tu fais pour lui. Je le sais parce que je t'ai vue tout à l'heure dans le train, et je n'ai pas pu m'empêcher d'écouter votre conversation.Je sentis le rouge me monter aux joues sous cette pluie de compliments inattendus. "Je fais juste de mon mieux, pour qu'il ne soit plus jamais seul".
Je vis que le dôme se remplissait de plus en plus, et les enfants prenaient place sur les chaises disposées en cercle autour d'une estrade. Madame John se tenait déjà au centre, imposante dans son uniforme, l'air sévère, prête à commencer son discours. À mes côtés, Owen serrait ma main, l'air un peu intimidé par la foule.
Arwen, elle, s'était levée pour s'assoir derrière moi, jouant avec une mèche de ses cheveux d'un air distrait. Dès que Madame John prit la parole, Arwen se pencha vers moi et chuchota à mon oreille, tout sourire.
"Dis, Malia... Pourquoi tu t'occupes vraiment d'Owen ? Ce n'est pas ton frère, non ?" demanda-t-elle innocemment.Je fronçai les sourcils. "Parce qu'il avait besoin d'aide, et je ne voulais pas le laisser tout seul," murmurai-je, un peu gênée par la question.
Arwen fit claquer sa langue d'un air faussement impressionné. "C'est gentil, vraiment... Mais tu penses qu'il t'écoutera toujours ? Les petits garçons peuvent être si imprévisibles. Parfois, ils disparaissent quand on s'y attend le moins."
Je sentis un frisson me parcourir. "De quoi tu parles ?"
"Rien, rien..." Elle sourit, puis se rassis dans le fond de sa chaise.
Madame John continuait de parler, énonçant les règles du camp avec sa voix autoritaire, mais je ne pouvais m'empêcher de me sentir mal à l'aise sous les remarques d'Arwen. Elle ferma les yeux puis reprit, plus doucement cette fois, pour que seule moi puisse l'entendre.
"Tu crois que ça va durer longtemps, ce petit jeu ? Tu sais, faire semblant que tout va bien alors qu'il y a une guerre dehors... Une guerre qui détruit tout... Peut-être même que les gens que tu connaissais, ceux que tu aimais...sont mort..." Son sourire se fit plus large, comme si elle s'amusait de mes réactions.
"Pourquoi tu dis ça ?" demandai-je, le cœur battant un peu plus vite. "De toute façon nous, on ne crains rien ici."
Elle haussa les épaules nonchalamment. "Peut-être... Ou peut-être pas. Tu ne t'ai pas encore demandé pourquoi on nous isole ici ? Pourquoi ils ne nous laissent pas contacter nos parents ?" Elle se tourna légèrement, désignant Madame John d'un petit geste du menton. "Tu crois vraiment qu'elle nous dit tout ?"
Son silence s'étira, oppressant, jusqu'à ce que son regard se pose sur Owen.
"Et lui... Qu'est-ce que tu ferais s'il lui arrivait quelque chose ? Tu serais prête à tout pour le protéger, n'est-ce pas ? Même à te sacrifier ?"
Sacrifier ?
Mais de quoi parle-t-elle ? pourquoi aurai-je besoin de me sacrifier pour protéger Owen ? Shelter est censé être l'endroit le plus sécurisé du monde.
Du moins... C'est ce qu'ils prétendent...
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Au-delà des murs de Shelter
Science-FictionDans un monde dévasté par une guerre mondiale, Malia, 15 ans, est envoyée dans un camp pour enfants appelé "Shelter". Sur le chemin, elle rencontre Owen, un garçon de cinq ans séparé de son frère, et prétend qu'il est son petit frère pour le protége...