Je l'aime. Je voudrais faire exploser la lune pour elle. Déposer chaque éclat pour en faire un piédestal. L'élever si haut qu'elle en deviendrait un nouvel astre. Rendre sa peau liliale plus resplendissante que le soleil.
Elle l'aime. Elle se plaît à le regarder, à le croiser, à savoir qu'il existe. Elle l'aime peut-être plus qu'elle ne s'aime. Alors elle lui en veut parfois. Puis elle croise ses dédaigneuses prunelles, et la flèche de Cupidon lui crève le cœur.
Alors elle l'aime, elle l'idolâtre. Elle vomit les qualités qu'elle lui invente, recouvre les âcres défauts de son fiel. L'amour rend aveugle, trois ans qu'elle garde les yeux fermés pour ne jamais oublier le sourire charmeur qu'il lui a un jour adressé.
Il courtise toutes les plus belles fleurs. La pâquerette qui lui colle aux talons, ça ne fait que l'amuser. Pourquoi s'emmerder avec l'ardente passion, quand les camélias lui poussent déjà dans la gorge ? Mais quand les autres refusent, elle reste toujours là. Elle est le dernier choix, la misérable miette quand il ne reste plus rien. Alors il laisse quelques espoirs, et les embrasent l'instant d'après.
Son seul nom est l'allégorie de la perfidie. À ses yeux, il est la créature la plus belle qu'ait faite le monde. Moi, je voudrais qu'il s'étouffe dans les rêves qu'il sème. Qu'il brûle dans les incendies qu'il allume. Mais ça ne sera probablement jamais le cas, alors j'attise ma haine en silence.
Elle me raconte leur discussion virtuelle au milieu de la nuit. Il a dit qu'il aimait ses nouvelles lunettes, qu'elle lui allait bien. Elle a dénigré ses mains, il a dit apprécier tout en elle. Mais il ne connaît rien. Ses peurs, ses problèmes, les cris qu'elle étouffe. Moi j'en entends quelques murmures, parce que c'est dur de parler d'elle.
Il ne sait qu'un millième de ce qu'elle aime. Elle adore lire. Défendre ses valeurs, les femmes et leur honneur. Parler d'amour, comme si elle ne pouvait pas vivre sans. Écouter en boucle "Not Allowed". Écrire des poèmes à l'encre de ses rêves. Des poèmes qui parlent de lui. Elle m'en lit tous les jours. Ils sont si beaux, pour une personne si laide. Bordel, que j'aimerais qu'il disparaisse.
Je le déteste tellement. Je déteste son sourire moqueur, son regard trompeur. Le voir parler avec elle, lui inventer de jolies histoires pour la faire croire. Qu'il aille se faire foutre avec les espérances qu'il lui crache !
Il me fout tellement la haine, que je me pose des questions. Elle lui rédige des poèmes, lui façonne des couronnes avec des pâquerettes. Qu'il ne s'était pas gêné à jeter par terre. Moi je l'ai ramassée, je l'ai caché dans mon casier parce que je ne voulais pas qu'elle le voit. Si elle me l'avait offerte à moi, je l'aurais gardé même après qu'elle ait fané. Pourquoi pas moi ?
Enfin moi, j'ai pu danser avec elle. Un joli slow, le soir du bal de fin d'année de collège. J'étais raide comme une planche, les muscles rouillés comme un vieux appareil. Mais moi, elle m'a emmené danser. Et c'était beau. C'était vrai. On tournait sous les stroboscopes, on soulevait la nappe de fumée artificielle. Elle chantait à tue-tête la musique que je ne connaissais pas, mais qu'elle avait choisie. J'aurais donné tout ce que je n'avais pas pour que ça ne finisse jamais.
Peut-être que je l'aime. Passionnellement. Moi aussi, je veux qu'elle m'écrive des poèmes. Qu'elle m'offre des couronnes de pâquerette. Qu'elle récite à ses amies les compliments que je lui fais. Qu'elle pense à moi, comme elle pense à lui. Qu'elle l'oublie, parce que moi je me moquerai pas d'elle comme il le fait. Je la blesserai jamais.
Peut-être que je me trompe, que je l'aime juste comme ma meilleure amie. Moi je m'y connais pas en amour. J'ai regardé des films à l'eau rose quelques fois, lue des bouquins romantiques. Les scénarios, je sais bien que ce n'est pas la vraie vie. C'est plus joli. Et puis ça donne envie.
— Aρσ∂ιѕ
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𝑨𝒑𝒐𝒅𝒊𝒔 || ᶰᵉᵘʳᵒˢᶤˢ
RandomApodis. Tout juste 15 ans. Ecrit ce qu'elle comprend. En somme, rien d'important. [!Do not copy, use or translate without my consent!] [Ni début, ni fin. J'écrirais quand Apodis me le demandera.]