J'ai peur de parler aux autres. Peur de les voir, non plutôt qu'ils me voient. Peut-être peur d'exister.
Aujourd'hui, mon père a proposé à un gamin de mon âge d'aller se promener au village. Ça m'aurait permis de sociabiliser avec les autres enfants. Quand il m'en a parlé, j'ai juste eu envie de disparaître.
Ça m'a fait mal au cœur, comme si on écrasait ma poitrine avec le poids d'une baleine. Mais elle n'a pas explosé, comme pour me faire souffrir davantage. Ça m'a fait mal à la gorge, comme si on me pendait à un chêne. Mais je n'ai pas arrêté de respirer, comme pour me faire croire que le fin filet d'oxygène pourrait encore me garder en vie.
Pourtant, il ne s'est absolument rien passer. Tout n'a toujours été que dans ma tête. Les pensées étouffantes, c'était elles qui me prenait à la gorge. Qui m'écrasait. Pas les autres.
De quoi ai-je peur au fond ? Je ne sais pas vraiment. Quand j'imagine parler à quelqu'un, je me demande ce qu'il penserait de moi, maintenant. Ma façon, de parler n'est-elle pas étrange ? Mon apparence, n'est-elle pas repoussante ? Ne suis-je pas trop émotive ? Trop froide ?
En fait, j'ai peur de ne pas plaire. On s'en prend à ce qui ne nous plaît pas. Les araignées, on les tue. Les limaces, on les fuit. On n'aime pas ce qui ne plaît pas assez. J'ai peur de ne pas plaire assez.
Dans une semaine, je rentre au lycée. Avec des centaines de personnes totalement inconnues. Et je ne sais toujours pas comment je vais faire. Si je vais même réussir à survivre si je suis seule dans une classe. C'est probablement mon pire cauchemar. Alors je m'étais promis d'essayer de devenir plus sociable pendant les grandes vacances.
Maintenant, je me dis que j'ai encore le temps. Que je changerai du jour au lendemain, mais pas maintenant.
— Aρσ∂ιѕ
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𝑨𝒑𝒐𝒅𝒊𝒔 || ᶰᵉᵘʳᵒˢᶤˢ
RastgeleApodis. Tout juste 15 ans. Ecrit ce qu'elle comprend. En somme, rien d'important. [!Do not copy, use or translate without my consent!] [Ni début, ni fin. J'écrirais quand Apodis me le demandera.]