𝟐𝟔/𝟎𝟗/𝟐𝟒

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          Actuellement, je marche en direction du lycée. Mais il y a cinq minutes, j'étais encore chez moi.

          Quand j'étais en train de mettre mes chaussures en me disant : "Encore une nouvelle journée qui commence !" J'ai eu terriblement envie de pleurer. En fait, je crois que ça fait depuis 6h du matin que je stresse, et fallait que ça tombe.

          Je suis restée debout longtemps, en me demandant ce qui n'allait pas chez moi. Pourquoi je détestais autant aller au lycée. Franchement, je suis vraiment ingrate. Il y a des gens qui saigneraient pour avoir un minimum d'éducation, et moi je la fuis. J'ai même pas de raison factuelle, c'est juste moi et mes pensées obsessionnelles et terriblement anxiogènes. Ça coule de mon cerveau, ça corrode ma gorge, dégouline dans mon œsophage, et vient brûler mes tripes. Je déteste ce sentiment. Je déteste les cours.

          Donc là actuellement, je marche. J'arrive dans une minute ou deux. Et comme j'ai peur, je me dis que je vais écrire un peu.




          On est l'après-midi, je devrais être en cours d'Espagnol. Sauf que de nouveau, j'ai paniqué. Et puis il pleuvait. J'ai pas de capuche à mon manteau, et je voulais pas ressembler à un caniche mouillé en allant en cours. Et puis l'odeur de la pluie qui sèche sur les vêtements, je déteste ça. Et j'avais Espagnol, c'est un argument suffisant. Peut-être pas.

          Tout ça pour dire, que j'ai fait semblant d'avoir mangé trop lentement, et de ne pas avoir le temps d'arriver à l'heure au lycée. Encore. J'en peux plus. J'en ai marre. À chaque fois, je me trouve une putain d'excuse. Et ça fonctionne, alors je continue. Pourtant j'avais dit que cette semaine, j'y arriverais.

          Ça fonctionne, mais ma mère s'est quand même bien énervée. Lorsque je suis retournée dans ma chambre, j'ai chialé. Longtemps. Ça m'a pas fait du bien. C'était juste désagréable.

          Je veux retourner en 3e. L'année dernière, y avait rien de tout ça. Enfin, évidemment que les cours me stressait, que ça me saoulait. Mais c'était moins violent, je crois. Et maintenant que j'y repense, j'ai l'impression que c'était la meilleure année de ma vie.

          Je me demande ce que le psy va dire. Si jamais je le vois. Même si ma mère a accepté, on n'est même pas sûr de pouvoir. Et puis j'ai vraiment besoin de parler. Alors je pense que je vais le dire à ma mère, ce soir. Ce qui se passe vraiment. Ça me fait tellement flipper...

          J'ai pensé à un truc, tout à l'heure. Quand je pleurais pour rien. Je me suis imaginé marcher jusqu'au lycée, passer un passage piéton. Et me faire percuter par une bagnole qui passait par là. En fait, ça fait plusieurs jours que j'y pense. Et puis même ces trois dernières années, je me suis déjà imaginé crever.

          Mais c'est drôle comme au fur et à mesure du temps, mon ressenti change. Au début, c'était juste une pensée tordue de mon esprit. Plus une question du genre, qu'est-ce que ça ferait ? Qui pleurerait ? Est-ce que j'irais quelque part, ou que je me réincarnerais ? J'essayais de ne pas y penser, je me dégoûtais presque.

          Et puis maintenant, je ne me pose plus toutes ces questions. L'acte me paraît juste comme le plot twist de ma vie, celui qu'il ne faudrait peut-être pas que je loupe. Mais je sais que c'est pas bien. Pas pour les quelques gens qui m'apprécient. Pas pour ma mère, qui a passé les quinze dernières années à se plier en mille pour mon petit cul. Pas pour mon père, qui peine déjà tellement à aller mieux. Pas pour ma soeur, avec qui je m'engueule tout le temps, mais à laquelle je tiens tant.

          En fait si ça tenais qu'à moi, je pense que je serais déjà six pieds sous terre depuis la quatrième. Mais ce n'est pas le cas, alors il faut juste que j'arrête d'y penser. Que je me dise que j'ai encore rien découvert. C'est vrai quoi, j'ai jamais goûté à l'amour, les chagrins de ruptures, le taff qui pousse au burn-out, les gars flippants dans le métro qui te regardent comme leur prochain repas, puis le patriarcat qui te dit : "Eh p'tite fille fragile, retourne dorloter tes gosses". Et puis encore le taff, parce que ça s'arrête jamais. Il faut l'argent pour manger, dormir et te donner une image ! C'est vrai que le clodo en bas de la rue n'a pas bonne impression dans cette société, alors toi avec ton sac Louis-Vuitton et tes Louboutin tu seras bien plus aimé !

          Qui sait, peut-être que la société m'aura crevé avant même que j'essaye.



— Aρσ∂ιѕ

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 26 ⏰

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𝑨𝒑𝒐𝒅𝒊𝒔 || ᶰᵉᵘʳᵒˢᶤˢOù les histoires vivent. Découvrez maintenant